« Je mâappelle Emma. »
- Province dâElâzı' Turquie. La petite ville de Kharpout ou
Harpourt est en ébullition depuis quelques mois. La répression contre les
Arméniens sâest intensifiée alors que les « Jeunes Turcs » parvenus au
pouvoir quelques années plus tôt avaient formulé des promesses
dâégalité et de fraternité entre tous les peuples de lâEmpire ottoman. Leur
métamorphose a été fulgurante. LâHistoire nâest jamais linéaire et sans
revers. Préoccupé par dâautres priorités le monde a détourné le regard de
ce territoire le laissant sâengager impunément dans une spirale de haine.
La Première Guerre mondiale a donné aux dirigeants du pays lâoccasion
dâappliquer leur plan pervers et funeste. Le ministre de lâIntérieur de
lâépoque Talaat Pachaavait a exploité la situation et a envoyé ce
communiqué aux cellules du parti des Jeunes Turcs : « Le gouvernement
a décidé de détruire tous les Arméniens résidant en Turquie. Il faut
mettre fin à leur existence aussi criminelles que soient les mesures Ã
prendre. Il ne faut tenir compte ni de lââge ni du sexe. Les scrupules de
conscience nâont pas leur place ici. »
Câest un jour comme les autres dans cette cité enracinée dans un
environnement aride et montagneux à 1 500 m dâaltitude. Elle est habitée
par une majorité dâArméniens qui vivent pour la plupart en bonne
entente avec les musulmans locaux comme lâa écrit le directeur^126 de
(^126) Henry Riggs - Days Of Tragedy In Armenia - Gomidas Institute.