J'irai manger des khorovadz

(nextflipdebug2) #1
J'irai manger des khorovadz

suspendue dans son dos par les lanières de la housse un grand parapluie
noir attaché sur le côté des vêtements qui pendent une serviette qui
sèche un vulgaire sac plastique en équilibre précaire sur le flanc de son
porte-bagage le tout surmonté par d’imposantes chaussures de marche...
Intrigué par le personnage et interpellé par son allure je m’arrête et nous
échangeons quelques mots en anglais. Avec son bandana sur la tête ce
Hollandais essaie tous les jours de jouer de la guitare dans la rue en
espérant conquérir l’adoubement et la générosité du public. Nous
partageons quelques instants de pédalage côte à côte. Tout à coup il
freine et me demande si j’ai de l’huile. Je ne peux qu’accéder à sa
demande face à ce sourire heureux de quelqu’un qui vit son rêve. Ce
n’était pas du luxe sa chaîne ne va pas s’en plaindre. Puis en cherchant
l’huile et en plongeant ma main dans la sacoche je sens comme un
liquide visqueux à l’intérieur. Je découvre que le fond est aussi plein
d’huile. Après avoir dépanné mon nouvel ami je vérifie le contenu de
ma sacoche en essayant de trouver l’origine de cette fuite. Ma petite
bouteille d’huile d’olive a coulé. C’est le seul récipient de récupération
que j’avais utilisé certainement trop usé ou pas adapté. J’aurais dû
choisir une bouteille vraiment hermétique. Bonne leçon. Dans ce genre
d’expédition lésiner sur l’équipement peut réserver des surprises. Des
petits détails peuvent améliorer ou affecter la vie quotidienne. Ce sont
aussi des options de budget et de poids.


En Suisse alémanique la sortie de Bâle semblait être une simple
formalité mais elle va se révéler complexe. Après avoir quitté le
Hollandais musicien je me retrouve dans une zone industrielle de
banlieue. Je perds la trace de l’Eurovélo 6 qui se dissout dans les
méandres des rues impersonnelles et disgracieuses bordées de bâtiments
sans charme. Pendant mon errance au milieu des hangars et des usines je
croise un Suisse sportif à VTT et lui demande le chemin. Il me répond
simplement : « Suis-moi! » Je m’exécute. Il me fait passer dans la forêt
proche avancer sur les petits chemins de terre et slalomer dans l’herbe
avant que les cailloux saupoudrés sur le sentier ne maltraitent mon vélo
et mon corps. Il va presque me faire regretter ma décision : mon vélo

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