J'irai manger des khorovadz

J'irai manger des khorovadz

prends conscience que courir après le temps n’est pas une obligation.
Quelques minutes de plus pour une course ou pour se rendre à un rendez-
vous et la vie ne va pas changer pour autant. De plus le biclou peut
devenir un atout majeur au bénéfice de la santé. Cela induit des choix de
comportements voire de priorités.

La suite de cette balade s’avèrera la partie la plus pittoresque et la plus
fascinante de ce long tracé serpentant sensuellement à côté du Danube
sans jamais le toucher. Petit détour à Sigmaringen en vue de jeter un
coup d’œil à la ville et à son imposant château ancienne résidence de
comtes et de princes. J’apprends qu’il a également servi de lieu d’accueil
au régime de Vichy en exil durant la Seconde Guerre mondiale. En avril
1945 l’arrivée des Alliés a mis fin à cette réquisition des Français. Un
roman^27 bien connu décrit la vie dans cette demeure historique à cette
époque.
Dans une venelle près du château je m’autorise en fin d’après-midi
une pause dans un snack en dévorant une pizza – turque cuisinée par des
Turcs. Je n’avais encore rien avalé de consistant depuis le matin. Je
cherche ensuite un lieu pour reposer mes muscles et ma monture. Je
m’informe sur les hôtels mais le coût paraît excessif. Je continue donc
mon chemin à la poursuite du répit quotidien. On croit l’atteindre mais il
se défile. Sur la route j’interroge une famille en balade qui me
recommande une chambre d’hôtes dans le prochain village la maison
« Regenbogen » (Arc-en-ciel). Je cherche sa direction et je trouve
effectivement dans le petit village de Sigmaringendorf ce lieu
multicolore – chaque chambre est habillée et ornementée d’une teinte
différente – où je m’arrête afin d’y passer la nuit. L’intention est de
pouvoir s’occuper de la lessive sécher la tente mettre à jour le blog et
accessoirement prendre une douche. Je profite des derniers rayons de
soleil qui vont absorber l’humidité de ma maison de toile avant de me
préparer à dormir dans la maison de pierre... ou plutôt d’Ingrid
l’hôtesse.

(^27) Louis-Ferdinand Céline - D’un château l’autre - Gallimard 1957.