J'irai manger des khorovadz
un signe : « vainqueur » en latin. à potron-jaquet et à lâarrivée du soleil
à 6 h 17 je me suis levé pour aller me recoucher sur mon vélo. Jâai
quitté Valence et « abandonné » pour un temps ma famille propulsé par
mon rêve et les yeux illuminés par lâaventure que je mâapprêtais à vivre.
Tous mes rêves allaient-ils se briser aujourdâhui? à lâheure où mon
corps cédait allais-je regretter ce choix?
Ce jour-là lâaventure a basculé.
Tout avait commencé le dimanche 16 janvier 2011.
Je revenais du Festival du Voyage à Vélo^1 à Paris la tête encore pleine
de récits plus époustouflants les uns que les autres. Ils avaient réveillé
lâidée dâune nouvelle aventure qui germait en moi depuis que jâavais
pénétré dans lâunivers confidentiel du vélo couché : deux ans plus tôt
environ. Fin 2009 jâétais parti deux jours reliant dans une trace
éphémère Montélier à Montpellier en dormant chez des amis et sans
équipement adéquat. Cette escapade fugace avait suscité lâenvie dâune
odyssée plus durable la quête dâhorizons improbables. Les destinations
défilaient dans ma tête. LâAfrique? LâEurope? LâAsie? Tout
mâintéressait. Le monde était à découvrir il est si vaste il est si riche il
est passionnément pluriel. Cette envie ne me quittait plus elle sâétait
invitée de manière impertinente sur la liste de mes rêves à réaliser avant
que ma carcasse ne se délite elle suscitait des désirs de rencontre de
découvertes de surprises. Il fallait lui donner corps par crainte de rater
un rendez-vous important avec ma destinée.
Rien de tel pour commencer à rendre tangible un rêve que dây
réfléchir assidûment et de se fixer des objectifs. Quelle durée? Comment
organiser une si longue absence? De quelle façon va réagir ma femme?
Beaucoup de questions sâentrechoquaient et agitaient mes neurones
jusquâà ce dimanche matin-là où tout sâest éclairé et a pris un sens
soudain.
LâArménie.
(^1) Organisé depuis plus de 30 ans par lâassociation CCI (www.cci.asso.fr).