Les Echos - 31.10.2019

(Martin Jones) #1

Les Echos Jeudi 31 octobre vendredi 1er et samedi 2 novembre 2019 ENTREPRISES// 21


COORGANISÉPAR

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Les18et19marsprochain,ces10villesrecevront le prix
Netexplo Smart CitiesAccelerator dans la prestigieuse enceinte
de l’UNESCO.Chacune,àsamanière, inventelaville de demain.
Pour la deuxième annéeconsécutive, l’UNESCOsoutientet
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professionnels décidésàprogresser ensemble.
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MAKING SENSE OF THE FUTURE •NETEXPLO.COM


18 &19m
ars

2020
UNESCOPARIS

DÉCOUVREZ LES 10 VILLES LAURÉATES 2020


Obsèques : les Français


cherchent de nouveaux repères


donné pour une inhumation, hors
caveau et concession, a progressé
de 14 % entre 2014 et 2019, pour
atteindre 3.815 euros. Celui pour
une crémation a augmenté durant
la même période de 10 %, pour un
montant de 3.986 euros. L’associa-
tion épingle le fait que le devis n’est
fourni que quatre fois sur cinq et
que, dans 65 % des cas, il n’est pas
adapté. Elle demande une simplifi-
cation du document.
Quant aux concessions, elles
voient aussi leurs tarifs grimper,
comme dans l’immobilier. Dans les
cimetières parisiens, une des très
rares places perpétuelles intra-
muros vaut 15.837 euros depuis
2018, contre 11.086 euros en 2008. A
Bagneux ou à Saint-Ouen, le ren-
chérissement a atteint 2.372 euros,
à 7.914 euros.

Mur du souvenir virtuel
Au-delà des prix, les pratiques
bougent aussi très vite. Parmi les
grandes t endances figure la hausse
continue du nombre de créma-
tions. En 2018, près de six person-
nes sur dix se disaient enclines à
adopter ce mode de funérailles
pour eux-mêmes, selon une étude
réalisée avec BVA par la Fondation
PFG. Une préférence qui aug-
mente avec l’âge.
Côté numérique, de nouvelles
habitudes commencent à se faire
sentir, notamment chez les p lus jeu-
nes, du mur du souvenir virtuel au
faire-part digital. Et une société
comme iProtego propose même
une offre de « deuil numérique »

pour clore les compte sociaux et les
boîtes e-mails.

Des cimetières plus naturels
« Notre secteur est très impacté par les
évolutions sociétales qui vont des pré-
occupations écologiques au besoin de
personnalisation, avec l’instauration
de nouveaux rituels, comme des
temps de mémoire dans les crémato-
riums bien après le décès », souligne
la déléguée générale de la Fondation
PFG, Camille Soustra. Côté environ-
nemental, un Français sur deux se
déclarait ainsi à la fin 2018 intéressé
par des urnes biodégradables ou des
cercueils écocertifiés. « Il est impor-
tant d’intégrer dans l’offre des deman-
des allant des matériaux utilisés aux

circuits courts et aux soins sans for-
mol », poursuit-elle.
Des initiatives comme le cime-
tière naturel de Niort ou le lieu
d’inhumation écologique de la Mai-
rie de Paris à Ivry-sur-Seine (Val-de-
Marne) montrent que de nouvelles
pistes se dessinent. Cette dernière a
ouvert, f in août, un site de
1.500 mètres carrés dans cette com-
mune d’Ile-de-France. Des urnes
aux cercueils, tout doit être biodé-
gradable, sans vernis, et il n’y a pas
de pierre tombale. Les vêtements
du défunt doivent même être en
fibres naturelles. L’inhumation se
fait en pleine terre. Et le coût est
moindre que pour une concession
classique.n

lLes pratiques en matière funéraire évoluent, de la hausse des crémations


aux comportements plus écologiques.


lLe public est d’autant plus en quête d’informations que les coûts progressent


bien plus vite que l’inflation.


Clotilde Briard
@ClotildeBriard


Organiser des funérailles en trou-
vant les bons interlocuteurs reste
un casse-tête pour bon nombre de
Français. Près d e six p ersonnes sur
dix ont le sentiment de ne pas avoir
un niveau de connaissances suffi-
sant pour gérer des obsèques,
selon une enquête que l’Ifop a
menée en septembre pour France-
Tombale, entreprise de marbrerie
funéraire en ligne. Même si plus
l’on avance en âge et plus l’on dis-
pose de points de repère. Les pom-
pes funèbres restent de loin le pre-
mier canal d’information, à 41 %,
devant l’entourage à 25 % et Inter-
net à 21 %.
Les Français ont intérêt à se ren-
seigner plus en amont. Car ils vont
être de plus en plus nombreux à
être confrontés à l’enterrement
d’un proche. Contrairement aux
naissances, le nombre de décès p ro-
gresse, en même temps que vieillis-
sent les enfants du baby-boom.
L’année 2018 a été u ne année
record, avec 610.000 personnes dis-
parues, selon l’Insee, soit le niveau
le plus élevé depuis la Seconde
Guerre mondiale.
L’enjeu est d’autant plus impor-
tant que les prix pratiqués ne ces-
sent de croître. Selon une enquête
tout juste dévoilée par l’UFC-Que
Choisir et menée anonymement
par ses bénévoles, le devis moyen


POMPES FUNÈBRES


population, recomposition familiale,
perte du sens religieux... –, la révolu-
tion numérique et la question de la
prévoyance nous ont convaincus de
l’inéluctable consolidation du mar-
ché », raconte Xavier Thoumieux.
« Et qui dit consolidation, dit effet
marque et effet réseau. OFG était le
seul g roupe n ational, nous avons b âti
notre plan stratégique sur l’idée sui-
vante, pourquoi pas un deuxième? »
ajoute Thierry Gisserot.

Nouvelle dimension
Le duo acquiert sur ses fonds pro-
pres une première petite société de
pompes funèbres indépendante. Il
lance une levée de fonds en 2010
pour des investisseurs institution-
nels assureurs, dont Suravenir,
filiale de Crédit Mutuel Arkea. Près
de dix ans plus tard, Funecap, qui a
racheté entre-temps Roc’Eclerc en
2015 et accueilli Charterhouse à
son c apital, compte près de
600 points de vente (dont un peu
plus de 150 franchisés Roc’Eclerc),
150 complexes funéraires et
50 crématoriums, une flotte de
près de 500 véhicules détenus en
propre, pour un chiffre d’affaires
d’environ 300 millions d’euros et
quelque 2.000 salariés.
Avec le crématorium du Père-La-
chaise, et celui du futur parc funé-
raire du square Perceval, dessiné
par l’Atelier d’architecture Vincent
Parreira, pour un investissement
de 40 millions d’euros, Funecap
prend encore une nouvelle dimen-
sion. A l’heure où, selon une note
d’analyste que « Les Echos » a pu
consulter, le groupe OGF, contrôlé
par le fonds de pension des profes-
seurs de la province de l’Ontario au
Canada, a vu son chiffre d’affaires à
la fin août baisser de 6,8 % sur un
an, et son excédent brut d’exploita-
tion de 20,7 %.n

Antoine Boudet
@ABoudet


Du jamais vu dans le monde feutré
des pompes funèbres! Une entre-
prise privée a remporté un appel
d’offres municipal. Et pas n’importe
lequel puisqu’il s’agissait de celui
lancé par la Ville de Paris pour
l’exploitation du crématorium du
Père-Lachaise. C’était avant l’été où,
face à la société publique gestion-
naire du site, le groupe Funecap a
obtenu non seulement la conces-
sion pour trente ans du seul créma-
torium parisien, mais encore la
construction et l’exploitation d’un
futur deuxième crématorium,
porte de la Villette.


Evolutions sociologiques
Une victoire plus que symbolique
pour Xavier Thoumieux et Thierry
Gisserot, associés fondateurs du
groupe Ophiliam, société d’inves-
tissement qui détient Funecap.
L’un, ancien banquier, l’autre,
ancien haut fonctionnaire, se sont
rencontrés à la fin 1998 à la Caisse
des Dépôts pour créer un fonds
PME, puis ont été ensemble asso-
ciés chez Charterhouse avant de se
lancer en 2008 pour développer
leur propre projet entrepreneurial.
C’est là qu’ils ont jeté leur dévolu sur
le secteur des pompes funèbres.
« Nous avons identifié ce marché
après avoir regardé le leader OFG et
Roc’Eclerc, la première marque en
termes de notoriété. Les évolutions
sociologiques – vieillissement de la


Le numéro deux des
pompes funèbres, derrière
le groupe OGF, a obtenu la
concession du crématorium
parisien du Père-Lachaise
et la construction d’un
deuxième dans la capitale.


Funecap réveille


le marché du funéraire


Dans les cimetières parisiens, une des très rares places perpétuelles
intra-muros vaut 15.837 euros depuis 2018. Photo Hamilton/RÉA
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