Libération - 05.11.2019

(avery) #1

Mal comprise, mal aimée, la
taxe carbone a-t-elle encore
un avenir? Pour la première
fois depuis sa création
en 2014 par le gouvernement
Ayrault, le volet écologique
du projet de loi de finances
examiné à partir de ce lundi
à l’Assemblée ne prévoit pas
sa hausse.
Passée à la postérité sous le
nom de «taxe carbone», cette
«contribution climat éner-
gie» (CCE) s’ajoute au prix du
carburant et du gaz en fonc-
tion de la quantité de di-
oxyde de carbone émise
(CO 2 ), le principal gaz à effet
de serre. Sous la pression du
mouvement des gilets jau-
nes, déclenché, entre autres,


par une augmentation de
cette CCE à l’automne der-
nier, le gouvernement avait
décidé de geler cette
hausse puis de l’abandonner
pour 2019. Ce sera donc aussi
le cas pour 2020. Pourtant,
une telle taxe est nécessaire
pour inciter gouvernements,
industriels et citoyens à agir
de manière plus respec-
tueuse de l’environnement,
pour financer la transition
vers une économie moins
carbonée, et donc pour per-
mettre à la France de respec-
ter ses engagements clima­-
tiques. Mais elle ne peut être
acceptée que si elle est socia-
lement juste et ne pèse pas
de manière disproportion-

née sur les ménages les plus
modestes.
C’est sur ce point que l’exé-
cutif a mal négocié l’affaire.
D’un montant initial de 7 eu-
ros la tonne de CO 2 , elle a été
réévaluée chaque année,
comme prévu, pour attein-
dre 44,60 euros la tonne
en 2018. La loi de transition
énergétique de 2015 pro-
grammait une trajectoire
à 56 euros en 2020, puis 100
euros en 2030. Les premières
hausses n’ont pas pesé sur le
pouvoir d’achat, car elles ont
été compensées par la baisse
des prix du pétrole. Mais en
2018, l’accélération de cette
hausse de la CCE a coïncidé
avec la remontée des prix du

brut. Cette flambée fait
grimper les prix à la pompe
et la colère citoyenne s’est
portée sur la taxe carbone.
Depuis, l’exécutif n’a pas ré-
ussi à corriger le tir et la taxe
carbone reste impopulaire.
Pourtant, des solutions exis-
tent. En septembre, le Con-
seil des prélèvements obliga-
toires suggérait que la
nouvelle taxe carbone soit
accompagnée d’un système
de compensation pour les
ménages les plus modestes,
d’une transparence sur l’uti-
lisation des recettes et qu’elle
soit élargie aux secteurs
exemptés, dont les trans-
ports aérien et maritime.
Coralie Schaub

Le gel de la taxe carbone,


un recul écologique


Griveaux et Villani :
la bataille des ­alliés
Au train où vont les choses,
il y a de bonnes chances que le prochain
­conseil de Paris soit un exceptionnel bazar.
La rivalité des deux ­candidats ­se réclamant de
la ­majorité ­présidentielle ­domine la campagne
pour les municipales. Tous deux cherchent
des alliés et flirtent avec la droite. Photo AFP

LIBÉ.FR

Violences Philippe pointe une «bande
d’imbéciles» à Chanteloup-les-Vignes

Edouard Philippe a dénoncé
lundi la flambée de violences
qui a frappé la ville de Chante-
loup-les-Vignes (Yvelines)
dans la nuit de samedi à di-
manche. «Je crois qu’en vérité
il s’agit d’une petite bande
d’imbéciles et d’irresponsables
qui pensent que tout casser est
une façon de faire avancer les
choses», a estimé le chef du
gouvernement. Pour lui, ces tensions sont «en partie liées à
l’effort très intense que nous livrons s’agissant des trafics de stu-
péfiants». La soirée de samedi a dégénéré, commençant par
des feux de poubelle et se terminant par des tirs de cocktails
Molotov et de mortiers dans le quartier sensible de la Noé. Un
chapiteau, école de cirque, centre d’activités et bâtiment cul-
turel emblématique de la ville, a été réduit en cendres. La
Compagnie des contraires, qui le gérait, a lancé un appel aux
dons pour racheter des équipements pour les enfants. Le cha-
piteau, lui, sera «reconstruit dans moins d’un an», a promis
le président du département. Mardi matin, les ministres de
l’Intérieur, de la Justice et de la Cohésion des territoires doi-
vent se rendront à Chanteloup. Lundi après-midi, le parquet
de Versailles a ouvert une information judiciaire. Photo AFP

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et numérique


SAMEDI 9 NOVEMBRE


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Fin de trêve de la Toussaint
oblige, la campagne des
municipales à Paris a repris
dès dimanche. Sur Twitter,
Sylvain Maillard, le porte-
parole de Benjamin Gri-
veaux a moqué une idée de
la mairie de Paris : créer une
coopérative municipale
pour racheter des terres
agricoles d’Ile-de-France et,
ainsi, permettre à Paris de
produire ses propres den-
rées alimentaires. Relayant
un article du Point
titré «Quand Anne
Hidalgo réinvente
le s ovkhoz e »,
Maillard a ajouté sa patte :
«Anne Hidalgo, c’est le ­soviet
suprême! Dans la même se-
maine, elle veut créer un gi-
gantesque sovkhoze pour
nourrir Paris et promet le
goulag aux ­conducteurs
de voitures électriques»,
écrit-il, voyant dans cette
mesure une conséquence
de «l’alliance» entre Hi-
dalgo et les communistes.
Le terme «sovkhoze» ren-
voie à la période soviétique,
du nom de ces fermes
­créées par l’expropriation
des fermiers russes sous
Staline. Quant au mot
«goulag», il se passe de


commentaire... Chez Hi-
dalgo la riposte a été grou-
pée. «La bonne vieille droite
de retour... Il manquait les
chars russes sur le parvis de
l’hôtel de ville», ironise
­Emmanuel Grégoire, son
premier adjoint.
Maillard a, depuis, sup-
primé son message : «J’ai
trouvé la réaction coordon-
née de Grégoire et de ses
acolytes un peu ridicule. Et
puis un ami m’a dit qu’il
était gêné par
l’utilisation du
mot “goulag”.» Du
côté de Griveaux,
on assure ne rien avoir de-
mandé au porte-parole.
Pour le candidat LREM, le
sujet n’est pas dans le tweet,
qu’il a découvert dimanche
soir en riant, mais dans la
proposition. «Je ne suis pas
sûr que ce soit le bon signal
à envoyer que des bobos pa-
risiens achètent des terres
agricoles pour s’en occuper
parce que les pauvres pay-
sans n’y arriveraient pas.
Ça a un côté un peu mépri-
sant», explique Griveaux,
qui s’y connaît, lui que ses
adversaires taxent aussi de
«méprisant».
Sylvain Chazot

«Soviet suprême» :


LREM tacle Hidalgo


SNCF Le trafic
reprend, table
ronde mercredi
Neuf TGV sur dix circuleront
cette semaine sur l’axe Atlan-
tique alors que le travail a re-
pris «normalement» au cen-
tre de maintenance de ces
trains, touché par plusieurs
jours de grève depuis le 21 oc-
tobre, a confirmé lundi la
SNCF. Selon la direction, «la
grève est complètement finie
au technicentre de Châtillon
(Hauts-de-Seine). Tout le
monde est au travail. Il n’y a
pas de soucis sur le nombre de
trains révisés et la qualité du
travail fourni». La situation
est également normale dans
les autres technicentres, a af-
firmé une porte-parole. De
son côté, le syndicat SUD-rail
a indiqué que les agents
avaient «débrayé à 9 heures
au technicentre du Landy»
(maintenance des TGV de
l’axe Nord, Eurostar et Tha-
lys), tandis qu’une AG avait
été organisée au technicentre
sud-est européen (TGV de
l’axe Sud-Est). Une table
ronde est prévue mercredi
entre la direction voyage et
les syndicats, pour évoquer la
situation de «l’ensemble des
technicentres», selon Sud-
rail. Objectif : obtenir des
compensations pour le tra-
vail de nuit et de week-end de
ces agents qui perçoivent de
bas salaires.

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