Les Echos - 05.11.2019

(Michael S) #1

Les Echos Mardi 5 novembre 2019 FINANCE & MARCHES// 29


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CINQ FONDS EN LICE POUR LE RACHAT DE BISCUIT
INTERNATIONAL
La vente du leader tricolore du biscuit sucré et de la gaufre en
marque de distributeur Biscuit International se précise. A ce
jour, l’enchère animée par la banque d’affaires Natixis Partners
aurait permis de recueillir cinq offres provenant de fonds
d’investissement, selon les informations réunies par « Capital
Finance ». Il s’agirait en l’occurrence de Towerbrook, de Bain
Capital, de KKR, d’Advent International, de Partners Group
et de Platinum Equity. Depuis son rachat par Qualium Investis-
sement en 2014, l’industriel français a enchaîné les opérations
de croissance externe, jusqu’à porter son chiffre d’affaires pro
forma à près de 500 millions d’euros.

DENTRESSANGLE VA SCELLER L’ACQUISITION DE MARLE
Quasi méconnue du non-coté avant son rachat par Carlyle en
2009, Marle en est devenue l’une de ses plus belles pépites en se
hissant dans le Top 4 mondial des fournisseurs pour l’industrie
orthopédique. Une ascension que l’ETI dirigée par Antonio Gil
entend poursuivre avec Dentressangle. La holding familiale
d’investissement est entrée en négociations exclusives pour
l’acquisition d’une participation majoritaire de Marle, en pro-
posant une offre valorisant le groupe à près de 80 0 millions
d’euros. Elle aurait ainsi devancé Montagu Private Equity, mais
aussi Astorg et Permira, candidats malheureux lors du proces-
sus de cession de 2016, remporté par IK Investment Partners.

L’ACTUALITÉDUM&AAVEC


en bref


La Banque centrale européenne achète
de nouveau des actifs financiers

BCE La Banque centrale européenne (BCE) intervient de nou-
veau sur le marché de la dette, à hauteur de 20 milliards d’euros
par mois. Lancé en mars 2015, le programme d’achats d’actifs –
connu sous le nom « d’assouplissement quantitatif » – était à
l’arrêt depuis janvier. La BCE se contentait de réinvestir dans les
titres arrivant à maturité. C’est lors de la réunion du Conseil des
gouverneurs du 12 septembre que la décision de relancer ce pro-
gramme a été prise. Mario Draghi, qui vient de céder sa place à
Christine Lagarde à la tête de l’institution, a pesé dans ce choix
très contesté : face aux incertitudes, l ’Italien a voulu que tous les
instruments soient en service.

Blanchiment d’argent : le FMI demande
à l’Estonie de renforcer les contrôles

BANQUE Le Fonds monétaire international ( FMI) a noté lundi des
progrès dans la lutte contre le blanchiment d’argent en Estonie,
mais a suggéré de renforcer les contrôles dans ce pays touché par
le scandale Danske portant sur plus de 200 milliards d’euros
venant de Russie. « Nous croyons que l’amende maximum doit être
augmentée » [et qu’il] « faut poursuivre des efforts pour accroître le
nombre des institutions financières couvertes par une inspection
chaque année », a déclaré le chef de la délégation du FMI, Cheikh
Anta Gueye. L’amende maximale pour le blanchiment d’argent
s’élève actuellement, en Estonie, à 400.000 euros p our une institu-
tion financière et 1.200 euros pour une personne physique.

Deutsche Bank : les régulateurs
veulent faire évoluer la gouvernance

BANQUES Selon des informations du « Financial Times » et de
Bloomberg, la Banque centrale européenne et le gendarme ban-
caire allemand BaFin plaident pour un changement dans la gou-
vernance de Deutsche Bank. Ils demandent à ce que Christian
Sewing, l ’actuel p atron de la banque, abandonne ses fonctions de
responsable de la banque d’investissement, qu’il assure depuis le
départ en juillet du patron de la division, Garth Ritchie. Les deux
superviseurs redouteraient un potentiel conflit d’intérêts entre
les deux postes et craindraient que ces responsabilités n’empê-
chent le dirigeant de bien conduire l’importante restructuration
en cours au sein de l’établissement.

Société Générale étudie les conditions
pour une licence de courtage en Chine

BANQUE Société Générale envisage la création, en Chine, d’une
maison de courtage qu’elle contrôlerait à 100 %, suivant ainsi le
mouvement des plus grandes banques mondiales, dont Citi-
group et Goldman Sachs, qui cherchent à profiter de la libérali-
sation annoncée du marché chinois, selon Bloomberg. Jusqu’à
présent, la banque française prévoyait d’investir 1 milliard de
yuans (142 millions de dollars) pour obtenir une licence détenue
à 51 %. La banque de la Défense « étudie les conditions pour
installer une société de courtage en Chine » à la fin de l’année
prochaine, a-t-elle déclaré à Bloomberg.

Propos recueillis par
Benjamin Quénelle
— Correspondant à Moscou


Cinq ans de sanctions
occidentales contre VTB Bank,
et contre vous depuis
l’an passé, ont-ils affecté la
stratégie de votre banque?
Oui, d’une certaine manière. Les
sanctions, limitant fortement
l’accès aux marchés é trangers, nous
ont contraints à nous financer loca-
lement, sur la base des dépôts de nos
clients. L’interdiction de vendre des
actions nous empêche de poursui-
vre notre privatisation. Le cours de
notre titre est sous pression. Les
investisseurs ont peur d’acheter.
Quant aux sanctions américaines
contre moi, elles m’obligent à décli-
ner une invitation à Washington
du « Wall Street Journal » et à man-
quer la réunion du FMI. Je ne peux
plus régulièrement voir les PDG
des banques américaines que je
connais pourtant bien. Mais VTB
continue de travailler n ormalement
avec Goldman Sachs, Citi...


Espérez-vous obtenir la levée
des sanctions?
Chez VTB, on a appris à travailler
avec les sanctions. Notre stratégie
sur trois ans les prend en compte,
nous ne prévoyons aucun scénario
sans elles. Tout dépend des dévelop-


pements géopolitiques. Avec l’élec-
tion de Volodymyr Zelensky à Kiev,
on espère une coopération entre la
Russie et l’Ukraine et un allégement
des sanctions. Emmanuel Macron
joue un rôle positif. Quant aux sanc-
tions américaines, c’est trop tôt.
Quelque chose doit changer aux
Etats-Unis. Je ne comprends pas
pourquoi ils m’ont ciblé en tant que
« haut représentant » du gouverne-
ment, ce que je n’ai jamais é té. Ils ont
expliqué les sanctions par la Syrie,
avec qui nous n’avons jamais tra-
vaillé, les attaques informatiques
et l’atteinte à la démocratie améri-
caine. Un non-sens absolu...

Les poursuites pénales
contre les dirigeants du fonds
d’investissement Baring
Vostok, notamment le Français
Philippe Delpal, menacent-elles
le climat des affaires?
Ces dirigeants ont une très bonne
réputation. D’après ce que je com-
prends, la transaction en cause n’a
pas été effectuée correctement et
l’accord, pas été structuré de
manière professionnelle. Mais je ne
pense pas qu’ils soient personnelle-
ment en faute. Je voudrais qu’ils
soient libérés. Il faut éviter ce genre

ANDREÏ KOSTINE
PDG de VTB Bank

de situations mais, à mon avis, cette
affaire n’a pas d’impact significatif
sur le climat d’investissement.

Le marché bancaire russe
est-il toujours à risque?
Les marges sont élevées, autour de
4 %. C’est un bon marché, en muta-
tion. Il y a plus de 400 banques. Ce
n’est pas trop pour l’économie
russe, mais nombre d’entre elles
n’ont pas assez de fonds propres ni
d’expertise. Cela doit changer. C’est
une question de qualité : VTB se
conforme aux exigences de Bâle III,
mais d’autres ne peuvent pas les
adopter. Avec l’inflation en baisse,
la banque centrale a réduit son
taux directeur de 7 % à 6,5 %. Le
déclin des revenus ces dernières

« Les sanctions,
qui limitent
fortement l’accès
aux marchés
étrangers, nous
ont contraints
à nous financer
localement, sur
la base des dépôts
de nos clients. »

sance, encore faible. D’autres
pourraient suivre : la plupart des
analystes s’attendent à une baisse
similaire, à un nouveau plancher
de 4,5 %, lors de la réunion du
Comité de politique monétaire les
10 et 11 décembre prochain.
Depuis la fin 2016, l’économie
brésilienne s’est toutefois considé-
rablement assainie. L’ inflation est
désormais maîtrisée. Elle est
même devenue négative e n
septembre (–0,04 %) et est passée
sous les 3 % sur un an pour la pre-
mière fois depuis mai 2018, large-
ment en dessous de la cible offi-
cielle de 4,25 % cette année et de
4 % en 2020.
Les marchés financiers plébis-
citent ainsi la politique libérale
du gouvernement. Cette percep-
tion favorable a notamment été
encouragée par « le changement
de la politique publique de crédit »,
souligne José Carlos Faria, chef

économiste de BNP Paribas pour
l’Amérique latine, grâce à une
diminution sensible des prêts
subventionnés accordés par les
banques publiques. Pour la pre-
mière fois en 10 ans, le stock de
crédit privé est supérieur au
stock de crédit public, souligne le
ministre de l’Economie, Paulo
Guedes.

Poursuite des réformes
La banque centrale incite pourtant
à la prudence. D’une part, elle ne
néglige pas les risques et incite à « la
persévérance » en matière de réfor-
mes et met en garde contre une
éventuelle « frustration » en la
matière. Après les retraites, le gou-
vernement doit en effet annoncer
une réforme du service public et
une réforme de la fiscalité afin de
moderniser l’économie du pays.
Mais le climat politique a été exa-
cerbé par des querelles internes au

« Chez VTB Bank, on a appris


à travailler avec les sanctions »


années a poussé la consommation
à la baisse, mais on sent la reprise,
avec plus de prêts immobiliers.
Le problème des prêts non
performants est aussi derrière
nous, représentant environ 5 %
des encours.

Rosbank, dont VTB était
actionnaire avant sa fusion
avec la Société Générale,
est-il devenu un concurrent fort?
Notre marché bancaire est l’un des
plus concurrentiels. La Société
Générale a obtenu un succès impres-
sionnant en Russie. Elle a de bonnes
positions sur le marché via Rosbank
mais elle reste beaucoup plus petite
que VTB. Nous aimerions voir plus
d’entreprises françaises venir en
Russie, financer leurs projets. Nous
avons dû fermer notre bureau à Paris
faute d’activité suffisante.

Allez-vous aussi fermer
votre bureau à Londres?
Nous avons dû réduire notre per-
sonnel, de 300 employés en 2015
à 160 aujourd’hui. Le capital est
passé de 1,3 à 0,65 milliard de
dollars. Certains départements
ont fermé. Tout cela en partie à
cause du Brexit. Nous avons
transféré certaines activités à
Francfort, mais nous gardons le
bureau de Londres pour nos acti-
vités internationales.n

Andreï Kostine préside,
depuis 2020,
VTB Bank, qui compte
77.000 employés
et 209 milliards d’euros
d’actifs, et qui a fait
un bénéfice de 2,5 milliards
d’euros.
Photo Olga Maltseva/AFP

lLa deuxième banque russe, propriété à 61 % de l’Etat, est soumise aux sanctions


occidentales depuis le début de la crise ukrainienne en 2014.


lAndreï Kostine, son patron, est visé personnellement, depuis l’an passé,


par les mesures américaines contre Moscou.


Baisse historique des taux au Brésil


sein du parti présidentiel qui ris-
quent de compliquer la tâche du
gouvernement.
Autre préoccupation : l’envi-
ronnement international, jus-
qu’ici très porteur aux Etats-Unis
et « relativement favorable » dans
les marchés émergents. Mais
« les perspectives demeurent
incertaines », note la banque cen-
trale, qui évoque les risques d’un
« ralentissement de la croissance
mondiale plus prononcée ».
La banque centrale b résilienne
a ainsi laissé entendre qu’elle
pourrait lever le pied dès l’année
prochaine et mettre un terme au
cycle de baisse des taux. Ce qui n’a
pas manqué de frustrer les inves-
tisseurs. Après une série de
records à la hausse depuis le
début de l’année, la Bourse de São
Paulo – l’Ibovespa a gagné p lus de
21 % cette année – a clôturé en
baisse de 1,1 % jeudi.n

Thierry Ogier
— Correspondant à São Paulo


La banque centrale du Brésil a
abaissé la semaine dernière son
taux directeur de 5,5 % à 5 %, un
plancher historique, depuis
l’instauration du régime de
ciblage de l’inflation, il y a 20 ans.
En trois ans, le taux de référence
brésilien, qu’on nomme « Selic », a
dégringolé de 14,25 % à 5 %.
L’objectif de ces b aisses de taux est
avant tout de relancer la crois-


EMPRUNTS D’ÉTAT


La banque centrale
brésilienne a emboîté
le pas à la Fed
et a réduit ses taux
directeurs de 0,5 point,
à 5 % annuels.

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