Les Echos - 05.11.2019

(Michael S) #1

Les Echos Mardi 5 novembre 2019 FINANCE & MARCHES// 31


PORTRAIT


par Déborah Loye
@Loyedeborah


Lucie Basch livre


ses recettes anti-gaspi


Elle fait partie des gens qui ne font que ce qu’ils veulent,
et la planète l’en remercie. A 27 ans, Lucie Basch a
cofondé, en 2016, Too Good To Go, une start-up qui lutte
contre le gaspillage alimentaire en permettant à des
particuliers d’acheter des paniers surprises de produits
invendus à petit prix. Son dernier fait d’armes? Elle
publie un livre, « Le Guide anti-gaspi » avec Rose Bour-
sier-Wyler, responsable des affaires publiques chez Too
Good To Go, et préfacé par Thierry Marx, qui abonde en
conseils pratiques pour moins gaspiller au quotidien.
Car l’entrepreneuse est sur tous les fronts : côté entre-
prise, sa start-up diminue le gaspillage des distributeurs
alimentaires, en politique, elle s’est beaucoup impliquée
dans le projet de loi économie circulaire porté par Brune
Poirson et, avec ce guide, elle espère toucher les foyers.
D’après Lucie Basch, « tous les acteurs doivent bouger en
même temps » pour résoudre les défis environnemen-
taux. Pas de défaitisme, elle est de ceux qui pensent « que
le système est malade mais qu’il peut être soigné », et qui
ont décidé de « toujours voir le verre à moitié plein ». Dans
sa start-up, qui emploie 70 personnes en France et 500
dans le monde, la semaine commence ainsi tous les lun-
dis par une bonne n ouvelle, r acontée par un employé. Le
rêve de devenir une entrepreneuse à succès fortement
médiatisée, Lucie Basch ne l’a jamais eu. Elle confie
même détester se voir à l’écran. En revanche, la jeune
femme a toujours e u l’étoffe d’un leader. « J’ai été déléguée
de classe, capitaine de l’équipe de volley, c’était moi qui
organisais les anniversaires surprises de mes copines, qui
planifiais les activités des vacances de ma famille... », énu-
mère-t-elle. « C’est une personne hyper investie, passion-
née par ce qu’elle fait, qui veut avoir un vrai impact. C’est
incroyable parce que ça se sent et ça lui a permis de créer
une équipe également passionnée », décrit Camille Col-
bus, première salariée de Too Good To Go France et
aujourd’hui directrice générale adjointe de la start-up.
Une équipe avec qui Lucie Basch passe aujourd’hui le
plus clair de son temps avec une immense ambition.
« Consciente de [son] manque d’expérience », elle a choisi


de construire une entreprise libérée, sans hiérarchie
verticale. Et pour cause : l’autorité par le titre, Lucie
Basch ne la supporte pas. « Je n’ai jamais pu obéir aux
ordres que je ne comprenais p as », sourit-elle. Enfant, elle
était une excellente é lève, mais son cahier d e correspon-
dance n’en était pas moins rempli de remontrances. « Je
me souviens d’un jour où je suis sortie de la classe d’histoi-
re-géo parce qu’il y avait une éclipse solaire et je me disais,
il faut qu’on aille la voir! » La rebelle suivra tout de
même un parcours traditionnel : après une classe pré-
paratoire, elle sort diplômée de Centrale Lille.

23 millions de repas sauvés
L’ingénieure tente ensuite une carrière conventionnelle
en rejoignant un p rogramme dédié aux f uturs talents de
Nestlé. Mais on ne cache jamais longtemps sa vraie
nature : après un an et demi, elle quitte la multinatio-
nale et rejoint son copain à Oslo. C’est depuis la Norvège
qu’elle créera Too Good To Go.
Aujourd’hui, elle voyage entre les 14 pays où l’entre-
prise est présente afin de s’assurer que sa start-up « a le
plus de poids possible pour changer les choses ». A ce jour,
elle revendique avoir sauvé 23 millions de repas! La
jeune femme tient en outre à préserver la culture de
l’entreprise, celle « d’une bande de potes, qui n’a pas envie
d’aller au “boulot” tous les jours, mais de venir faire quel-
que chose q ui lui plaît ». Comme de nombreux membres
de sa génération, Lucie Basch essaie de composer avec
ses contradictions : être à la tête d’une start-up
« appuyée sur un modèle capitalistique avec des objectifs
de croissance énormes, alors que la croissance a mené le
monde là où il est aujourd’hui », ou encore se battre pour
réduire son impact négatif sur l’environnement et pren-
dre beaucoup l’avion pour le travail... mais qui pourrait
lui jeter la pierre ?n

DR

ÉTABLISSEMENT
PUBLIC

INPI
Sylvie Guinard
prend la présidence du conseil
d’administration de l’Institut
national de la propriété
industrielle.

Sylvie Guinard, 46 ans, ingénieure
et titulaire d’un MBA de l’EM-Lyon,
préside Thimonnier SAS, spécia-
liste des machines d’emballage. Du
spatial à la défense, en passant par
le ferroviaire ou les engins de tra-
vaux publics, elle a fait toute sa car-
rière dans l’industrie.

ENTREPRISES


OGIC
Mireille Vernerey
a pris la présidence
du directoire.

Mireille Vernerey, 63 ans, ingé-
nieure civile des Ponts et Chaus-
sées, a notamment travaillé chez
Bouygues Immobilier. Après
avoir été d irectrice régionale chez
Capri Méditerranée et directrice
générale groupe d’Ellul, elle a
rejoint, en 2007, Ogic pour créer
Ogic Méditerranée. Elle a été pro-
mue directrice générale régions
en 2013, puis directrice générale
logements en 2018. Elle siège au
directoire d’Ogic depuis 2013.

WARNER BROS
Servane Magnan
est nommée director
of publicity de Warner Bros.
Entertainment France.

Servane Magnan, 40 ans, titu-
laire d’un master en communi-
cation de l’université de Syra-

cuse et d’un diplôme d e
l’Emerson College, aux Etats-
Unis a travaillé pour Ketchum/
DDB, Ogilvy, et Piper-Heidsieck.
Elle était responsable presse
France de The Coca-Cola Com-
pany.

MUSÉE


MUSÉE DE LA CHASSE
ET DE LA NATURE
Christine Germain-Donnat
dirige désormais le musée.

Christine Germain-Donnat, 50 ans,
ancienne élève de l’Ecole du Louvre
et de l’Institut national du patri-
moine, est conservatrice du patri-
moine. En 2008, elle a rejoint Mar-
seille pour mener le projet du
musée des Arts décoratifs, de la
Faïence et de la Mode qu’elle a
dirigé dès 2013. Parallèlement, elle
était à la tête du musée Grobet-La-
badié. En 2016, elle était devenue
directrice du département du
patrimoine et des collections à
Sèvres – Cité de la céramique.

LA BANQUE POSTALE
François Géronde
est nommé directeur financier.
Il reste membre du comité
exécutif de La Banque Postale.

François Géronde, 51 ans, ancien
élève de l’Ecole polytechnique, a
intégré le groupe La Poste en


  1. De la création de La Ban-
    que Postale en 2006 jusqu’en
    2011, il a assumé la fonction de
    directeur des risques de marché
    et de contrepartie. Il a été
    nommé adjoint au directeur des
    risques, responsable de la direc-
    tion d es risques opérationnels en
    2009, puis directeur des risques
    du groupe La Banque Postale en

  2. L’an dernier, il a pilotait éga-
    lement le contrôle permanent.


Raphaël Bloch
@Bloch_R


C’est devenu un « must » dans la
finance : être responsable. Tous les
fonds d’investissement, notam-
ment en France, s’arrachent les
labels qui permettent de certifier
qu’un actif (action, o bligation...) res-
pecte des critères sociaux et envi-
ronnementaux. « Il y a un vrai phé-
nomène, mais aussi un effet de
mode », explique un bon connais-
seur du secteur.
Cet engouement en ferait
presque oublier la finance soli-
daire, un secteur pionnier qui se
trouve à un tournant. Face à la
multiplication des certifica-
tions, notamment de l’investis-


FINANCEMENT


Près de 25 ans après
sa création, le label
Finansol, qui a dépassé
les 12 milliards d’euros
d’encours en France,
est à un tournant.


Pour les investisseurs tradition-
nels, qui ciblent surtout les entre-
prises cotées, l a performance finan-
cière reste prioritaire. « Les fonds
ISR ont un double objectif de perfor-
mance et de responsabilité, les deux
vont ensemble », explique Anne-
Claire Impériale, coresponsable de
la recherche selon les critères envi-
ronnementaux, sociaux et de gou-
vernance (ESG) de Sycomore AM.

0,25 % de l’épargne
des Français
Si elle progresse, la finance soli-
daire reste toutefois marginale par
rapport à l’épargne des Français,
qui représente un peu plus de
1.400 milliards d’euros, selon les
professionnels. « Nous ne représen-
tons que 0,25 % de l’épargne finan-
cière des ménages », concède Frédé-
ric Tiberghien.
Signe que l’écart se creuse, le
label ISR représente à lui seul
71 milliards d’encours (262 fonds
labellisés), selon l’A ssociation fran-
çaise de la gestion financière. « Les
volumes ne sont pas à notre avan-
tage, insiste Frédéric Tiberghien.
Mais c’est le prix de la cohérence. »n

La finance solidaire tente de résister


à la montée en puissance d’autres labels


,


Envoyez vos nominations à
[email protected]

carnet


fr


+
Ils sont nés
un 5 novembre


  • Bryan Adams, chanteur,
    auteur-compositeur, 60 ans.

  • Emmanuelle Bertrand,
    violoncelliste, 46 ans.

  • Charles Biétry, journaliste
    sportif, 76 ans.

  • Arnaud Brunet,
    directeur général du Bureau
    international du recyclage,
    57 ans.

  • Claude Brunet, ex-PDG
    de Ford France, président
    de The Sparring Partner
    Company, 62 ans.

  • Sophie Chevallon,^
    présidente de Kalosiny
    Conseil, 51 ans.

  • Jean-Claude Delgènes,^
    directeur général
    de Technologia, 63 ans.

  • Art Garfunkel, chanteur,
    auteur-compositeur, 78 ans.

  • Fabienne Haas, avocate,
    60 ans.

  • Serge Khalfon, réalisateur,
    producteur, 56 ans.

  • Virat Kohli, champion
    de cricket, 31 ans.

  • Bernard-Henri Lévy,^
    philosophe, 71 ans.

  • Cyril Lignac, chef, 42 ans.

  • Hervé Mariton,
    ancien ministre, ex-député,
    maire de Crest, 61 ans.

  • O.J. Mayo, basketteur,
    32 ans.

  • Jean-Pierre Papin, ancien
    footballeur, 56 ans.

  • Joëlle Pellegrin,^
    PDG de La Fée Maraboutée,
    58 ans.

  • Jeffrey Sachs,
    économiste, consultant
    spécial du secrétaire général
    des Nations unies, 65 ans.


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RÉDACTRICE EN CHEFFrédériqueDedet
DIRECTRICE ARTISTIQUE
ClariceFensterseifer

Ce numérocomporteun3ecahier de 20 pages«Les EchosSociétés »


sement socialement responsa-
ble (ISR), créé en 2016, elle mise
plus que jamais sur ce qui a fait
son succès en 25 ans : « Le social,
le social et encore le social »,
explique Frédéric Tiberghien,
président de Finansol, qui a déjà

labellisé 160 produits d’épargne
depuis 1995.
La finance solidaire soutient des
activités de proximité, selon Finan-
sol, qui accompagne des projets
dans l’économie sociale et soli-
daire : lutte contre le chômage, le

mal-logement, le développement
de l’agriculture biologique. Cette
stratégie porte ses fruits. En 2018,
les encours globaux du secteur en
France ont encore progressé de
plus de 1 milliard d’euros (+8,7 %) à
12,6 milliards d’euros. En 2018, le

La finance solidaire soutient des activités de proximité qui, selon Finansol, ont permis de créer
48.000 emplois. Photo Robert Kluba/RÉA

secteur a permis de créer ou de
maintenir 48.000 emplois, selon
Finansol. La finance solidaire a
deux moteurs : d’abord, l’épargne
salariale (7,99 milliards d’euros),
qui profite toujours de la loi de
modernisation de l’économie du
4 août 2008 ; puis, l’épargne ban-
caire (3,92 milliards d’euros), qui
progresse aussi notamment grâce à
l’implication des banques, selon
Finansol.

Le rendement est secondaire
pour les produits labellisés Finan-
sol. « Contrairement aux autres
acteurs de la finance dite responsa-
ble, nous ne cherchons pas seule-
ment à éviter les externalités néga-
tives, mais aussi et surtout à
financer du positif », insiste Frédé-
ric Tiberghien, qui préside cette
semaine l a 12e é dition de la
Semaine de la finance solidaire.

Le rendement est
secondaire pour
les produits labellisés
Finansol.
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