Le Monde - 09.11.2019

(Greg DeLong) #1

0123
SAMEDI 9 NOVEMBRE 2019 sports| 13


Opération rachat pour les Bleues


en finale de Fed Cup


Les Françaises affrontent l’Australie de la numéro 1 mondiale
Ashleigh Barty, samedi 9 et dimanche 10 novembre

TENNIS


V


ous êtes au courant que la
France est en finale de Fed
Cup? » Interrogée sur
l’existence d’un « trou génération­
nel » dans le tennis féminin fran­
çais après sa défaite au
deuxième tour de Roland­Garros
en simple au mois de mai, Kristina
Mladenovic – future vainqueure
du tournoi en double – avait
envoyé balader un journaliste en
lui répétant cette question,
jugeant la sienne « déplacée ».
La formulation était peut­être
maladroite, mais le constat
d’échec n’était pas malvenu, puis­
que aucune joueuse française ne
s’est qualifiée pour le troisième
tour des Internationaux de France,
ce qui n’était plus arrivé depuis
trente­trois ans. Six mois plus tard,
on ne peut pas dire qu’elles aient
inversé la tendance : cette finale de
Fed Cup face à l’Australie (sa­
medi 9 et dimanche 10 novembre)
est la dernière occasion de sauver
collectivement ce qui n’a pu l’être
individuellement cette saison.
Kristina Mladenovic (39e mon­
diale)? Aucune finale (en simple)
disputée, ce qui ne lui était plus
arrivé depuis six ans, et jamais
mieux que des seconds tours en
Grand Chelem. Caroline Garcia
(45e)? Un titre (Nottingham), mais
une dégringolade au classement :
elle était encore 4e il y a quatorze
mois. Alizé Cornet (60e)? Des éli­
minations précoces à la pelle
pour la Niçoise. Pauline Parmen­
tier (121e)? Dix­sept victoires,
vingt­neuf défaites depuis jan­
vier.
Seule la benjamine, Fiona Ferro
(22 ans, 63e), a donné des signes
encourageants : elle a intégré le
top 100 en avril et remporté, en
juillet à Lausanne, son premier
titre sur le circuit principal, en
prenant le meilleur sur Alizé
Cornet. A l’US Open, déjà, elle
avait battu... Mladenovic.
Dans ce contexte, aller battre
l’Australie de la no 1 mondiale
Ashleigh Barty sur ses terres s’an­
nonce comme une tâche double­
ment corsée. Barty, lauréate du
dernier Roland­Garros, est ali­

gnée aux côtés de l’expérimentée
Samantha Stosur (35 ans, 92e
mondiale). D’origine croate, Ajla
Tomljanovic (51e) a été déclarée
éligible le 15 octobre par la Fédéra­
tion internationale et a donc été
convoquée pour la première fois.
Astra Sharma (102e) et Priscilla
Hon (118e) complètent l’équipe.
Les premiers matchs en simple,
samedi matin, verront Kristina
Mladenovic affronter Ajla
Tomljanovic, puis Caroline Garcia
se mesurer à Ashleigh Barty.

« Relations normalisées »
Le capitaine des Bleues, Julien
Benneteau, a décidé de conserver
le même groupe que lors des deux
premiers tours, en février (face à la
Belgique) et en avril (contre la
Roumanie de Simona Halep).
« C’est logique par rapport aux
résultats de l’année. Ce sont les
premières Françaises au classe­
ment et, jusque­là, elles ont
répondu présent, elles m’ont
donné d’énormes satisfactions. J’ai
confiance en ces cinq­là pour rele­
ver l’énorme défi qui nous attend
là­bas », justifiait­il la semaine
dernière, à Bercy, au moment
d’annoncer la composition.
Entre­temps, Mladenovic a
remporté le Masters de fin d’an­
née à Shenzhen (Chine) en dou­
ble, qui réunit les quatre meilleu­
res paires de la saison, pour la
deuxième fois d’affilée, associée à
la Hongroise Timea Babos. Le
simple, lui, a vu le sacre... d’As­
hleigh Barty.
L’Australie, qui compte sept Fed
Cup à son palmarès, vise un pre­
mier titre dans la compétition
depuis 1974. Vainqueure deux fois
(1997 et 2003), la France, elle, dis­

pute sa deuxième finale en trois
ans, après celle perdue contre la
République tchèque.
En 2016, sous le capitanat d’Amé­
lie Mauresmo, Caroline Garcia et
Kristina Mladenovic s’étaient
inclinées lors du cinquième
match et double décisif malgré
leur statut de numéros deux mon­
diales de la spécialité à l’époque.
La suite a donné lieu à un psy­
chodrame : Garcia a décidé de se
mettre en retrait des Bleues,
Mladenovic aurait été prévenue
par simple texto, déclenchant le
« LOL­gate », un Tweet signé de
Mladenovic, Parmentier et Cor­
net mettant en doute le forfait,
en avril 2017, de Garcia à la Fed
Cup pour raisons médicales.
En février, Benneteau a réussi à
convaincre l’ex­no 1 française de
revenir dans l’équipe et
aujourd’hui, à entendre les inté­
ressées, tout va pour le mieux
dans le meilleur des mondes.
« Les relations se sont normalisées,
il y a beaucoup de respect entre
chacune de nous, on est très pro­
fessionnelles, assure au Monde
Caroline Garcia. Après, ce qu’il s’est
passé, ça restera toujours un petit
peu gravé en mémoire, mais on ar­
rive à faire la part des choses. »
Seul motif de contrariété : avec
le décalage horaire, les matchs se­
ront diffusés dans la nuit en
France (à partir de 4 heures du
matin). La Fédération française a
essayé de négocier auprès des fé­
dérations internationale et aus­
tralienne une programmation
plus tardive. Sans succès.
Le capitaine, lui, préfère ironiser
sur cette situation : « Peut­être
qu’en direct il n’y aura pas beau­
coup de monde. Par contre, toute
la journée, de 7 heures à 20 heures


  • car on va finir vers 7 heures ou
    8 heures –, ça va passer en boucle
    sur les chaînes d’infos, sportives,
    les radios... Chaque demi­heure,
    on entendra : “La France a gagné
    la Fed Cup”, ça va être fabuleux. A
    l’arrivée ça va avoir beaucoup plus
    de retentissement. »
    Le doute ne l’a jamais habité
    quand il était joueur. Comme
    capitaine non plus visiblement.
    élisabeth pineau


après deux ans d’absence,
Caroline Garcia, 26 ans, a fait son
retour cette année en équipe de
France. Elle s’apprête à disputer
sa deuxième finale de Fed Cup,
après celle perdue, en 2016,
contre la République tchèque.

Vous avez connu une saison
bien en deçà de vos attentes.
Cette finale, est­ce une façon
de la sauver?
C’est sûr que, sur un plan indivi­
duel, ma saison a été majoritai­
rement décevante, il y a eu plus
de bas que de hauts. La Fed Cup,
j’ai toujours dit que ça faisait
partie de mes objectifs de la
gagner. Cette année, on a une
nouvelle fois l’occasion d’aller
chercher le trophée. Ça m’appor­
terait beaucoup de bonheur, mais
ça ne sauvera pas ma saison indi­
viduelle, c’est deux choses sépa­
rées. Si le capitaine me sélec­
tionne en simple, il va falloir que
je joue des matchs de très haut
niveau, bien meilleurs que ceux
que j’ai joués cette année.

Pensez­vous qu’une victoire
pourrait vous servir de trem­
plin ou de déclic pour la suite?
Ça ajouterait une ligne très
importante à mon palmarès,
c’est une compétition qui est dif­
ficile à gagner. Evidemment, ça
apporterait de la confiance, mais
ce n’est pas parce que je la gagne
ou que je ne la gagne pas que je

ferai une bonne ou une mau­
vaise saison derrière.

Historiquement, elle vous
a toujours plutôt réussi,
comment l’expliquez­vous?
C’est vrai que j’ai un bilan plutôt
positif dans cette compétition
[17 victoires, dont 11 en simple,
6 défaites depuis 2013]. On a un ca­
pitaine qui est sur le banc en per­
manence, au changement de côté
il peut te recentrer un petit peu, te
donner deux­trois points tacti­
ques et techniques que tu n’as pas
sentis. Et puis, l’ambiance est dif­
férente, tu portes le maillot de
l’équipe de France...

Qu’est­ce qui a motivé votre
retour dans l’équipe
après deux ans d’absence?
D’abord, le fait que la Fed Cup
est toujours est un de mes objec­
tifs. Ensuite, le discours du capi­
taine m’a plu, il a trouvé des mots
intéressants. Et puis, je me sen­
tais prête physiquement et men­
talement aussi à revenir parce
qu’il s’est passé diverses choses
compliquées et difficiles à ava­
ler... J’avais dit que je voulais faire
une pause parce que, physique­
ment, c’était compliqué pour moi
cette période. Cette année, je me
sentais mieux pour faire les deux
de front [le circuit et la Fed Cup].
Et vu ce qu’il s’était passé, il fal­
lait que j’arrive à faire la part des
choses et qu’émotionnellement

je me sente solide pour gérer tout
ça, ce dont je ne me sentais pas
capable l’année précédente.

Aujourd’hui, les relations
se sont­elles normalisées
dans l’équipe?
Oui, elles sont normalisées, il y
a beaucoup de respect entre
chacune de nous, on est très pro­
fessionnelles. Après, ce qu’il s’est
passé, ça restera toujours un petit
peu gravé en mémoire, mais, sur
les semaines de Fed Cup, on
arrive à faire la part des choses.
Des fois, tu apprends de tes
erreurs, chacun y met du sien. Il y
a une bonne ambiance, on tra­
vaille bien ensemble. On a sur­
tout toutes un objectif commun.

Sur le papier, les Australiennes
sont favorites chez elles,
qu’est­ce qui vous fait croire
en vos chances?
Déjà, on a une équipe solide au
niveau du classement, on est tou­
tes capables de battre des filles
qui sont top 10, on a déjà eu l’ex­
périence d’une finale, ce qui n’est
pas négligeable. En double, on a
eu de très bons résultats avec
Kristina. On a disputé le Masters,
on a été numéro un mondial.
Alizé [Cornet], en double, est aussi
solide. On a plusieurs cordes à
notre arc. Le fait d’être en Austra­
lie et d’avoir tout le monde contre
nous, ça resserre nos liens.
propos recueillis par e. pi.

Caroline Garcia : « C’est un de mes objectifs »


« J’ai confiance en
ces cinq-là pour
relever l’énorme
défi qui nous
attend là-bas »
JULIEN BENNETEAU
capitaine de l’équipe
de France

SPECTACLE


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En coproductionavec la Maison desCultures du Monde,
dans lecadre du 23eFestival de l'Imaginaire

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