Libération - 25.11.2019

(Michael S) #1

Libération Lundi 25 Novembre 2019 u 15


Olivier Faure
premier secrétaire
du Parti socialiste,
dimanche

LIBÉ SPÉCIAL
AUTEURES
JEUNESSE
À L’OCCASION
DU SALON DE
MONTREUIL

Sous la rédaction
en chef de
Marie Desplechin

MERCREDI


27 NOVEMBRE


Dessin Rebecca dautremer

Rassurer ou diviser? Avant la
journée de mobilisation du
5 décembre, les partenaires
sociaux se succèdent lundi et
mardi à Matignon pour d’ul-
times concertations sur la ré-
forme des retraites. Edouard
Philippe doit recevoir, dans
l’ordre, le Medef, la CFTC,
la CPME, la CFDT, l’Unsa et
Force ouvrière lundi. Mardi
viendra le tour de l’U2P et
de la CFE-CGC. Après avoir
laissé planer le doute, le pa-
tron de la CGT, Philippe Mar-
tinez, a confirmé dimanche
qu’il serait finalement au ren-
dez-vous mardi à 9 h 30.
Officiellement, il s’agit «de
faire un point sur l’ensemble
de la réforme : le système cible
[universel, qui doit rempla-
cer les 42 régimes de retrai-
tes existants, ndlr], la transi-

tion et le retour à l’équilibre
en 2025», selon Matignon.
Et, plus généralement, de
montrer que «le dialogue so-
cial continue», selon l’entou-
rage du Premier ministre.
Pour le président du Medef,
Geoffroy Roux de Bézieux, le
gouvernement doit, à l’issue
de ces rencontres, «trancher
les points majeurs (de la ré-
forme des retraites). Le flou
ne fait que nourrir l’impres-
sion de ne pas savoir où l’on
va et cela ajoute de l’anxiété
à l’anxiété».
Côté majorité, le dialogue ne
semble pourtant plus la prio-
rité. Reprenant les éléments
de langage d’Emmanuel
­Macron déroulés vendredi à
Amiens, le président de l’As-
semblée, Richard Ferrand,
dénonce dans le JDD «une

Pécresse demande au gou-
vernement de «faire voter un
vrai service garanti de 100 %
aux heures de pointe» et exige
des opérateurs un «rembour-
sement automatique du pass
Navigo» au prorata des jours
de grève. Patron des séna-
teurs Les Républicains,
Bruno Retailleau va un cran
plus loin, annonçant le dépôt
d’une proposition de loi vi-
sant à créer un «droit aux
transports publics garanti»,
critiquant en creux la loi sur
le service minimum de 2007,
fierté de Nicolas Sarkozy.
Bruno Retailleau préconise
carrément la réquisition de
grévistes. Réaction de Marti-
nez : «Pourquoi pas suppri-
mer le droit de grève, pendant
qu’on y est ?»
Service France

mobilisation pour conserver
des inégalités», notamment
les régimes spéciaux. Même
son de cloche pour Gérald
Darmanin, qui parle d’une
«manifestation contre le fait
qu’on veuille quelque chose
d’égalitaire». Pour Philippe
Martinez, cette stratégie de
division ne portera pas ses
fruits. «Emmanuel Macron a
été élu pour faire un nouveau
monde de la politique. Dans
sa pratique, c’est plutôt l’an-
cien monde que de stigmatiser
les pseudo-privilégiés», s’est-il
agacé sur RTL, prédisant une
mobilisation «massive» et
«des centaines de manifesta-
tions» le 5 décembre.
La droite, de son côté, fait feu
de tout bois sur le service mi-
nimum. Présidente de la ré-
gion Ile-de-France, Valérie

Retraites : une semaine décisive


«Quel est ce gouvernement qui accepte que la liberté publi-
que ne soit plus garantie ?» a interrogé dimanche sur
France 3 le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier
Faure, à l’évocation de Manuel C., gilet jaune qui a perdu
l’usage d’un œil après avoir reçu une grenade lacrymogène
au visage lors de la manifestation parisienne du 16 novem-
bre. «Je ne peux qu’être solidaire avec ces hommes et ces
femmes qui depuis un an, disent leur colère, et le font mal-
heureusement dans des conditions où la puissance publique
n’est plus en mesure d’assurer leur sécurité», a affirmé le dé-
puté de Seine-et-Marne, qui a appelé le préfet de police de
Paris, Didier Lallement, «à s’excuser». Photo AFP

«Quel est ce pays dans lequel,
semaine après semaine,

des manifestantes et des


manifestants se retrouvent


avec un œil en moins ?»


Chronique
«En grandes
pompes» Entre
­modèles iconiques ou en passe de le
­devenir, Libération consacre une chroni-
que hebdomadaire à des passionnés
qui se racontent à travers leurs pompes.
­Aujourd’hui, Lionel, 29 ans, nous parle
de sa passion pour les fameuses Vans.

LIBÉ.FR

rait émis 18,87 millions de
tonnes de CO 2 , soit l’équiva-
lent d’un Etat comme la Boli-
vie. L’avenir s’annoncerait en-
core plus préoccupant,
l’avion étant un mode de
transport en forte croissance
dans l’entreprise. Il permet de
satisfaire les abonnés d’Ama-
zon Prime qui, en échange de
leur cotisation mensuelle,
peuvent espérer être livrés en
vingt-quatre heures. Dans un
communiqué, Amazon «ré-
fute les informations trom-
peuses du rapport Attac» qui,
selon l’entreprise, «comporte
de très nombreuses erreurs
factuelles et spéculations sans
fondement».
Deux jours avant la parution
du rapport d’Attac, une note
réalisée par le député de Paris
Mounir Mahjoubi a mis l’ac-
cent sur les destructions
d’emplois liées à l’arrivée
d’Amazon en France. Selon
l’ex-secrétaire d’Etat à l’Eco-
nomie numérique, pour un
emploi créé par le géant de
Seattle, 2,2 seraient suppri-
més dans le commerce de
proximité. Ainsi, en 2018,
20 239 emplois auraient dis-
paru dans l’Hexagone du fait
d’Amazon...
Franck Bouaziz

déduire les revenus versés
aux dirigeants de l’entreprise
non pas en salaire, mais sous
forme d’actions (stock-op-
tions). En Europe, le site créé
en 1994 par Jeff Bezos a choisi
le Luxembourg comme pla-
que tournante de son organi-
sation fiscale. Selon le méca-
nisme bien rodé des prix de
transfert, Ama-
zon délocalise
une bonne par-
tie de son chiffre d’affaires ré-
alisé en France vers le
Luxembourg où le taux d’im-
position sur les bénéfices est
bien plus bas. D’après les
données compilées par Attac,
le ­géant de la vente en ligne
aurait réalisé, en 2017, 3,9 mil-
liards d’euros de chiffre d’af-
faires dans l’Hexagone mais
n’aurait déclaré que 1,6 mil-
liard, soit une différence
de... 57%. Parallèlement, la fi-
liale Amazon Logistics aurait
perçu 5,6 millions d’euros au
titre du CICE. Une situation
cocasse puisque ce dispositif
existe pour booster la compé-
titivité des entreprises. Or ce
n’est pas vraiment là le pre-
mier souci d’Amazon.
Le site de vente en ligne est
également épinglé pour son
bilan carbone. En 2019, il au-

Depuis trois jours, les oreilles
de la filiale française d’Ama-
zon n’en finissent pas de
­siffler. Et pour cause. Deux
documents particulièrement
critiques à l’égard du site de
commerce en ligne ont été
rendus publics à quarante-
huit heures d’intervalle. Le
tout à moins d’une semaine
du «Black Fri-
day», qui repré-
sente habituel-
lement un pic de ventes pour
tous les ­commerçants pré-
sents sur Internet.
Le tir le plus nourri est sans
conteste celui opéré par trois
ONG : Attac, les Amis de la
terre et Solidaires. Il a été ré-
vélé dimanche matin sous la
forme d’un document
de 60 pages. Durant plusieurs
mois, les trois associations
ont décortiqué tous les docu-
ments publics disponibles
sur le géant du commerce
aux 232,9 milliards de dollars
de chiffre d’affaires en 2018.
Selon leurs calculs, Amazon
aurait réussi, en 2018, à ne pas
payer d’impôt sur les bénéfi-
ces, au niveau fédéral, alors
qu’il a réalisé 11,2 milliards de
dollars de profits. Une
exemption rendue possible
par le système qui ­permet de

Avant le «Black Friday»,


mauvaise promo pour Amazon


Au rapport


AFP

Free download pdf