Massignac, aucœur du Limousin. La jeunefemmeadugoût etpos-
sède unecollection de 12 00 œuvres, notammentdeGiuseppePenone ou
deWangKeping. Elleadéjà accroché des œuvres dans la soixantaine de
chambres et les espacescommuns de l’hôtel.«Mais uneexposition, c’est un
travailcolossal,confie-t-elle.J’avais besoin d’un professionnel quicom-
prenne mon propos autour de la natureetsache le mettreenmusique et en
espace.»Ce professionnel,ceseraHervéMikaeloff, dontlasilhouettefine
estdetoutes lesréjouissances arty.Conseiller de Delphine Arnaultpour sa
collection d’art,consultantdeVincentBeaurinpour ses acquisitions
d’œuvres ou de Carlos Cruz-Díezpour les hôtels, griffésChevalBlanc, du
groupeLVMH, ilaégalementcontribuéàplacer l’artaucœur du projet de
rénovation duRoyalMonceauengagéparl’homme d’affaires Alexandre
Allard.Avec un credo :«L’artdans un hôtel,çadoit êtretout sauf du
remplissage.»
Unmantraque serépètentles curateursqui officientdans les hôtels.
Lorsque, en 2006, unereprésentanteduMéridien proposeàJérôme Sans
deréinventer l’image artistique du groupehôtelier,l’anciencodirecteur du
Palais deTokyo, alorsàlatêted’uncentred’artàPékin, la prévient:«Mon
métier,cen’est pas décorateur!»LaconseillèreLaurenceDreyfus, qui, dix
ans durant,aorganisé desexpositions-ventes intitulées«Chambres à
part »,àl’Hôtel Sezz, auShangri-La, puisàLaRéserveGabriel, s’esttout
autantgardée de«lafacilitéauservicedumarketing »,en
proposantaufildes accrochages des œuvrespointues,
telle une sculpturedeJamesLeeByars,sitôt achetéepar
François Pinault,ouune œuvredeTomásSaraceno, bien
avantqu’il ne devienne lacoqueluche des
collectionneurs.
CES
curateurs-conseillers affichentplusieurs
pointscommuns. Globe-trotteurs, ils
séjournentrégulièrementdans de
grands hôtels.«Jesuis venuaumonde de
l’artàune époque où le milieu culturelfréquentait desres-
taurants, des boîtes denuit et des hôtels, autantdelieux qui
se sontrévélés aussi importants quecertaines institutions »,
expliqueJérômeSans,dontl’activité,àchevalentrela
FranceetlaChine, lefait passer un tiersdesontemps dans
les hôtels. Proches des galeries importantes, ils obtiennent
le premierchoix et saventvaincrelesréticences des créa-
teurs.«Audébut, les artistes sonthésitantsàl’idée d’expo-
ser dans un hôtel.Mais ils sontrassurés quand ils ontface
àeux une personne deconfiance, plutôt qu’une interface
corporate, et qu’ils saventquece serauneexposition
réfléchie »,explique ConstanceBreton.La jeunefemme, quialancévoilà
cinq ans une agencespécialisée dans la stratégie de marque, l’admet:son
mari, un galeristeberlinois, nevoit pasd’unbonœil ses«happenings artis-
tiques ».Mais, se défend-elle,«c’estunefaçondetoucher un autrepublic,ce
qui est profitable aux artistes ».
Àsesconfrères qui estimentque l’hôtel est un lieu impropre, ou impur,
Jérôme Sans objectequ’une«grande partie de la culturegénérale d’au-
jourd’huiaété élaborée dans des hôtels,commeLa Louisiane,àSaint-Germain-
des-Prés, où seretrouvait laBeat generation, ou le ChelseaHotel, àNewYork ».
LetempétueuxMartin Kippenberger nefaisait-il d’ailleurspas ses dessins sur
lespapiersàen-têtedes établissements qu’il fréquentait ?«Pour moi,le
Méridien était la version augmentéeduPalais deTokyo, un laboratoired’idées
transversales incroyables »,ajouteJérômeSans.Avec l’avantage, selon
LaurenceDreyfus, derevenir à«une notion de homesweet home qui tranche
avec le cube blanc desfoires ou des espacesmuséaux ».Àundétail près:dans
les hôtels, il est des thématiquesàéviter.Ilyaquelques années, la galerie
Hamiltons, invitéeparConstanceBretonauParkHyatt,aainsi dûrenoncer
àdes photos de nus d’HelmutNewton, jugées trop audacieuses...
CARTE BLANCHEÀGREGOR HILDEBRANDT,PARK HYATTVENDÔME,
5,RUE DE LAPAIX,PARIS 2e.JUSQU’AU5JANVIER.
«ÉLISÉE,UNE BIOGRAPHIE-ALEXANDRE&FLORENTINE LAMARCHE-OVIZE»,DRAWING LAB,
17,RUE DE RICHELIEU,PARIS 1er.JUSQU’AU9JANVIER.DRAWINGLABPARIS.COM
«LALUMIÈRE DES MONDES»,LAITERIE DU DOMAINE DESÉTANGS,MASSIGNAC
(CHARENTE).DOMAINEDESETANGS.COM
En parallèle de la FIAC, les
expositions«Chambresàpart»,
conçues par la conseillère en art
Laurence Dreyfus (2), ont donné
lieu àdes accrochages d’œuvres
d’artistes pointus commeTomás
Saraceno (1, en 2015àLaRéserve,
àParis) ouYang Yongliang (3, lampe
d’Olafur Eliasson, en 2011,àl’hôtel
parisien Shangri-La).
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LEGOÛT
Stéphane de Bourgies. Martin Argyroglo
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