Pour réaliser sesnouvelles
œuvres exPosées jusqu’au16novembreàla
galerie nathalie obadia,àParis, Mick alene
Thomas s’est plongée dansJet.The WeeklyNegro
News Magazine,une audacieuserevue de mode
et d’idées, apparue en 1951àdestination d’un
lectorat noir,etq u’elleatoujoursvutraîner chez
sa mèreetses tantes. Depuis deux ans, l’artiste
américaine s’est miseàles collectionner,tantôt
dans uneboutique spécialisée deLa Nouvelle-
Orléans,tantôt au magasin BlackMarketVintage,
àNew York.
Cet hebdomadairen’a pasjusteprodigué des
conseils debeautéoudesanté.Ilaaccompagné
les luttesafro-américaines en offrantune visibi-
litéaux mannequins noires, longtemps absentes
des revues mainstream, et une vitrineàlac lasse
moyennevalorisée dans la trèspopulaire
rubrique de la«Beautédelasemaine ».
Étudiantes, secrétaires, employées de bureauTexte Roxana AzIMI
MAkINgOf
Collages
immédiats.
pouvaientypublier leursphotos en maillot de
bain, dévoilantdans cespages autantleurs
formes que leurs(pré)occupations.Unemine
pour une artistequi questionne leregardmascu-
lin dominant, ainsi que les canons de labeauté.
RécemmentMickalene Thomasadécou vert que
Jetmagazineavait aussi publié entre1953 et 1983
les «Beautés du mois», des calendriersdispo-
nibles uniquementsur abonnement. Plutôt que
d’y voir une objectivation, voireune exploitation,
du corps féminin noir,elle perçoit dansces
images aguicheuses uneformed’émancipation.
«Ces calendriersoffraientune alternative à
Playboyàune époque où l’Amériquen’était pas
prêt eàvoir des pin-up noires étalées dans les
magazines»,explique-t-elle.
Pour composer sescollages, l’artistechoisit les
poses les plus audacieuses, donnantàvoir des
femmesfortes et triomphantes, descorps dési-
rantsetdésirables.Unefois lescompositions
trou vées, elle les scanne puis en pixellisecer-
tains détails anatomiques,pour que«symboli-
quement,cesfemmesdontonnesaitrienrepren-
nentleursdroitssurleurcorps».Endernier lieu,
elle ajouteune touche d’exubéranceàcoups de
pinceauetdestrass.
Bien queMick alene Thomas ait déjàbeaucoup
puisé dansce fonds de photos, elle estime nepas
en avoir fait le tour.«Ces femmes sontencor een
moi,dit-elle,commentpourrait-il en êtreautre-
mentquand,enjuillet dernier,leprésidentaméri-
cain exhortait les élues démocrates decouleur du
Congrès àretournerchez elles?Ilaj usteoublié
que chez elles,c’est aux États-Unis!»
«Mickalene ThoMas,JeT:BeauTés du Mois»,
Jusqu’au16noveMBre,Galerie naThalie oBadia,
3,rue du cloîTre-sainT-Merri,Paris 4e.
naThalieoBadia.coM
pour ses œuvres émancipatrices,
l’américaine mickalene thomasapuisé
dans les photospubliéesdans “jet”,
magazine des années 1950 destiné
auxfemmes noires.
106
mickalene
thomas, july 1977, 2019.
courtes
yofm
ickalene
thomas, galerie nathalie obadia,
paris/bruxelles, et artist rights society (ars), new
York
Legoût