Dominiquehauvette,
la viticultrice
Est-cE lE yoga dEs cinq tibétains
qu’EllEpratiquE chaquE jouravEc disci-
plinE?À69ans, DominiqueHauvetteconserve
unecondition physique impressionnante.Nul
besoin d’hommepour souleverles tonneaux de
sonexploitation viticole. Cetteancienne prof de
ski dit aussi tirer son énergie des Alpilles qui l’en-
tourent,son«paradis».«Jemesuis rendu compte
que, enfant, j’étais nourrie par la minéralitédela
montagne,expliquecelle quiagrandiàVal-
d’Isère, auprès deparentsrestaurateurs.Ici, c’est
pareil.N’oublions pas quetoutes les montresfonc-
tionnentparce qu’elles ontunpetit caillouàl’in-
térieur!»Installée,«après plusieursvies»,près
deSaint-Rémy-de-Provencedepuis 1988,
DominiqueHauvetteaplacéses vins blancs
comme ses vinsrouges, élevésenbiodynamie,
sur lepodium français.Baux-de-provenceouvin
depays des Alpilles, ils sontsirecherchés qu’il
n’estpastoujoursfacile d’en trouver. D’ailleurs,
si vousvousrendez au domaine sansrendez-
vous, c’est un écriteaurépulsif quivous accueille :
«Nivisitenidégustation».«Vendreest un truc
que je ne sais pasfaire. Pourtant, ilabien fallu que
je m’ymette.Pendantvingtans, j’ai parcouru
50000 kilomètres par an pour présentermes vins.
Maintenant, je nefais plus que deux ou trois
dégustations par an. »Quand Dominique
Hauvette acommencélaviticulture, sansbagage
œnologique, elleavait destasdediplômes,parmi
lesquels unDESS de droit rural et un autrede
gestion.Mais elle estretournée sur lesbancs de
l’université,àMontpellier,etest devenue œnolo-
gueà44ans. Entre-temps, de ses deux hectares
achetésavec unchai improvisé,elleafait une
structureviticole accomplie.Réchauffement
oblige, elle vientdediminuer de six hectares son
domaine,qui encomptait 17.«J’aidûarracher
des vignes en souffranceàcause de la sécheresse.
Elles en étaientarrivées péniblementàun rende-
mentde8hectolitres par hectare, autantdirerien.
Le soleil brûle de plus en plus.Je me rends compte
que, depuis 2000,cela va en s’aggravant.»Chez
DominiqueHauvette,iln’y apas que les vignes
qui souffrentdelachaleur,ilyaaussiles che-
vaux. Ellepossède un élevage d’une cinquan-
taine de pur-sang arabes qu’elle dressepour des
courses d’endurance. Elle leur loue même une
montagne de 800 hectaresàplus de1500 mètres
d’altitudepour qu’ils soientplusperformants.
«Jeprocède de la mêmefaçonavec meschevaux
et avec mes vignes.Je considèreles choses en
forme depyramide,dit-elle.La base doit être
solide pour pouvoir atteindrelesommet.»Une
exigencequi en découragecertains. Elleconfie
avoir du malàrecruter.«Encemoment, on est
en sous-effectif.Moi,jeconsidèreque chaque
gesteest important.Parexemple, quand on visse
deuxtuyaux ensemble, ilfaut impérativement
regarder si les joints sontvrillés ou non,car, si
c’est lecas, on peutoxyder le vin.»Entourée
d’animaux, et notammentdeses deuxchiens,
Ness et Papillon, elleacompris que la solitude
«est le propredel’humain ».Àl’aubedeses
70 ans, DominiqueHauvetten’imaginepas
encorelaretraite.Même si elle vientdesedéfaire
de son autredomaine, achetéilyadix ans, près
d’une montagne, là aussi,celle du Canigou, dans
le Roussillon.«Iln’y apas d’urgence,dit-elle.Le
vinest venudans ma viecomme l’appétit vienten
mangeant. C’estchaque annéeplus intéressant.»
L. G.
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