Le Monde - 27.10.2019 - 28.10.2019

(nextflipdebug5) #1
0123
DIMANCHE 27 ­ LUNDI 28 OCTOBRE 2019 france| 9

A l’ENA, dernière réforme avant liquidation


Alors que la suppression de l’école est annoncée, son directeur veut encore la faire évoluer


P


atrick Gérard sera sans
doute le dernier directeur
de l’ENA, mais il ne se ré­
sout pas à inaugurer les chrysan­
thèmes. Emmanuel Macron a eu
beau annoncer la suppression de
l’Ecole nationale d’administra­
tion, son directeur ne renonce pas
à la réformer. Le 27 novembre, il
présentera une refonte de la sco­
larité qui sera appliquée dès 2020.
Fin novembre, c’est pourtant le
moment où l’avocat Frédéric Thi­
riez rendra un rapport où il de­
vrait être largement question de
ce creuset de l’élite politico­admi­
nistrative du pays. L’ancien prési­
dent de la Ligue professionnelle
de football, énarque lui­même, a
été missionné par le président de
la République lors de la confé­
rence de presse présidentielle
post­« gilets jaunes », le 25 avril.
Depuis, il planche avec Florence
Méaux, responsable de la mission
« cadres dirigeants » de l’Etat, et
Soraya Amrani­Mekki, profes­
seure de droit, à une vaste réforme
de la haute fonction publique. Em­
manuel Macron considère en ef­
fet que, pour répondre au « man­
que de confiance dans les élites » de
la population, il faut faire table
rase de l’existant et tout rebâtir.
A quoi bon, dans ces conditions,
réformer la scolarité d’une école
aux jours comptés? « De toute fa­
çon, ce qu’on fera servira toujours
à la formation des hauts fonction­
naires », confie Patrick Gérard. Par
ailleurs, poursuit­il, « ce n’est pas
parce qu’est envisagée une ré­
forme de la formation de tous les
hauts fonctionnaires qu’il faut

renoncer à améliorer la formation
existante pour les élèves en cours
de scolarité ». Car, en effet, les pro­
motions continuent de se succé­
der à Strasbourg dans l’ancienne
prison devenue école de manage­
ment public. « On a des élèves, on
en recrute, rappelle M. Gérard. On
ne va pas arrêter de faire évoluer la
scolarité. Sinon, autant fermer la
boutique tout de suite. »

« Plus opérationnels »
Le projet de M. Gérard est radi­
cal : « A partir de 2020, notre en­
seignement sera uniquement
fondé sur les compétences, expli­
que le directeur. C’est un virage
par rapport aux enseignements
d’aujourd’hui qui font encore la
part belle aux cours théoriques
sur le droit, l’économie ou le ma­
nagement public, par exemple. »
Schématiquement, cela signifie
que les futurs hauts fonctionnai­
res recevront une formation qui
ne sera plus organisée autour
des connaissances mais autour
des compétences pratiques. « Les
élèves que nous accueillons sont
plus armés sur le plan académi­
que et intellectuel qu’autrefois,
justifie­t­il. Il nous faut donc les
rendre plus opérationnels. On va
partir de la question : qu’est­ce
qu’on attend d’un haut fonction­
naire? On définit des compéten­
ces, et on part de là pour cons­
truire la formation. »
Concrètement, une dizaine
d’entre elles ont déjà été identi­
fiées. Il s’agit, par exemple, de
tout ce qui tourne autour de « la
décision, du leadership ou des

compétences interpersonnelles ».
Les énarques apprendront à « per­
cevoir, dégager et faire prévaloir
l’intérêt général dans les situa­
tions auxquelles ils sont confron­
tés », « à décider ou à proposer des
décisions ». Ils devront égale­
ment apprendre à « monter un
projet et le décliner jusqu’au ter­
rain, en tenant compte de la réac­
tion des gens ». Mais il est égale­
ment question d’« expression en
public », d’« incarnation de l’Etat »
ou de « réduire le nombre de nor­
mes en apprenant qu’elles ne sont
pas la solution à tout ».
En réalité, l’ENA enseigne déjà
les compétences. Cela représente
même 60 % du corpus, reconnaît
M. Gérard. Mais le directeur pro­
pose un coup de barre décisif en
faisant de cette approche la base
de tout.

« Défaut de cohérence »
Pour certains, le directeur se
trompe de cible. « J’ai refait le tour
de certains de mes anciens étu­
diants sortis récemment de l’ENA,
indique par exemple Christophe
Strassel, magistrat à la Cour des
comptes et rival malheureux de
M. Gérard à la direction de l’école.
Tous disent que l’acquisition des
techniques de négociation, de
management, de rédaction de
textes juridiques sont bien ensei­
gnées. D’ailleurs, la part réservée
aux connaissances n’a jamais été
prioritaire dans la scolarité de
l’ENA, puisque celle­ci s’est tou­
jours définie comme une école
d’application. » Pour M. Strassel,
ce qui manque dans ce cursus,

« c’est un contact avec la recher­
che et d’autres façons de penser
ou d’aborder les problèmes ».
Une étudiante, qui préfère
conserver l’anonymat, confirme.
« Je ne trouve pas que les enseigne­
ments manquent de sens pratique
aujourd’hui, dit­elle. Ce n’est pas
ça le problème. Le problème, c’est
le défaut de cohérence entre les en­
seignements. On a une impression
d’éclatement et de superficialité.
On ne va jamais au fond des cho­
ses. » Mais la jeune femme en tire
des conclusions contradictoires
avec celles de M. Strassel : « Cela
ne peut pas faire de mal de mettre
un peu plus de compétences. »
Au reste, c’est un mouvement
de fond. De nombreuses autres
écoles françaises ont basculé
dans ce que Daniel Keller, prési­
dent de l’Association des anciens
élèves de l’ENA, appelle « la révolu­
tion des compétences ». C’est le cas
de l’Essec ou de Sciences Po, indi­
que Francesco Marchi, professeur

à l’Essec et animateur d’un cycle
sur la négociation à l’ENA. « Elles
misent sur les compétences des
étudiants dans la résolution des
problèmes, explique M. Marchi.
On le sait, l’intelligence artificielle
nous doublera sur les connaissan­
ces. Mais nous garderons l’avan­
tage sur l’intelligence émotion­
nelle, la créativité, et c’est là qu’il
faut investir. L’ENA s’en inspire et
c’est une chose très positive. »

« Patrick Gérard en a marre »
Décider, poursuit Daniel Keller,
s’apparente au saut en parachute :
« Quand vous faites tout bien, il y a
des chances que vous atterrissiez.
Mais le risque de se tromper existe.
Il faut donc travailler l’autonomie
et la responsabilité, créer les leviers
de la confiance pour que les gens
aient envie de sauter en parachute.
Or, c’est un peu aux antipodes de la
conception pyramidale, hiérarchi­
que de l’administration d’aujour­
d’hui. » Mais l’enjeu est important
à ses yeux : fabriquer de bons ma­
nageurs. « Aujourd’hui, les énar­
ques sont très bons dans la rédac­
tion des normes mais ils ne sont pas
toujours de bons décideurs. »
Encore faut­il, cependant, que
tout cela ne soit pas emporté par la
réforme Thiriez. « Patrick Gérard
en a marre », compatit un haut
fonctionnaire qui suit ces ques­
tions de près. Son mandat a, de
fait, été percuté par le missile pré­
sidentiel. Pour autant, poursuit
cette source, « il y a peu de chances
que la mission Thiriez s’inspire de
ses idées ». Fermez le ban.
benoît floc'h

« Aujourd’hui,
les énarques sont
très bons dans
la rédaction
des normes, mais
ils ne sont pas
toujours de bons
décideurs »
DANIEL KELLER
président de l’Association
des anciens élèves de l’ENA

S O C I A L
Les retraites de moins de
2 000 euros réindexées
Lors de l’examen en première
lecture du projet de loi de
financement de la Sécurité
sociale, les députés ont voté,
vendredi, la réindexation des
pensions des retraités les plus
modestes, une revalorisation
estimée à 1 % pour 2020. Les
retraités concernés sont ceux
qui perçoivent moins de
2 000 euros brut par mois.
Ils représentent les trois quarts
des pensionnés, soit 14 mil­
lions de personnes. Cette réin­
dexation était un engagement
pris par Emmanuel Macron
après le grand débat qui avait
suivi la crise des « gilets
jaunes ». Pour le reste, comme
l’an dernier, la hausse de la
plupart des prestations socia­
les sera limitée à 0,3 %.

Le nouveau service de
versement des pensions
alimentaires adopté
Lors de l’examen du projet de
loi de financement de la Sécu­
rité sociale, les députés ont
adopté à l’unanimité la créa­
tion en juin 2020 d’un nouveau
service public de versement
des pensions alimentaires à
destination des parents sépa­
rés, afin d’éviter les impayés.
Les caisses d’allocations fami­
liales (CAF) joueront doréna­
vant le rôle d’intermédiaire. Les
pensions seront payées par le
parent débiteur à l’agence de
recouvrement des impayés de
pensions alimentaires, qui se
chargera de les reverser immé­
diatement au parent créancier.
Ce service vise aussi à augmen­
ter le taux de recours à l’alloca­
tion de soutien familial, de
115,64 euros par mois et par
enfant, versée par la CAF aux
victimes de mauvais payeurs.

ACHÈTE AU PLUS HAUT COURS



  • Grands vinsde Bourgogne,
    Bordeaux &autres régions
    même très vieux ou imbuvables.

  • Champagneanciens
    Alcools&spiritueux
    (Cognac, Armagnac,Rhum, Chartreuse, Whisky...).


Rachatdecave complète ouàl’unité. Déplacements
et estimationsgratuits dans touteslaFrance.
Paiement immédiat.

06 74 16 07 78


Reproduction interdite

Tarifs01/01/19 Tél.:
1parution Prof essionnels Particuliers
Forfait 5lignes 65€ HT 65€ TTC

BonnesAdresses Forfait 10 lignes 110€ HT 110€TTC


ANTIQUITÉS


ACHAT AU DESSUS
DE VOS ESTIMATIONS
ET EXPERTISES
« ART D’ASIE » :
CHINE, JAPON
ET MOYEN-ORIENT
06 07 55 42 30
P. MORCOS
EXPERT CNE
✶Porcelaines et Bronzes
✶Cristal de Roche
✶Corail et Ivoires Anc.
✶Jade blanc et couleurs
✶Cornes et Laques
✶Peintures et Tissus anc.
✶Manuscrits et Estampes
DEPLACEMENT
PARIS – PROVINCE
[email protected]

Canapés &Fauteuils Club


Haut de gamme


80, rue Claude-Bernard
75005 Paris
Tél. :01.45.35.08.
http://www.decoractuel.com

L'INDÉMODABLE,L’IRREMPLAÇABLE
plus de 80 ans et toujours plus de succès!

Fauteuil CLUBàpartir de 990€


Canapés &Fauteuils Club


Haut de gamme


LIVRES


ACHÈTE LIVRES ANCIENS
du 16eau 19e, manuscrits, atlas,
incunables, livres illustrés 20e:
Dali, Miro, Chagall, Picasso, etc.
Expertise gratuite.
[email protected]
Tél. 06 80 06 54 24

BIJOUX


PERRONO-BIJOUX



Anciens. Occasions argenteries.
Brillants. Pierres précieuses.
Création & transformation
réparations. Achats ventes.
Echanges sélectionné par le guide
PARIS PAS CHER




OPÉRA : angle bd des Italiens
4, rue de la Chaussée d’Antin
Tél : 01 47 70 83 61


JAMESlecouturier de l’homme
Le prêt-à-porteràvotremesure
APRÈS 45ANS D’EXISTENCE

Du mardi auvendredi de14 h30à19heures,
Samedi de10 h30à13heures et de14 h30à19heures
53,rue d’Avron-75020 PARIS-Tél. :01.43.73.21.

Merci àtous
nos clients

*Dans la limit

edes stocksdisponibles

Remiseà-50 %sur tout le magasin*


Petites
et
ACHÈTE grandestailles
Mobilier de toutes époques
Pianos droits & à queue
Machines à coudre à pédale
Manteaux de fourrure
Sacs à main & foulards
Briquets Dupont, Cartier...
Bijoux anciens & modernes
Ménagères & Argenterie diverses
Vaisselle et bibelots divers
Tableaux & sculptures
Livres anciens & contemporains
Objets asiatiques : vases, assiettes,
Bouddhas, ivoire...
Objets militaires : sabres,
fusils de chasse, médailles...
Pendules & horlogerie
Montres de marque
Vieux vins et champagnes.
N’hésitez pas à me contacter
pour tout renseignement
MAISON CHARLES HEITZMANN
06.19.89.55.
01.40.55.46.
DÉPLACEMENTS RÉGULIERS
ET GRATUITS SUR TOUTE LA FRANCE
Paiement comptant immédiat
[email protected]
http://www.antiquaire-heitzmann.fr

ef

[email protected]✆01 57 28 38 52

ef

RUBRIQUEIMMOBILIER
(tous les mercredis & samedis)

Vos acheteurs et locataires
sont parmi nos lecteurs.

LIGNAGE
à partir de 65 €

MODULES
à partir de 380 €

RUBRIQUEBONNES ADRESSES
[email protected] - 01 57 28 29 94
Free download pdf