FRANCE.
← Dessin de Glez paru
dans Journal du jeudi,
Ouagadougou.19
direction du parti doit se réunir
afi n d’établir la ligne à adopter
sur la question migratoire. Pour
tous ses députés, le message est
clair : Macron ne tolérera aucune
dissension.
—Martina Meister
Publié le 18 septembremunicipales, avec la présiden-
tielle de 2022 dans sa ligne de
mire. En prônant une ligne plus
rigide, il compte couper l’herbe
sous le pied à la populiste d’ex-
trême droite Marine Le Pen.
“La question est de savoir si nous
voulons être un parti bourgeois ou
pa s”, a affi rmé Macron devant les
élus LREM. Et d’ajouter que les
“bourgeois” n’ont pas de problème
avec la question des migrants,
pour une simple raison : “Ils ne la
croisent pas. Les classes populaires
vivent avec.” Le président s’en
est également pris de manière
explicite au parti socialiste qui,
pendant des décennies, n’aurait
pas voulu agir face à l’immigra-
tion clandestine et au dévelop-
pement de sociétés parallèles
dans les banlieues. “Les classes
populaires ont donc migré vers
l’extrême droite. On est comme les
trois petits singes : on ne veut pas
regarder.” Il a enfoncé le clou :
“En prétendant être humaniste,
on est parfois trop laxiste.”
Juste avant le débat parle-
mentaire du 30 septembre, la
“Chef-d’œuvre
d’hypocrisie”
●●● À l’échelle européenne,
l’approche d’Emmanuel
Macron à l’égard de la
politique migratoire est,
selon The Telegraph, “un
chef-d’œuvre d’hypocrisie”. En
témoigne son double discours.
Le président français “entend
tirer profi t de la crédibilité
libérale que lui procure le fait
de défendre l’ouverture des
frontières, tout en gardant
le contrôle de la population
et des ressources de son pays”,
juge ainsi le quotidien
britannique. “Il veut le beurre
et l’argent du beurre.”
Cela s’illustre également dans
ses relations avec les autres
pays de l’Union européenne :
le chef d’État français s’est
ainsi entendu avec le président
du Conseil italien, Giuseppe
Conte, au sujet de
l’immigration, après plusieurs
mois de tensions. Lors d’une
rencontre le 19 septembre,
Emmanuel Macron a soutenu
“la nécessité d’un mécanisme
européen pour la gestion des
débarquements”, indique le
journal italien La Repubblica.
Une proposition italienne
qui a d’ailleurs fait l’objet d’un
accord lundi 23 septembre lors
d’un minisommet européen.
Les ministres de l’Intérieur
de Malte, de la France, de
l’Italie, de l’Allemagne et de la
Finlande ont en eff et accepté,
comme l’explique Il Corriere
della Sera, “qu’une fois
débarqués, les demandeurs
d’asile [soient] transférés
dans les États signataires de
l’accord”. Une façon d’éviter
que “les procédures d’accueil,
mais aussi celles de
rapatriements de ceux
qui arrivent, ne [pèsent
exclusivement] sur les épaules
des pays où débarquent
les migrants”, explique
encore La Repubblica.
En parallèle à ce nouveau
pacte de solidarité européen,
lors de leur rencontre Conte et
Macron “ont aussi soutenu un
argument que l’extrême droiteavance depuis longtemps”,
constate Politico, à savoir
“qu’il faut que l’UE conclue
avec les pays africains des
accords bilatéraux permettant
le rapatriement automatique
des migrants économiques”.
Accueillir des demandeurs
d’asile et non les “migrants
économiques”, c ’é t a i t
la condition avancée
par le président français pour
accepter que “les réfugiés
recueillis par les navires
de sauvetage” rejoignent
la France, soulignait avant
le sommet maltais la
Frankfürter Allgemeine
Zeitung. C’est aussi un
argument toléré aujourd’hui,
alors qu’en 2015, déplore
The Telegraph, “c’était
pratiquement considéré
comme du racisme”.Populiste
ou populaire
●●● En demandant à sa
majorité de se montrer “moins
bourgeoise et plus populaire”,
Emmanuel Macron affi che
son “intention de conquérir
ou de reconquérir les électeurs
traditionnellement
conservateurs”, juge le média
espagnol ABC. Il invite même
ses députés et ses ministres
à s’approprier des “sujets chers
à la droite et à l’extrême droite,
à commencer par le
communautarisme – assimilé
à un ‘danger’”. Pour le site
ibérique, le chef d’État français
privilégierait une “stratégie
ayant quelque chose d’à la fois
‘populaire’ et ‘populiste’.
Populaire parce que le
président souhaite recruter
des électeurs sur les terres
traditionnelles de la familleLe Pen, mais populiste parce
que Macron adopte le terme
‘populaire’ comme le font les
populistes Trump ou Le Pen...”
À quelques mois des
municipales et alors que
“les électeurs catholiques,
conservateurs et centristes
sont les principaux appuis
sociaux de Macron”, cela
“n’a rien d’anodin”.Vu de l’étranger
SOURCED I E W E LT
Berlin, Allemagne
Quotidien, 119 000 ex.
welt.de
“Le Monde”, porte-drapeau
des éditions Springer,
est une sorte de Figaro
à l’allemande. Très complet
dans le domaine économique,
il est aussi lu pour ses pages
concernant le tourisme
et l’immobilier. Notamment
avec sa rubrique d’analyse,
le journal se revendique
conservateur. Il est
quotidiennement distribué
dans plus de 130 pays.PREMIÈRES DEMANDES D’ASILE ont été enregistrées
par l’Offi ce français de protection des réfugiés et apatrides
(Ofpra) entre les mois de janvier et de mai 2019, soit
une hausse de 7 % par rapport à la même période en 2018.
“La plupart des demandeurs d’asile viennent de Géorgie,
d’Albanie, d’Afghanistan, de Guinée et de Côte d’Ivoire”,
détaille la Frankfurter Allgemeine Zeitung.48 000
À la une
LA RÉPARTITION
DES MIGRANTS
“Malte, l’Italie, la France et
l’Allemagne trouvent un accord
pour le sauvetage des
migrants”, titre le Times of
Malta, mardi 24 septembre.
La veille, lors d’un minisommet,
les ministres de l’Intérieur
de ces quatre pays, ainsi
que la Finlande, ont convenu
d’un mécanisme de répartition
des migrants qui arrivent
dans les ports méditerranéens.
“Le document sur lequel
les quatre pays se sont mis
d’accord n’est pas défi nitif
mais devrait permettre
de soulager la pression
migratoire sur des pays
comme Malte et l’Italie
jusqu’à ce qu’un accord
durable et élargi à toute
l’UE soit trouvé”, explique
ainsi le quotidien. Le sujet
sera au cœur des discussions
lors d’un sommet européen
prévu pour le 8 octobre.