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Les richesses, les ressources, les libertés sont
mal partagées. 36 cartes et infographies
pour mieux comprendre ces fractures mondiales
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Frais de port
o erts
une époque idéalisée, dit-il. L’ i d é e
qu’il existait alors quelque chose
de mieux ou de différent que l’on
essaie de récupérer comme une part
du patrimoine ne cesse de gagner
du terrain.”
Le nouvel élan donné à ce sport
a éveillé l’intérêt des milieux d’af-
faires noirs, les agences de tou-
risme, les établissements de jeu et
les sociétés événementielles étant
particulièrement avides d’inves-
tir. Mais ce passage de l’obscurité
à la lumière a des effets pervers.
“Aujourd’hui, on veut gagner à tout
prix, observe M. Puzi. L’a m o u r d e s
chevaux, qui constituait l’essence
de ce sport, est en train de décliner.
L’important, désormais, c’est leur
capacité à rapporter de l’argent à
leurs propriétaires.”
Cependant, dans ce pays où
le taux de chômage des jeunes
dépasse 55 %, ce sport revêt un
gros potentiel. Lubabalo, par
exemple, a déjà une idée concrète
des gains que sa réussite peut
représenter pour les siens. En
rangeant sa tenue de jockey dans
son vieux sac en cuir, il montre du
doigt un générateur diesel grâce
auquel sa famille n’est jamais
privée de lumière. “On a pu l’ache-
ter grâce à mes victoires, indique-
t-il. En tant que fils aîné, je vais
devoir m’occuper de ma famille
quand mon père ne sera plus là.”
Compte tenu du mauvais état
des routes, il faut une heure et
demie de voiture pour se rendre
de la ferme des Gibson jusqu’à
la bourgade de Butterworth, où
se déroule la course. M. Gibson
se gare au milieu d’une flopée
de remorques à chevaux, sur le
flanc d’une colline qui forme un
amphithéâtre naturel. Une foule
impatiente s’est déjà massée à
proximité de la ligne d’arrivée
de la piste de 1 400 mètres, le
long de deux rangées parallèles
de pneus de voiture qui déli-
mitent le parcours.
Lubabalo enfile sa culotte
de cheval et sa casaque jaune
vif, puis s’assied à l’arrière de la
voiture pour attendre. Il a l’air
calme, ce qui n’est guère surpre-
nant quand on sait qu’il court
depuis l’âge de 5 ans – ce qui est
assez courant dans les courses
traditionnelles. Mais les enjeux
sont plus élevés que Lubabalo
ne semble le penser. Pour M.
Gibson, les victoires de son fils
aîné sont un rempart contre des
fléaux sociaux dont sont victimes
beaucoup de jeunes dans le pays.
“Ma première préoccupation a été
la délinquance que je voyais autour
de moi, et tous ces jeunes accros à la
drogue et à l’alcool”, raconte-t-il.
De jeunes champions. “Je me
suis dit que mon fils devait faire
quelque chose qui lui permette plus
tard de gagner sa vie et d’occuper
son temps en dehors de l’école. Ce
sport offre une occupation à beau-
coup de garçons comme lui. Il peut
les sauver.” Il y a aussi l’espoir de
voir de jeunes champions bous-
culer les idées de la communauté
majoritairement blanche des joc-
keys professionnels de courses
hippiques. “Ces gens considèrent
les chevaux vendus à des Noirs
comme des bêtes condamnées à
mourir. Ils ont une vue très néga-
tive de notre sport, souligne M.
Puzi. Ils ne comprennent pas que
lorsqu’on acquiert ces chevaux ils
deviennent des membres de notre
famille. On s’en occupe mieux
que dans les écuries de l’hippisme
offic iel.”
À la mi-journée, la chaleur
commence à tomber, et le ciel
se charge de nuages noirs mena-
çants en provenance de la côte.
Lubabalo se hisse sur le cheval
de son père. M. Gibson resserre
la selle et vérifie les étriers, alors
qu’une foule d’hommes com-
mencent à chanter des hymnes
en xhosa d’une voix grave. Les
participants traversent le ter-
rain au trot pour prendre place
à la ligne de départ. Après deux
faux départs, la course com-
mence et Lubabalo prend rapi-
dement la tête.
À mesure que le bruit des sabots
au galop se rapproche de la ligne
d’arrivée, les spectateurs sont
gagnés par une frénésie crois-
sante. Comme souvent, Lubabalo
est le premier à franchir la ligne
d’arrivée. M. Gibson traverse en
courant le nuage de poussière
soulevé par le cheval de son fils
en criant à tue-tête : “Le jugement
final a été rendu !”
—Christopher Clark
Publié le 26 juillet
“Ma première
préoccupation a été
la délinquance.”
George Gibson,
ÉLEVEUR DE CHEVAUX
Une foule d’hommes
commencent
à chanter des
hymnes en xhosa
d’une voix grave.
Le peuple
xhosa
●●● Les Xhosas
représentent près
de 18 % des 56,7 millions
d’habitants (chiffre de
2017) que compte
l’Afrique du Sud. Ils
constituent le deuxième
groupe du pays après les
Zoulous, groupe ethnique
le plus important, qui
représente quant à lui
24 % de la population
sud-africaine. Après avoir
été confinés dans des
bantoustans – territoires
réservés aux Noirs
pendant l’apartheid
(1948-1991) –, les Xhosas
ont recouvré la
nationalité sud-africaine
en janvier 1994, année
de la disparition des
bantoustans. Les Xhosas
sont établis dans l’est
du pays. Parmi les
personnalités d’origine
xhosa, citons les anciens
présidents Nelson
Mandela et Thabo Mbeki.
← Le final d’une course de chevaux près
de Butterworth, en Afrique du Sud.
Photo Christopher Clark/The Christian Science Monitor