Plein lesyeux.Hère du temps. ParFrédéric Potet
Il n’estpas fréquent devoir un auteur,debande dessinée
ou autres, dédicacer son ouvrage au sans-abri qui dort dehors,
en bas de chezlui.«Jedédiece livreautypeavec son Caddie
qui vivait sous le viaduc de Culver entrela2eAvenue et la
10 eRue,àBrooklyn, aux environs de 2009-2011 »,écrit Jason
Little en préambuleàcet album petitformatrelatant le
quotidien d’unhomelessen piteux état. Clochardpas vraiment
céleste,Borb souffredes dents, des pieds (atteints de nécrose),
de delirium tremens. Il sent horriblement mauvais, ne parle
quasiment pas et ne sait plus lire. Dernier parmi les derniers,
Borb dort dans un carton etfait ses besoins dans un sac en
papier,quand sacondition de pauvrehèrenelemet pas
dans des situationsrocambolesques.Le lecteur ne sait pas
sur quel pied danser.Doit-il riredes turpitudes decetteépave
humaine?Ous’apitoyersur sa détresse muette?«Cen’est
qu’un clochard»,ont beau s’amender les passants,coupables
d’indifférence, le malaise estconstant. Entreles saynètes
finalement plus amères que douces, Jason Little instruit
le procès d’unsystème social américainfaisant peu de cas
de ses laissés-pour-compte.
Borb,de JasonLittle. Traduit de l’anglais(États-Unis)
parLéa Guidi. Glénat,coll. «Glénaaarg!»,86p., 12,75€.MLemagazine du Monde —21 septembre 2019
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