dans l’univers deÇa.«Jevoyais la lumièrerouge s’allumeravant
chaque direct, signal que j’apparaissaisàl’écran,explique lecomé-
dien.Je me sentais défaillir,magorge se serrait, je ne trouvais plus
mes mots. »Des années d’antenne n’y changent rien.«J’aiadapté
monrégime alimentaire,essayéla méditation, apprisàgérer la peur,
sans jamais l’éradiquer.Jebutais systématiquement sur ma première
ligne de dialogue,exactementcomme dansÇa.»Un jour,lec omé-
dien Jeff Bridgesavait résuméce sentimentétrange :«Jeserais
inquiet si je n’avais jamais peur.Aulieu decombattreton démon, il
faut vivreaveclui. »
Le talent particulier de Bill Hader dans«Saturda yNight Live»
résidait dans l’imitation. Il incarnait AlPacino,Tom Cruise,Arnold
Schwarzenegger mieux que personne,aupointdetransformer
chacune de ses personnifications en classique de lacomédietélé-
visuelle.Ilnesecontentait pas de caricaturercesacteurs, il insistait
sur un point précis de leur physique :lav oix dePacino,les ourire
de Cruiseavec son rireirrépressible,lac oiffuredeSchwarzenegger,
caractéristiquestoujours pousséesàl’extrême,comme si l’essence
d’un individutenait àununique fil qu’il suffirait de tirer.«J’aigrandi
àTulsa, dans unefamille où rien ne prédestinaitau show-business.
Mais uneremarque d’un de mes professeurs d’école m’avait frappé :
j’étaisdoué pour l’imiter.Dans “SaturdayNight Live”, j’imitais sur-
tout des gens qui m’impressionnaient. J’enconcevais ducoup
d’énormes migraines, me trouvais victime d’attaques de panique.»
Àpartir de la fin des années 2000,les apparitionsdeBill Hader
surleg rand écran se sont d’abordrésuméesàdes rôles secondaires,
dansce qui constitue les meilleurescomédies américaines des
dix dernières années:unflic mélancolique dansSuperGrave(2007),
de Greg Mottola;lec adred’un studio de cinéma, auxcôté sdeson
patron incarné parTomCruise dansTonnerresous les tropiques
(2008), de BenStiller;unmilitaireportésur la marijuana dans
DélireExpress(2008), de David Gordon Green;puis son premier
rôle romantique,aux côté sd’une autrecomédienne destand-up,
AmySchumer,dansCrazy Amy(2015), de Judd Apatow.
Si Bill Hader peut incarner n’importequel personnage,dans tous
les registres, il n’avait encorejamais eu l’occasion d’êtrelui-même.
C’es tlecas depuis le lancement, en 2018, sur HBO(enFrance
sur OCS), deBarry,lasérie qu’ilcoécrit,réalise en partie,etd ont
il tient lerôle principal. Hader incarne un sniper,vétéran de la guerre
en Afghanistan, devenu tueuràgages, envoyéàLos Angeles pour
un contrat.Afin d’approcher sa cible,ili ntègreuncours de théâtre
et se prend de passion pour le jeu.Barryrepose sur unconflit aussi
drôle que tragique:celui d’un individu qui seraitàlaf ois un tueur
froid, destinéàresterdans l’anonymat, et un acteurhypersensible
aspirantàlal umière.«Undilemme impossible »,reconnaît son
créa teur dansce qui constitue l’une des séries les plusréussies
de cesdernières années. Dans letout premier épisode,Barry sefait
traiter d’«acteur de merde »par son professeur d’art dramatique.
Pour expliquer ses difficultés, le personnage luiavoue êtreuntueur
àgages, déprimé par son travail, persuadé devaloir mieux que ça.
Le professeur prendcetteconfession pour une improvisation et lui
ouvreles portes de soncours d’art dramatique.
Avec le succèsdeBarry,lap eur,pour Bill Hader,sematérialise
désormais dans une salle d’écriture.«J’écris encemoment
la troisièmesaisonavec mon partenaireAlec Berg. Je travaille aussi
sur le scénario d’un long-métrage.Jenedors pas la nuit, malgré
les cinq scénaristesquicomplètent notreéquipe sur la série.Jeme
demandetoujourscomment nous allons passer au prochain épisode.
Nousyparvenons pourtantàchaquefois... jusqu’àprésent. »
Ça :chapitre 2(2 h50),d’andyMuschietti.avecBill skarsgård,
JessicaChastain,JamesMcavoyetBillHader, ensalle le11 septembre.
Barry,saisons1et2disponiblessurOCs.
DE LARÉGIONPRÉFET
Anna Boghiguian,L’Alchimiste,2011, gouache sur papier,30x40cm, exemplaireunique©Courtesydel ’artisteFESTIVAL
D’AUTOMNE
ÀPARIS
10 sept—31déc 2019
festival-automne.com