J’ai vécu àLondres,àAnvers,
àSaint-Sébastien...J’aibeaucoup
déménagéetj’aiconservépeu d’affaires,
la plupartsontdanslamaisondemes
parents, àBilbao,oùjesuisnée.Cebrace-
let, lui, nem’apas quittéedepuisque je l’ai
trouvé en 2003 chez Mado,une boutique
de vintagehistoriquede Rome.Cesont
descorauxanciensremontéssur une
manchette. J’adoreson design,sacouleur,
c’estunepièce quiaune présence,qui
fait parler. Et quandje dois fairefaceàune
situationcompliquée, je portecebracelet
pourmedonner dela force, de l’assurance.
Aumêmetitreque monrougeàlèvres, je
considèrecebijoucommeune armure.Par
ailleurs,ilaaussi unehistoireetj’aimeles
objets quiont vécu.Souvent je questionne
lesvendeurs surl’originedes vêtements
que j’achète.Celavient sûrementdel’intérêt
pourl’histoireque monpèrem’a transmis.
Quandj’étaispetite, il merapportaitsou-
vent desreproductions de bijoux antiquesde sesvisites dansles musées.Jeles
ai toujours gardées. C’estégalementcet
héritagepaternelqui m’aamenée là où
je suis.J’aiétudiél’histoireetlapolitique
internationaleavantde découvrirquela
mode pouvaitêtre unedisciplinescientifique,
queje pouvais en faireunmétier. Je
mesouviensde masurpriselorsque j’ai
découvertdanslalibrairiede la National
PortraitGalle ry de Londres, l’étendue du
rayond’histoiredelamode.J’aicompris
qu’ilyavaitunedisciplineémergente,que
l’on pouvaitdésormaisl’envisager d’un point
de vueintellectuel. J’ai alorsentreprisun
master d’histoiredelamode au Courtauld
InstituteofArt de Londres. Aujourd’hui
quandje tombesur despiècessignées dans
desboutiquesvintage,mapremière réaction,
c’estd’appelermon équipepourvoir si
on peut lesacquérir.Déontologiquement,
je ne mesentirais pasdeles acheterpour
lesgarder pourmoi,leurplace est
dansunmusée.Le bracelet de
MirenArzalluz.
AprèsAvoir géré lAcollection de lA FondAtion cristóbAl bAlenciAgA,
l’historienneApris lA direction dupAlAis gAllierA, le musée de
lA mode de lA ville depAris. elleAhérité de son père uneFAscinAtion
pour les objetsqui ont une histoire,comme ce bijou vintAge.proposrecueillis parVickychahine200VickyChahineMLemagazine du Monde —7septembre 2019