imposant, renforcé par Laurette Onkelinx et Louis Michel en
pochette-surprise de la grille (lire notre « Off »).
À la rédaction bruxelloise – moyenne d’âge, 30 ans – les JRI
( journalistes reporters d’images) affûtent leur smartphone
dernier cri (ni monteur, ni cameraman, on se débrouille tout
seul). Léger, réactif, avec des coûts maîtrisés, le dispositif am-
bitionne de cultiver sa spécificité. Boris Portnoy, un vieux de la
vieille de la prod télé, manager de Keynews et de Star, se frotte
les mains. Il revit au contact de cette équipe jeune qui le re-
plonge dans le bain de l’info à jets continus. Avec Martin
Buxant et Joan Condijts, il a imaginé les contours de cette
chaîne gratuite qui manquait chez nous, à la viabilité assurée
par ses autres actionnaires, Besix, Belfis, Icewatch et Daoust,
minoritaires. « L’indépendance éditoriale est ainsi garantie »,
intervient Joan Condijts, une condition sine qua non pour une
chaîne ambitionnant de parler économie et politique au cœur
de l’Europe, en phase directe avec le monde. Dans son business
plan, LN24 a prévu de recourir à la pub, apportée par la RMB
(régie de la RTBF). Quant à l’équilibre financier, il est attendu
dans les deux ans et demi.
Les présentateurs sont désignés : Pierre Fagnart le matin, Ca-
tarina Letor (ex-Contact et RTL) à la mi-journée, Maxime Bi-
net (ex-RTBF) en soirée au sein d’une rédaction d’une tren-
taine de jeunes pousses avec Michël Denutte (BFMTV), en jo-
ker, à l’édition, et présentateur du magazine « Demain ». Le
cadre éditorial est fixé. « Nous voulons toucher les jeunes actifs,
avance Joan Condijts. En leur donnant des clés d’analyse et de
décodage pour interagir dans leur boulot. On veut être bon en
économie et en politique dans une approche positive car l’esprit
d’initiative est bien réel en Belgique et il faut le soutenir. On
veut aussi parler de la Flandre, ce qui s’y passe d’important, et
ce le jour même car cela nous paraît essentiel. »
ÉRIC NAULLEAU POURRAIT REJOINDRE LA CHAÎNE,
COMME SIGNATURE REMARQUÉE
L’esprit start-up souffle ici. Dans un bureau proche, Stéphane
Rosenblatt s’active, à la fois conseiller et futur présentateur
d’unmagazineaxésurlesÉtats-Unis.Ironiedusort,delafe-
nêtre, il aperçoit RTL, son ancienne « maison », de l’autre côté
de la rue. Le casting est pratiquement bouclé. « J’avais songé à
François Lenglet pour des billets sur l’économie. Il était tenté.
Mais il est pieds et poings liés à TF1 par une clause d’exclusivi-
té », rajoute Joan Condijts, qui travailla quinze ans au service
économie du « Soir » et occupa pendant six ans le poste de ré-
dacteur en chef de « L’Écho » avec le succès que l’on sait. « Eric
Naulleau pourrait aussi nous rejoindre,glisse Boris Portnoy. Il
reste simplement à étudier son emploi du temps pour voir si
c’est possible... »
Les news serviront de charpente et d’objectif à LN24. Avec des
tranches info (des accords sont signés avec CNN, AFP et Reu-
ters), des magazines maison, des documentaires triés sur le vo-
let, des hard news tous les quarts d’heure, de la culture et
même du foot le dimanche soir avec le « Super Sunday ». Le
soir, place au grand débat. Présence active de 6 à 23 heures
avec un rythme un peu moins soutenu la nuit. On envisage aus-
si de diffuser des « late shows » américains, dès qu’ils seront
traduits. Puis de lancer la radio en janvier 2020 et d’intervenir
sur tous les écrans : TV, web, app, en langage digital. Le défi
sera-t-il relevé? Certains n’y croient pas mais c’est compter
sans la forte mobilisation des LN24. La chaîne n’arrive pas en
terrain conquis. Le marché est étroit. Joan Condijts ne veut pas
s’arrêter à ces considérations. À 43 ans, il tente un pari un peu
fou, porté par son expérience et animé d’une forte envie.«À
titre personnel, en racontant la vie des entrepreneurs, j’ai
constaté que la longévité dans le management se réduit de plus
en plus vite. Je pouvais demeurer où j’étais. Mais il faut pou-
voir partir au bon moment. »Voilà pour ce qui le concerne.
Mais il voit et défend aussi l’intérêt de monter ce projet à titre
collectif : « Sans chaîne info 100 % belge, il y a une faille dans
le débat démocratique. LN24 veut se démarquer en renvoyant
du pays et de nous-mêmes, de nous tous, sans élitisme, une
meilleure image ».
Bernard Meeus
« Soir mag » publiera les grilles de LN24 dès le 2/9. À voir sur
le canal 12 de VOO, 16 de Telenet (140 en Flandre), 18 de Proxi-
muset 90 d’Orange.
les esprits
Martin Buxant (ex-RTL)
et Joan Condijts (ex-
« L’Echo »), les deux créa-
teurs de LN24, ont quitté
des postes confortables
pour un défi professionnel
ambitieux et... risqué. LN24