La Revue Nationale De La Chasse N°864 – Septembre 2019

72 La Revue nationale de la chasse - No 864 septembre 2019

Dossier

besoin les choses. Elle a aussi aidé à

mieux identifier l’influence des dif-

férents facteurs environnementaux

(géologie, climat...) qui ont contribué

à structurer les populations, et à faire

diverger espèces et sous-espèces. Or-

ganiser ce travail sur un aussi large

périmètre fut un challenge, soumis

à une importante collecte d’échantil-

lons dans de nombreux pays, sur des

stations parfois séparées de plusieurs

milliers de kilomètres. C’est la pre-

mière entreprise du genre conduite

à ce jour à si grande échelle, avec une

couverture aussi complète de tout le

Paléarctique.

La Chine, berceau de tous

les faisans communs

Ce travail a permis de prouver que

le faisan chinois, appartenant à la

sous-espèce Phasianus colchicus ele-

gans, forme un groupe particulier

génétiquement distinct, qui se trou-

verait à la base de l’arbre généalogique

de tous les faisans communs.

C’est leur grand ancêtre en somme, ce

qui revient à confirmer que la Chine,

(notamment les forêts du Sichuan

et du Yunnan), est bien le berceau

de l’espèce. Les datations effectuées

révèlent une première divergence ob-

servée dans le genre Phasianus entre

les espèces Phasianus colchicus et ver-

sisolor, voici 4,3 millions d’années,

avec un maintien du génome origi-

nel en l’état jusqu’à nos jours chez le

faisan versicolore, qui s’explique par

U

ne récente étude sino-ira-

nienne très instructive,

publiée en anglais et in-

titulée Phylogéographie du

faisan commun Phasianus colchicus,

réalisée par des spécialistes iraniens

de l’université Ferdowsi de Mashhad

et des experts chinois des universités

de Pékin et de SunYat-Sen, a permis

d’approfondir nos connaissances sur

les origines des faisans communs et

de leurs sous-espèces, leur répartition

et les différentes routes de disper-

sion d’Est en Ouest. La phylogéogra-

phie aide en effet à mieux cerner les

processus historiques et biogéogra-

phiques qui expliquent les variations

génétiques au sein d’une même es-

pèce et entre les différentes espèces.

Cette étude, également basée sur des

recherches génétiques effectuées sur

85 échantillons appartenant à 17 sous

espèces de faisans communs parmi

les 30 en présence, a permis de vérifier

si ces analyses ADN reflétaient bien la

taxinomie actuelle, en précisant au

Hardwicke qui le classèrent dans

un genre différent, Syrmaticus, et

l’appelèrent faisan de Reeves (Syrma-

ticus reevesi) en hommage à son im-

portateur. Le premier spécimen ar-

rivé dans notre pays le 29 avril 1866

fut un mâle, envoyé par M. Dabry,

consul de France à Han-K’eou, suivi

d’autres oiseaux ramenés par M.

Champion qui aurait réalisé en

1870 la première tentative française

d’acclimatation du faisan vénéré

en milieu naturel, dans la forêt de

Cergy (58). Aujourd’hui, l’ONCFS

considère que la seule population de

faisans vénérés considérée comme

naturelle, c’est-à-dire installée et

Réalisée par des spécialistes iraniens et des experts

chinois, une étude nous a éclairés sur les origines des

faisans et de leurs sous-espèces.

des origines

L' h i s t o i r e

viable à long terme se trouve sur

l’île de Porquerolles, où elle existe

depuis les années 1974-1975.

• Faisan d'Elliot (Syrmaticus ellioti);
  Swinhoe 1872.


• Faisan de Hume (Syrmaticus
  humiac), Hume 1881.


• Faisan Mikado (Syrmaticus
  mikado), Olivie-Grant 1906.
  Cinq sous-espèces de faisans
  scintillants :


• Faisan scintillant (Syrmaticus
  soemmerringi scintillans), Gourld,
  1866,

... • Faisan de Shikoku (Syrmaticus

soemmerringi intermedius),

Kuroda, 1919.

• Faisan du Pacifique (Syrmaticus
  soemmerringi subrufus), Kuroda, 1919.


• Faisan de Soemmerring (Syr-
  maticus soemmerringi soemmerringi),
  Temminck 1830.


• Faisan d’Ijima (Syrmaticus
  soemmerringi ijimae),
  W. Beebe 1922. ◆

Faisan du

Pacifique

Faisan Kirghize (P. C. mongolicus) tiré dans son habitat

originel, au Kirghizstan.

P. D u r a n t e l