Festivals
Pendant cinq jours, les vieux murs de la
Rochelle ont résonné au son de l’éclectique
programmation de Gérard Pont. Savant
dosage entre têtes d’affiche telles que M,
IAMou Gaëtan Roussel, capables de
remplir la scène Jean-Louis Foulquier,
concerts plus intimes, comme ceux
d’Alain Chamfort ou de Jean-Jacques Debout,
présentation des artistes issus des Chantier
des Francos, et soirée thématique, consacrée
cette année au metal, avec Ultra Vomit
et Mass Hysteria. Entre deux shoots de
décibels, le festivalier pouvait assister à
des rencontres avec Jane Birkinanimées
par Didier Varrod, ou avec un Michel
Houellebecqplus houellebecquien que
nature qui évoquait une adolescence
rythmée par Black Sabbath, les Stooges
et Deep Purple. Le côté off offrait aussi
de belles surprises, comme La Vague, duo
mystique mêlant des influences hip-hop,
metal et world. Parmi les concerts
marquants, on retiendra celui de Radio
Elvis, garçons sauvages experts en rage
froide, avec ce plus que constituent les
textes de Pierre Guénard. On aime les
Francos pour les contrastes, quand se
succèdent, sur une même scène, la pop
pour matinée pluvieuse d’Alma Forrer,
dont les audaces vocales rappellent parfois
Jane B, et Kimberose, diva soul qui n’aurait
pas déparé le catalogue Atlantic des
grandes années. Le set de Hugh Coltman
et son brass band fut plus moite encore.
Cet Anglais échoué à Paris, truculent comme
un Buster Pointdexter, rugueux comme un
James Hunter, a de surcroit eu la bonne
idée de s’entourer du guitariste Freddy
Koella, formé à l’école DeVille/ Dylan.
On pouvait aussi se replonger dans ses
années lycée/ pataugas avec un Dick
Annegarnrévolté et grinçant comme au
premier jour. Et puis, il y eut cette soirée
magique : Jean-Louis Aubert, seul en scène,
ou presque, accompagné d’hologrammes
de lui-même et du “dragon”, une chaîne
de pédales d’effets dont il use tel un
laborantin démoniaque. La salle est debout
dès le premier morceau, mais Aubert ne
relâchera la pression qu’après le dernier
rappel, deux heures trente plus tard.
PIERRE MIKAILOFF
Photo Aurelle Bossan-DR
Francofolies
Laborantin démoniaque
10 AU 14 JUILLET, LA ROCHELLE
Les multiples facettes de la musique française étaient réunies
en Charente-Maritime, y compris Jean-Louis Aubert et ses hologrammes.