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N° 3873 du 30 août 2019ACTUALITÉS
◗ L’actualité estivale la plus commentée
a été la nomination de Dominique Boutonnat
à la tête du CNC. Comment l’accueillez-vous?
D’abord, je tiens à saluer l’action de Frédérique Bredin,
qui a notamment – pour notre secteur – mis en place la
réforme art et essai et la recommandation des films en
amont, ainsi que la création des postes de médiateurs. La
nomination de Dominique Boutonnat est intervenue dans
un contexte de méfiance, voire d’inquiétude, après le rap-
port de la députée LREM Marie-Ange Magne envisageant
notamment de plafonner les ressources du CNC. Celui
de Dominique Boutonnat est, lui, surtout focalisé sur la
production, qui a concentré l’essentiel des commentaires.
Nous serons attentifs à ce que la production bénéficie de
soutiens renouvelés et complémentaires à ceux existants,
sachant qu’il y a beaucoup d’autres chantiers: la distribu-
tion, la diffusion, l’éducation au cinéma, le patrimoine...◗ Une transaction a beaucoup fait parler
d’elle en juillet : la vente, par Michel Vermoesen,
des salles art et essai du Majestic et du Métropole
de Lille à UGC, désormais seul opérateur
intra-muros...
Cette situation suscite une double inquiétude. D’une part,
que le rapport de force, à Lille, soit défavorable aux dis-
tributeurs en raison de l’absence d’indépendants, ce qui
aurait des conséquences négatives en termes de diversité.
De l’autre, que les résultats en pâtissent. Sur un certain
type de films, nécessitant une approche un peu fine, les
salles art et essai sont en effet capables d’enregistrer[Exploitation]
FRANÇOIS AYMÉ LIVRE
SON BILAN ESTIVAL
Le président de l’Afcae revient sur les grands dossiers qui ont agité l’été,
de la nouvelle présidence du CNC aux difficultés de la distribution
indépendante. ■ KEVIN BERTRAND
de meilleurs résultats que les circuits, qui n’effectuent
pas le même travail d’animation et de partenariat que les
indépendants.◗ L’été a aussi été ponctué par les difficultés
de deux distributeurs indépendants : Mars Films,
placé en redressement judiciaire (cf. p.10), et Océan
Films, en liquidation judiciaire...
La liquidation d’Océan confirme malheureusement ce
que l’on pressentait plus ou moins. Pour Mars, c’est très
différent. C’est l’un des plus gros distributeurs français,
avec lequel toutes les salles art et essai collaborent beau-
coup, et qui réalise un vrai travail d’éditorialisation et
d’accompagnement des films. Nous sommes très attachés
à ce type de distributeurs, qui sont très peu nombreux. Il
y a donc une réelle inquiétude autour de la situation de
Mars, qui confirme qu’il s’agit d’un métier extrêmement
périlleux.◗ Parallèlement, l’été a été marqué
par les excellents résultats de Disney, près
de 32 millions d’entrées cumulées et 25,8% de PDM
à la mi-août. Comment analysez-vous cette
“hégémonie” à l’aune de l’intégration de la Fox?
Dans un premier temps, il faut se féliciter des succès des
films au-delà de l’art et essai. Il est très important d’avoir
de vraies locomotives, qui font (re)venir des spectateurs
dans les salles. Ceci étant dit, le mouvement de concen-
tration auquel nous assistons est, par sa dimension, à ma
connaissance inédit. Avoir un interlocuteur qui pourraitL
a première série événement de TF
pour la saison 2019-2020 vient d’être
lancée le 29 août. La Une n’a pas
lésiné sur la promotion pour soutenir
Le temps est assassin, adaptation du best-
seller de Michel Bussi (éd. Les Presses de
la Cité), portée par Authentic Prod en copro-
duction avec Federation Entertainement. Le
projet est devenu un 8x52 minutes réalisé
par Claude-Michel Rome et interprété entre
autres par Mathilde Seigner et Jenifer
Bartoli. Fortes du travail accompli sur cette
série, les deux productrices viennent de
prendre les droits d’un autre best-seller de
Michel Bussi, N’oublier jamais, pour un
6x52 minutes.
Pendant ce temps, le projet d’adaptation
du succès américain This Is Us s’accé-
lère, une série dont l’impact reste intactforme d’un 12x52 minutes pour la saison
inaugurale et devrait être en production en
janvier sous la double houlette de Renaud
Bertrand et Arnaud Selignac. Plusieurs
régions se disputent ce tournage. Adaptée
par Brigitte Bémol et Julien Simonet, Je te
promets relate, sur deux époques, la vie
d’une famille dont les trois enfants naissent
le soir de l’élection de François Mitterrand.L’ÉQUIPE S’ÉTOFFE
Le tournage de la saison 4 de Sam, série
phare de la société, pour TF1, s’est terminé
il y a peu. Celle-ci se penchera sur la jeu-
nesse de l’héroïne et accueillera un nouveau
personnage campé par Thomas Jouannet.
Une saison 5 est en écriture.
Le polar PJ 21 est aussi en développement
autour de la brigade fluviale de Paris. Tout[Production]
Authentic Prod met le turbo
Fondée par Aline Besson et Isabelle Drong, la société, qui a porté Le temps est assassin
pour TF1, avance sur d’autres projets phares, débute dans le documentaire, regarde
vers le cinéma et renforce sa structure. ■ FRANÇOIS-PIER PELINARD-LAMBERTréaliser près d’une entrée sur trois (entre Disney et la Fox,
Ndlr), cela pose question, notamment sur la capacité à
négocier de manière équitable. Nous espérons par ailleurs
que Disney prolonge le travail effectué par la Fox avec
Searchlight sur les films d’auteur américains, ce qui n’est
pas assuré. Nous avons besoin d’œuvres américaines de
qualité, fortes, qui tirent traditionnellement la fréquenta-
tion art et essai.◗ La fréquentation nationale était en hausse
de 4,6% fin juillet. Quid des salles art et essai?
Les salles de centre-ville des agglomérations sont en
général stables, tandis que celles des petites et moyennes
villes enregistrent une hausse à peu près dans la ten-
dance nationale. Il faut au passage souligner la progres-
sion significative des films art et essai. Ils ont engrangé
23 millions d’entrées sur la période, contre 18 millions
en 2018. Cette hausse correspond pratiquement à celle
de la fréquentation nationale, ce qui pourrait vouloir dire
que celle-ci provient des films recommandés. Avec de très
bons résultats pour le cinéma art et essai français, qui a
mieux résisté que le cinéma grand public français. On
peut, en outre, saluer le succès de Parasite et le travail
de son distributeur, The Jokers (avec Les Bookmakers,
Ndlr), qui a opéré une sortie raisonnable avec une part
très significative d’indépendants. ❖comme Douce France, un 8x52 minutes
développé par Vincent Garenq au cœur de
l’armée française. Authentic Prod a aussi
terminé la production d’un unitaire pour
France 3, Les secrets du château, réalisé
par Claire de La Rochefoucauld, qui sera
proposé en 2020.
La société se déploie aussi dans un genre
inédit pour elle, le documentaire. Sa pre-
mière proposition fera sûrement du bruit:
La chute de Carlos Ghosn. France 5 diffu-
sera cette plongée dans l’univers du tout-
puissant patron du groupe Renault-Nissan
jusqu’à son arrestation. Un 70 minutes réa-
lisé par Gilles Cayatte qu’il a coécrit avec
Rémy Dessarts. Enfin, la structure a auto-
produit un premier long, Femmes en peines
d’Arnaud Selignac, en recherche de distri-
buteur, et réfléchit aussi à des développe-
ments cinéma. Pour accompagner cette
montée en puissance des productions et
des projets, l’équipe d’Authentic Prod s’est
récemment renforcée avec l’arrivée de Clélia
Constantine, qui dirige les développements
en cours et à venir, exceptés ceux rattachés
en direct à Aline Besson et Isabelle Drong.
Et de Camille Loiret, comme productrice
artistique, venue de Studiocanal. Née indé-
pendante, Authentic Prod, à ce jour, entend
le rester. ❖© JULIEN KNAUB/AUTHENTIC PROD© THOMAS LAVELLE/CONTOUR BY GETTY POUR “LE FILM FRANÇAIS”
François Aymé, président de l’Afcae.outre-Atlantique. Alors qu’elle entamera
sa saison 4 sur NBC le 24 septembre, elle
est encore largement nommée aux Emmy
Awards cette année. Elle profite notamment
d’une citation dans la catégorie reine de
meilleure série dramatique de l’année. Le
This Is Us français s’appellera Je te promets
et devrait être destiné à TF1. Il prendra laAline Besson Isabelle Drong