Saveurs - 06.2019

(Nancy Kaufman) #1
Le restaurant est installé dans une halle alimentaire, La Panaméenne, qui propose des fruits et légumes, issus de cultures locales, et des produits d’épicerie fine.

CASSEROLES SOLIDAIRES La Panaméenne


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inclus dans leur temps de travail, qui est de 26 heures heb-
domadaires rémunérées sur la base du smic. Et puis, il faut gérer
l’humain. C’est précisément ce qui est bien. Ici, on ne peut pas faire
du management pur, tous mes principes se sont écroulés mais les
résultats sont là. On se sent utile. »

Sourires et bons petits plats
Encadrées par Delphine, qui a été cheffe dans un restaurant gastro-
nomique parisien, les femmes apprennent à réaliser toutes sortes
de plats comme des lasagnes, un filet de poisson sauce à l’orange
et gingembre, des cœurs d’artichauts à la provençale... mais elles
sont aussi invitées à préparer les recettes de leurs pays comme
un mafé ou encore un plat soudanais, une salade colombienne...
« On écrit la recette pour 6 personnes puis on la transpose pour
180 », explique Delphine. C’est en effet le nombre de repas servis
en moyenne tous les jours de la semaine au déjeuner. À 12 h 15,
une longue queue s’est déjà formée. Beaucoup de clients repartent
avec leur repas et certains s’attablent dans ce lieu atypique, mi-
restaurant, mi-épicerie.
À 14 h 30, les clients se font plus rares. On s’approche de Delphine,
arrivée depuis peu, qui nous confie son ressenti : « Ici, tout le
monde a le sourire. Les clients nous félicitent pour la qualité de
notre cuisine et pour la démarche. Ça fait vraiment plaisir. Et ça
donne une autre dimension à mon travail. » Après leur passage à
Food2rue, pendant 12 mois environ, les femmes ne travailleront

pas forcément dans le secteur culinaire car, comme l’explique
Léonie, conseillère en insertion professionnelle, « nous sommes
un chantier remobilisant et non qualifiant. » Il s’agit en quelque
sorte de « raccrocher les wagons ». Pour cela, Léonie reçoit deux
fois par mois chacune des douze femmes pendant trente minutes
en entretien individuel. « Nous faisons un point sur leur situation.
Au besoin, nous les aidons à trouver un logement. Nous définis-
sons des objectifs professionnels et un plan d’action. » L’objectif
est de sortir les femmes de l’exclusion, le tout avec le sourire et
de bons petits plats. v

Le Comptoir, La Panaméenne, 75014 Paris. Du mardi au vendredi de 10 h à
20 h. Entrée, plat, dessert : 9 €.

RECONVERSION
Le samedi, les femmes en insertion ne travaillent pas. Aussi, le
comptoir devient un incubateur culinaire. Les fourneaux sont mis
à la disposition de Véronique Buñuel qui, anciennement
ingénieure en bâtiments et travaux, a opté pour une reconversion
en cuisine, il y a deux ans. « Cela me permet de me familiariser
avec du matériel de cuisine professionnel, d’apprendre à gérer
les quantités, le planning et toute la logistique de ce type
d’activité. » Arrivée à l’automne 2018, Véronique pense rester
encore jusqu’à l’automne prochain avant de voler, espère-t-elle,
de ses propres ailes. Elle propose tous les samedis son offre
végétarienne et savoureuse. Entrée et dessert, 4 € ; plat, 8 €.

RETROUVEZ TOUTES NOS ADRESSES P. 122.

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