Le superbe riadYima («maman», en arabe)qu’il retape pendant des
années et transforme untemps en hôtelavant d’enfaireungîtearty.
Mais aussi les banals objets du quotidien, canettes de soda portant
des inscriptions en arabe,casiersàbouteilles et boîtes deconserve
made in Morocco dont ilfera cadres, canapés ou lustres.
Aujourd’hui il vit entre ces deuxmondes,conscient desréalités
de chacun d’eux. Hassan Hajjaj n’ignorerien de l’imagecontrover-
séeduvoile en France. Liberticide pour les uns, outil de distinction
et derevendication pour les autres,ce bout de tissu, signe
autrefois d’effacement et de modestie,empoisonne aujourd’hui
les débats sur l’islam.«Mamèreetmagrand-mèreportaient le
voile etce n’était pasreligieux»,confie l’artiste,avant de préciser
qu’il«nechercheàenfairel’apologie»mais qu’il trouve«regret-
table qu’onforceàleporter ouàleretirer».Pour le dédramatiser,
il enafait un accessoiredemode funky. Difficile de savoir jusqu’à
quel point Hassan Hajjaj critique levoile ostentatoireoujuge
les diktats de la mode aussi oppressifs qu’unefatwa.«Ceserait
dangereux devouloirfaireunstatementpolitique »,botte-t-il
en touche.D’autant que sescollectionneurs sont en partie
moyen-orientaux.Avec la même ambiguïté, il joue de la portée
symbolique des grandes marques occidentales, dont il détourne
logos et monogrammes.«AuMaroc,tout le monde portedes
contrefaçons,c’estl’idée devouloirfairepartie de l’élite,explique-
t-il.Mais en mêmetemps lesvêtementsfaits par les marques qui
nousfont rêvernesont pas taillés pour nous, pour nos vies. »
Lorsqu’en 2010 le MuséeVictoria and Albert deLondres achète
une photodefemmevoilée d’unfaux foulardLouisVuitton, la mul-
tinationale du luxechercheàlerencontrer.Àsagrande surprise,
Hassan Hajjaj sevoit proposer de s’occuper de la campagne publi-
citairepour les boutiquesVuitton au Maroc...àcondition d’arrêter
d’utiliser descontrefaçons pour ses photos. Impossible,répond
poliment Hajjaj.L’affaireenest restée là. Mais le sujet estaumoins
aussi sensible quecelui de l’islam:àl’occasion de sa carteblanche,
la RATPaexigé des œuvres sans logo nivoile.
carteblancheàhassa nhajjaj ,du11septembre au 17 novembre,
maison européenne dela photographie, 5-7, ruedeFourcy, 75004,
http://www.mep-fr.org. et dansdes stat ions et gares rAtP,
de mi-septembre àmi-décembre.
Pour dédramatiser
les débatssur
le voile, il en afait
un accessoire
funky. Difficilede
savoir jusqu’à
quel pointHassan
Hajjaj critique
le voileostentatoire
ou juge les diktats
de la mode
aussioppressifs
qu’une fatwa.