garden-party
Chassez le naturel.
parJohn Tebbs,jardinier anglais
Il yaquelque temps, j’aI décrIt IcI ma joIe
de voIr la nature reprendre ses droIts
dansunenvironnementurbain,s’intro-
duiredanssesfailles,d’unecertaine
façon.Cesdernièressemainescepen-
dant,danslavilleoùjevis,denom-
breusesplaintesse sontélevées,des
lettresontétéenvoyéesàlamairie,
despostssontapparussurFacebook,
àpropos,justement, de l’herbequi
envahitlescaniveaux,lesgouttières
etlestrottoirs.Celam’afait réfléchir.
Dansquellemesureacceptons-nous
laprésencedelanaturedans laville?
Pourcritiquercette«invasion»,cer-
tainsévoquentundanger potentiel.
Seloneux,ces«mauvaises»herbes
quis’infiltrententreles dallesetles
pavéspeuvententraîner deschutes
–notammentdespersonnesâgéesou
desjeunesenfants.Sinon,l’argument
quirevientrégulièrementestceluide
la laideur. Il sembleraitque nousasso-
ciionsretouràlanatureetdéclinéco-
nomiqueetsocial.Commesinous
perdionslecontrôle.Commesila
municipalitémanquait defondsou
encoredevolontépolitique pours’oc-
cupercommeilsedoitdelacommu-
nautéurbaine.Jevisdansuneville
côtièreconfrontéeàdesdifficultés
économiquesetsociales,maisenquoi
l’herbequipoussedansles rues
influe-t-ellesurces problèmes?
Jesuistoujoursétonnédevoircom-
bienleretouràlanaturenousinquiète.
Ce«relâchement»comportepourtant
de nombreuxaspectspositifs.J’aime
tantvoir lesdifférentesplantes qui
s’échappentdescaniveaux:ellesaug-
mententla biodiversitédans laville,
ralentissentleruissellementdes eaux
lorsd’uneaverse. Biensûr, j’entends
lesaspectspratiquesdelaquestion,
mais n’est-cepasunequestiond’équi-
libre?Deperspective?Pourrions-nous
faireévoluernotreconceptiondela
villepourqu’unenaturelibrenesoit
plusvuecommel’ultimedéclin?
Traduction
:Agnès Ras
touil
31 août 2019—Photo Jessica MacCormick pourMLemagazine du Monde