12 ANS
C’est l’âge jusqu’auquel les prématurés devraient être
suivis régulièrement par un médecin connaissant le
développement cérébral de l’enfant, selon le neuropédiatre
Stéphane Marret. En effet, ils sont à risque pour un certain
nombre de troubles cognitifs, moteurs, comportementaux
ou socioémotionnels, pour lesquels il existe diverses
techniques de rééducation. Et ce n’est parfois qu’au collège
que les prématurés décrochent : s’ils ont pu compenser
un problème comme une difficulté à se concentrer
ou un retard de langage jusque-là, ils peinent ensuite
© Olha Tolsta / shutterstock.com à faire face à la complexité des tâches demandées.
trop agressives et désordonnées nui-
raient à la formation de connexions
neuronales. D’où une attention parti-
culière portée au bruit : « Dans mon
service, nous pratiquons le soin de
développement, notamment en
essayant de limiter au maximum les
nuisances auditives », explique
Stéphane Marret. « Nous avons par
exemple un appareil qui mesure le
niveau sonore, avec une lumière
rouge qui s’allume dès que ce dernier
dépasse un certain seuil ; il faut alors
vérifier que les portes des chambres
sont fermées, ne pas parler à plu-
sieurs au-dessus d’une couveuse – qui
fait caisse de résonance –, etc. »
Mais les stimulations sensorielles
peuvent aussi être positives et favori-
ser la maturation cérébrale. La
musique de l’étude suisse se rattache-
rait à ces stimulations constructives.
Peut-être entraîne-t-elle la libération
dans le cerveau de produits chimiques
appelés « facteurs de croissance »,
connus pour favoriser le développe-
ment des connexions neuronales.Il reste toutefois à vérifier qu’au-
delà de l’effet sur la connectivité
cérébrale, elle améliore réellement
les performances cognitives, com-
portementales et socioémotion-
nelles des prématurés. C’est d’ail-
leurs ce que les chercheurs sont en
train d’étudier, maintenant que les
enfants ont assez grandi pour que
ces performances soient mesurées.
Attention également à la playlist :
« Il est difficile de déterminer a priori
quelles stimulations auditives seront
constructives ou destructives », pré-
cise Stéphane Marret. La musique
utilisée par l’équipe suisse (disponible
ici : https://tinyurl.com/y25chwdo) a
été préalablement composée par l’ar-
tiste Andreas Vollenweider, en fonc-
tion des réactions positives qu’elle
suscitait chez un panel de prématu-
rés. Elle mêle des sons de pungi (la
flûte des charmeurs de serpents
indiens), de harpe et de clochettes.
Pas sûr qu’un morceau de black metal
diffusé à fond soit aussi constructif
pour le cerveau des bébés... £BibliographieL. Lordier et al., Music
in premature infants
enhances high-level
cognitive brain
networks, PNAS,
28 mai 2019.
N. Guéguen,
Enfants musiciens,
enfants malins,
Cerveau & Psycho, 2018.
A. Abbot, Prématurés :
un cerveau à protéger,
Cerveau & Psycho, 2015.Les connexions
cérébrales
sont plus
développées
chez les bébés
qui ont écouté
de la musique
quelques
minutes
par jour.