Cerveau et Psycho N°113 – Septembre 2019

(Ron) #1

P


our ceux qui ont du mal à s’imposer dès le
début une discipline stricte afin d’apprendre
à méditer (et d’en retirer de nombreux bénéfices
notamment en termes de santé physique et
de concentration), une application mise au point
par l’université de Californie à San Francisco
vient de faire ses preuves. Cette application
propose, quelques minutes par jour, d’apprendre
à focaliser son attention sur sa respiration tout
en prenant conscience des moments où l’esprit
se met à vagabonder. Au bout d’un mois,
les sujets testés dans cette étude ont réussi
à étendre leur temps de focalisation sur leur
respiration de 20 secondes à 6 minutes. Et leurs
capacités de concentration et de mémoire
de travail dans des tâches purement cognitives
se sont améliorées concomitamment. £ S. B.

Méditez...


avec application


© Poprotskiy Alexey /shuttertstock.com© Lena Ivanova/shutterstock.com


U


ne étrange illusion a été mise en évidence
par des psychologues de l’université
de Pittsburgh, aux États-Unis. Des volontaires
étaient placés sur un vélo d’appartement,
avec des capteurs de fréquence cardiaque sur
la poitrine. Les psychologues voulaient savoir
à quel point nous utilisons la perception de nos
battements cardiaques pour nous sentir
fatigués. Ils ont donc fait croire aux participants
que leur rythme était beaucoup plus élevé
qu’en réalité, en émettant de faux bips sonores
de plus en plus rapprochés. Rapidement, les
participants se sont dits épuisés. Mais l’inverse
ne fonctionnait pas : on ne peut pas faire croire
à quelqu’un qu’il est frais comme un gardon
en émettant des bips sonores plus lents...£ S. B.

Quand votre cœur


vous fait croire que


vous êtes fatigué
E. R. Facer-Childs et al., Sleep Medicine, en ligne le 10 mai 2019.

Se coucher tôt :


c’est possible!


SOMMEIL

«J’aimerais bien me
coucher plus tôt,
mais je n’y arrive
pas. » Combien d’entre nous, un brin
découragés et des cernes jusqu’aux
genoux, ont déjà fait ce constat? La
multitude des tâches du quotidien est
bien sûr en cause, mais pas seule-
ment. Une crainte insidieuse
empêche parfois d’avancer le
moment d’aller au lit : si je change
mes habitudes, ne vais-je pas passer
des heures à fixer le plafond, sans
réussir à m’endormir?
Rassurez-vous, le sommeil est
plus modelable qu’on ne le croyait.
Certes, il y a une part de génétique
et certains sont davantage « lève-
tôt », tandis que d’autres sont plutôt
« couche-tard ». Mais Elise Facer-
Childs, de l’université de Birmingham,
et ses collègues ont montré que
quelques mesures comportemen-
tales simples permettent de décaler
son horloge biologique et d’ap-
prendre à s’endormir bien plus tôt
que d’habitude.
Pour leur étude, les chercheurs ont
recruté une vingtaine d’« oiseaux de
nuits », qui se couchaient en moyenne
vers 2 h 30 du matin. Ces couche-tard
extrêmes sont plus à risque pour les

troubles de l’humeur et divers autres
problèmes de santé, notamment parce
que leur décalage avec le rythme de
la société – en particulier avec les
horaires de travail usuels – les conduit
souvent à accumuler une dette de
sommeil dévastatrice.
Pendant trois semaines, les par-
ticipants ont suivi les règles sui-
vantes : se lever et se coucher 2 à
3  heures plus tôt que d’habitude ;
s’exposer à la lumière extérieure le
matin et limiter l’exposition aux
sources lumineuses le soir ; garder
des horaires de sommeil identiques
la semaine et le week-end ; prendre
un petit déjeuner le plus tôt possible
et un dîner à 19 heures maximum ;
faire du sport plutôt le matin.
À l’issue de cette période, les
mesures ont révélé qu’ils s’endor-
maient près de deux heures plus tôt
que d’habitude. En outre, pendant la
journée, ils étaient moins somnolents,
moins stressés et d’humeur moins
dépressive qu’avant.
Le sommeil s’apprend donc en
partie. Ce qui ne signifie pas que vous
n’aurez aucune difficulté à vous
endormir dès la première nuit où vous
vous coucherez tôt. Mais ce résultat
encourage à persévérer. £ G. J.
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