Causette N°103 – Septembre 2019

(National Geographic (Little) Kids) #1

pourrait prescrire plus souvent la détection de l’herpès dans les
recherches de MST. Mais nous n’avons pas de directive pour le
faire systématiquement », déplore Élisabeth Rofé-Sotto. Mais
alors, pourquoi si peu d’intérêt pour tenter d’éradiquer ce
virus qui touche un si grand nombre de personnes ?


Le blocage des laboratoires
Côté vaccin, on cherche, mais sans trop de succès pour l’ins-
tant. « Les premiers tests montrent que les femmes développent
des anticorps, mais pas les hommes. On ne sait pas pourquoi »,
avance Élisabeth Rofé-Sotto. L’herpès est un virus particu-
lier, instable, qui rend la recherche fondamentale compli-
quée. Un discours qui a le don d’énerver Stéphanie. Après
avoir utilisé crèmes, patchs et homéopathie, elle prend
désormais des cachets au quotidien, depuis trois ans, en
prévention. « Mais le virus est tellement fort dans mon corps
qu’il m’est arrivé de faire des poussées quand même. Je me sens
coupable de prendre un médicament aussi cher à l’année. Mais
sans ça, j’ai un chou-fleur sur le visage dès que j’ai mes règles,
que je m’expose au soleil ou que je suis fatiguée. »
Dans son cabinet du XVIe arrondissement parisien,
Jacqueline Le Goaster cultive un espoir. En 2005, cette der-
matologue, spécialisée en immunologie, fait une découverte,
« un peu par hasard » : « Avec mon équipe des instituts Pasteur
et Jacques-Monod, nous avons constaté que le vaccin contre la
varicelle guérit l’herpès. Depuis 2004, année où le vaccin contre
la varicelle est arrivé en France, nous avons injecté une centaine
de patients qui avaient l’herpès 1 et 2 de manière récurrente :
plus aucun n’en a eu par la suite. » Selon elle, cet « heureux
hasard » est dû au fait que le virus de l’herpès appartient à
la même famille que celui de la varicelle et du zona.
Les résultats de leurs recherches ont été publiés en 2012
dans l’Open Access Journal of Clinical Trials. Mais pour valider
scientifiquement l’efficacité du protocole, il faut réaliser une
étude randomisée, c’est-à-dire à l’aveugle, très onéreuse. Et
c’est là que ça coince. « Les laboratoires font obstacle. Les médi-
caments qui traitent l’herpès comme le Valaciclovir et l’Aciclovir
sont dans le top 10 des ventes de ces labos », dénonce Jacqueline
Le Goaster. À défaut de pouvoir généraliser le recours au
vaccin contre la varicelle, elle a déposé un brevet à son nom
pour protéger son protocole.


Pour celles et ceux qui vivent avec l’herpès génital, c’est
toute une affaire... dont on ne parle jamais. Comme les
autres MST, il affecte la vie sexuelle, sauf qu’on ne gué-
rit pas de cette maladie-là. Les porteurs et les porteuses
traînent une forme de honte et la crainte de contaminer
un·e partenaire. Sur Instagram, un couple a créé le compte
« My boyfriend has herpes » pour lutter contre le tabou
qui persiste autour de l’herpès génital. Momo, illustratrice
japonaise de 27 ans, y raconte en dessins sa relation avec
Felix, chef canadien de 30 ans, atteint du HSV2. « J’avais
très peu d’informations sur le virus avant de le contracter, je
savais juste qu’il était incurable et présent à vie. Je me disais
que personne ne m’aimerait », confie Felix.

De l’aveu à la protection
Lorsqu’il rencontre Momo, il se confie au troisième ren-
dez-vous, et c’est elle qui va chercher les informations sur
les risques de contamination. « Pas évident. On manque cruel-
lement d’infos sur l’herpès ! Je me suis finalement tournée vers le
Planning familial », raconte Momo. L’idée de partager leur
expérience sur Instagram germe vite. Leurs publications
humoristiques et pédagogiques détaillent la vie intime avec
le virus, de l’aveu à la protection : lors des crises, pas de sexe
oral et préservatif indispensable pour la pénétration. À tour
de rôle, ils réalisent des stories pour répondre aux questions
des abonné·es. Un travail chronophage, mais salutaire : le
couple reçoit des réactions de toutes parts. De quoi réjouir
Felix. « Les gens nous disent qu’ils se sentent moins seuls, et les
professionnels utilisent le compte pour informer leurs patients,
ce qu’on trouve super cool ! » En attendant que la science
fabrique un vaccin, 21 000 personnes suivent leur compte
pour se sentir un peu moins seules face à l’herpès. U

En plus d’être laid, dé, désagréable et , désagréable et éableet
contagieux, l’herpèscontagieux, l’herpès présente un contagieux, l’herpès présente un enteun
réel danger pour lesréel danger pour les nouveau-nés. réel danger pour les nouveau-nés. n eau-nés.
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voire un accouchement par césa-un accouchement par césa-
rienne en cas de récurrence au e en cas de récurrence au
cours du dernier mois. cours du dernier mois. sdu dernier mois.UM. R.

Danger pour les bébés

“[Le virus] vit avec la personne,
il sera toujours là pour
transcrire à l’extérieur ce qui
se passe à l’intérieur”
Élisabeth Rofé-Sotto, médecin généraliste
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