Vous vous connaissez?
Non, pas personnellement. Mais je connais
pas mal d’autres gars de Kourtrajmé, dont
Mouloud Achour. J’aime l’idée que sortent
à quelques mois d’intervalle Les Misérables
et La Vie scolaire. Deux histoires qui se
passent en banlieue mais qui ne racontent
pas la même chose et ne la traitent pas de la
même manière. D’ailleurs, je suis incapable
de vous dire ce qu’est un film de banlieue...
Ladj a un angle plus dur que nous puisque,
comme dans La Haine, il raconte une
journée de tensions. Avec La Vie scolaire,
le récit s’étale sur un an. On se doit donc
d’apporter de la nuance, de montrer les rires
autant que les larmes et que dans les quar-
tiers, comme ailleurs, le monde ne se divise
pas entre bons et méchants. La nuance, c’est
la réalité, celle que nous recherchons.
C’est aussi ce cinéma qui vous touche
en tant que spectateur?
Pas seulement. J’ai une passion pour La vie
est belle de Roberto Benigni et sa capacité
à faire rire, de manière aussi magistrale, sur
un sujet aussi tragique. Quand j’entre dans
une salle de cinéma, je recherche cet ascen-
seur émotionnel...
Vous imaginiez-vous passer un jour
derrière une caméra?
Pas une seule seconde. Vous savez, je suis
très français. (Rires.) L’idée d’avoir plu-
sieurs casquettes me paraissait impossible.
Plus jeune, je ne pensais qu’au basket. Après
mon accident, je suis allé petit à petit vers la
musique. Et le cinéma, aussi, est arrivé pro-
gressivement. Après avoir rédigé Patients
[le récit autobiographique dont est tiré le
film], j’ai eu envie de me confronter à l’écri-
ture d’un scénario sans pour autant vouloir
le réaliser. Puis, j’ai commencé à imaginer
comment on pourrait raconter cette histoire
avec une caméra et je me suis pris au jeu
avec mon pote Mehdi.
Comment vous répartissez-vous
la tâche sur un plateau?
Notre méthode... c’est de ne pas en avoir!
© LAETICIA MONTALEMBERT - MANDARIN PRODUCTION
PREMIÈREMENT
(Rires.) On fait absolument tout ensemble.
Cela nécessite d’être souvent d’accord
– c’est le cas – et de préparer le tournage
avec une grande minutie, tant d’un point de
vue technique que dans notre rapport aux
comédiens. On répète énormément et, à ce
moment-là, avec eux, il faut que ça gueule,
il faut que ça chambre pour que nous, on
puisse peaufiner. Notre but est qu’il y ait le
moins d’incertitudes possible sur le plateau.
Nos comédiens nous disent souvent qu’on a
un cerveau pour deux. On a décidé de bien
le prendre! (Rires.)
Ça vous titillerait de faire l’acteur?
Je ne me l’interdis pas par principe, mais ça
ne sera jamais dans nos films. Je ne suis pas
sûr d’en être capable, pour autant je n’ai pas
peur d’essayer. J’ai eu quelques propositions
mais aucune ne m’a séduit.
LA VIE SCOLAIRE
De Grand Corps Malade & Mehdi Idir
- Avec Zita Hanrot, Alban Ivanov, Liam Pierron...
- Durée 1 h50 • Critique dans le numéro 498
Vous aviez pourtant joué sur scène
avec Édouard Baer dans La Folle
vie de Luigi Prizzoti.
Et j’avais adoré! Cette ambiance de théâtre,
se retrouver tous les soirs derrière le rideau
rouge, enchaîner quarante représentations...
C’est un autre trac que les concer ts?
Non, c’est très lié. La différence est que
je n’avais qu’un petit passage alors qu’en
concert, je mouille le maillot pendant deux
heures. Mais j’ai les mêmes angoisses, liées
au trou de mémoire, celles de ne pas être
bien dans son texte. Et puis c’était mes
débuts. Je n’avais fait aucun gros concert à
cette époque.
Avez-vous un troisième film en tête
avant que sorte La Vie scolaire?
On va plutôt s’essayer à la série. On a com-
mencé à en écrire une au ton assez co-
m ique et qui se déroulera dans le m ilieu des
« ON AIME RACONTER humoristes...^ u
DES CHOSES QUI NOUS SONT
PROCHES, EN ESPÉRANT
TROUVER UN ANGLE SINGULIER. »