Première N°499 – Septembre 2019

(Nancy Kaufman) #1

© CONDOR DISTRIBUTIONDavid Oakes et Ray Stevenson


PREMIÈRE : Cold Skin est une
production espagnole, tournée
aux Canaries avec une équipe locale...
Comment êtes-vous arrivé sur
ce projet ?
XAVIER GENS : J’ai lu le roman en 2009,
je me suis renseigné sur les droits mais ils
étaient pris. David Slade [30 jours de nuit]
devait le réaliser, je me suis dit que c’était
mort... Je suis allé faire The Divide en
2010, et en 2011, j’étais au Marché du film
à Cannes où j’ai appris que Slade était parti
sur la série Hannibal. T he Divide a convain-
cu les ayants droit que je pouvais faire Cold
Skin. En tout, ça a pris cinq ou six ans. C’est
normal, c’est le temps des films.

Comment s’est passé le tournage?
On devait tourner en Islande, mais c’était
trop cher. On a donc été à Lanzarote, aux
Canaries. C’était parfait : on avait besoin de
tourner dans un pays chaud car il y avait
beaucoup de scènes de nuit. Aura Garrido,
qui joue la femme poisson Aneris, était sou-
vent dévêtue. On a dû recréer la sensation de
froid alors qu’il faisait 35 degrés.

Les scènes de guerre sont très soignées...
Les producteurs m’ont vraiment soutenu
là-dessus. Sans chercher la comparaison,
mon inspiration principale était Les Deux
Tours de Peter Jackson. Des plans larges,
un sentiment de masse avec l’attaque des
créatures contre les deux héros, un souffle
épique dans un film intimiste...

Justement, vous n’êtes pas trop déçu
que le film ne sorte qu’en DTV (direct-
to-video) en France?
Tout a été pensé pour le grand écran, évi-
demment. Mais en Espagne, Cold Skin est
sorti au même moment que le mouvement
d’indépendance catalane, et l’exploitation
de Thor  : Ragnarok. Les gens n’allaient
au cinéma que pour voir le Marvel. Ça a
tué la carrière du film. Et là, c’est le jeu  :
quand un film ne marche pas dans son pays
d’origine, ça le condamne au DTV dans les
autres, car les distributeurs se disent que le
risque n’a pas payé... La sortie de La Forme
d e l’e a u la semaine suivante n’a pas aidé non
plus. Guillermo del Toro s’était intéressé à
Cold Skin, d’ailleurs. La presse espagnole a

comparé les deux films en disant que Cold
Skin était la version série  B de La Forme
d e l’e a u alors que les deux films n’ont rien
à voir. En fait, on n’a pas eu de chance. Le
film est peut-être sorti un peu trop vite, juste
après le festival de Sitges. Il aurait peut-être
fallu un peu plus de festivals. Qu’il trouve
sa place, qu’il puisse grandir. Aujourd’hui,
Cold Skin a trois ans et il a fait sa carrière
sur cette durée.

Après Cold Skin, vous avez tourné la
comédie Budapest avec Manu Payet et
Jonathan Cohen et produit Papicha (en
salles le 9 octobre) qui raconte l’Algérie
des années 90...
Budapest reste une comédie bien française,
diffusée sur Canal+, et ça me va très bien.
Papicha, réalisé par ma femme Mounia
Meddour, s’est retrouvé à Cannes et ça m’a
donné confiance pour produire des films...

Et vous avez enchaîné avec une série...
Oui. Je suis très pote avec Gareth Evans
[The Raid] qui supervise le show Gangs
of London pour HBO/Sky. Les scripts
étaient déjà écrits mais on avait une liber-
té totale. Gareth a tourné deux épisodes,
Corin Hardy [La Nonne] en a réalisé quatre
et moi trois. On a chacun pris un chef op
avec qui on a l’habitude de travailler. J’ai fait
des trucs qui ressemblent à The Divide ou
Frontière(s). J’ai tourné une scène de mas-
sacre en plan-séquence... Bref, Gangs of
London, c’est un film de gangsters avec des
scènes de baston épiques : c’est comme The
Raid 2, mais avec des acteurs anglais et ça
dure neuf heures. (Rires.) u SYLVESTRE PICARD

À FROID

COLD SKIN

Trois ans après son tournage, l’excellent Cold Skin arrive enfin en France en DTV,
et son réalisateur, le Français Xavier Gens, nous raconte tout ce qu’il a fait depuis :
un autre film, une production ainsi qu’une série télé pour HBO...

Film ++++• Bonus +++


  • De Xavier Gens

  • Avec Ray Stevenson,
    David Oakes, Aura Garrido...

  • Éditeur Condor •En DVD,
    Blu-ray et VOD


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