Chloe, qui vient en
aide aux SDF
avancer les droits sociaux... Et je vous parle
là de centaines, voire de milliers d’enfants,
partout dans le monde. Ce sont des petites
lumières qui s’allument sur la planète et qui
pour nous, adultes, sont très inspirantes.
Les enfants qui sauvent le monde,
c’était déjà l’idée de Mia et le lion blanc.
C’est vrai. Mais là, j’avais besoin de passer
par un documentaire, un film très concret
sur ce sujet. Rien de romancé ou de fiction-
nel. Je voulais capter une lame de fond qui
est en train de tout balayer. Quand Greta
Thunberg dit qu’il faut qu’on se réveille sur
le climat, c’est une alerte, qui met le monde
face à ses responsabilités et qui nous force
à nous réveiller.
Mais quelle est la différence entre
un scientifique qui pousse un cri
d’alarme et une jeune fille comme
Greta Thunberg qui vient parler
à l’Assemblée nationale?
Les enfants ne calculent pas, et on est obli-
gés de les écouter parce qu’on ne sait pas
d’où ils tirent leurs certitudes et d’où vient
leur force. L’action d’un scientifique est lé-
gitimée par ses années d’études, son par-
cours, son autorité d’adulte. Les gamins
que j’ai rencontrés ont, eux, une force inalté-
rable. Ils n’ont peur de rien, ils n’ont pas nos
tabous! Quand on voit Chloé, par exemple,
cette petite Américaine qui va à la rencontre
des SDF de Venice Beach, c’est saisissant.
Je la suivais, pas très rassuré je dois l’avouer,
et elle allait vers eux avec son sourire, son
enthousiasme et sa générosité d’enfant.
Arthur, le petit Français du film, c’est
pareil. C’est un gamin qui peint et vend ses
toiles au profit des sans-logis. C’est très
local ; c’est un tout petit truc, mais c’est
énorme... Quand il est en maraude dans les
rues de sa ville, c’est de la bienveillance à
l’état pur. Plus je filmais ces enfants, plus
je me demandais d’où ces sentiments pou-
vaient venir.
Et vous avez trouvé?
Non. Ça reste une question irrésolue pour
moi. Ces gamins qui ont 10-12 ans sont lit-
téralement habités par ce qu’ils font. C’est
leur magie : ils incarnent plus que ce qu’ils
sont et leurs actes ont plus de résonance que
leur propre vie. C’est fou! Ils deviennent
notre conscience, notre émoi, notre surmoi.
Arthur, j’adore la manière dont il parle aux
gens : droit dans les yeux, il est sûr de lui
et en même temps d’une humilité dingue.
C’est très impressionnant. Et pourtant, ça
reste un gamin d’une dizaine d’années qui
va à l’école et rêve du futur. Rien n’est cal-
culé, rien n’est joué.
Vous ne craignez pas qu’on vous dise
que ces enfants sont manipulés?
C’est ce qu’on a dit de Greta Thunberg évi-
demment. Mais les jeunes de Demain est à
nous ont tous une naïveté désarmante. Ce
sont des enfants, avec des problèmes d’en-
fants, avec leur pureté et leur innocence.
Il y a un passage avec Mika [lire page 83],
par exemple, où son père lui explique que
les chaussures qu’il a achetées ont coûté
115 dollars, qu’il a pris les 100 dollars que sa
grand-mère lui a offert à Noël et que Mika
lui doit encore 15 dollars... J’adore cette
anecdote parce que ça nous ramène dans
leur monde. Mais dès qu’ils sont face au
Gilles de Maistre,
José Adolfo et les
enfants péruviens
INTERVI EW