Zapping
SUD OUESTJeudi 22 août 2019
Recueilli par
Olivier Sarazin
R
émy et Mélanie ont 30 ans et vi-
vent dans le même quartier à
Paris. Elle multiplie les rendez-
vous ratés sur les réseaux sociaux
pendant qu’il peine à faire une ren-
contre. Tous deux sont victimes de la
solitude des grandes villes. Voilà la
trame de « Deux moi » (sortie natio-
nale le 11 septembre).
Ce film avec Ana Girardot, Fran-
çois Civil, Camille Cottin et François
Berléand, a été projeté en avant-
première, hier, au 12e Festival du
film francophone d’Angoulême.
C’est un film réussi, en apesanteur,
plus intimiste que « Ce qui nous
lie ».
« Sud Ouest » Comment présenter
votre nouveau film?
Cédric Klapisch J’aime bien l’idée
du conte urbain. Cela décrit bien
le film. Beaucoup de gens pensent
que je réalise des comédies. « Deux
moi » n’en est pas une. Je m’inté-
resse ici à la vie quotidienne des Pa-
risiens, aujourd’hui. Et comme
dans un conte, c’est à la fois très
simple et très complexe, sans
doute plus profond qu’il n’y paraît.
Quand et comment avez-vous ima-
giné l’histoire de ces deux êtres qui
se frôlent?
Longtemps, mes films comptaient
de nombreux personnages. En
vieillissant – ou en mûrissant –, j’ai
souhaité alléger mon propos. Je
me suis penché sur deux person-
nes et leurs destins parallèles, deux
célibataires à l’heure des réseaux
sociaux dans l’immensité d’une
grande ville. « Deux moi » traite de
cet état mystérieux qui existe avant
qu’on ne tombe amoureux, de ce
parcours parfois chaotique qui
mène à une rencontre.
Vous avez déclaré : « ‘’Deux moi’’ dé-
roule une histoire très simple et,
comme toutes les histoires très sim-
ples, elle fut compliquée à racon-
ter... » Expliquez-nous.
L’écriture du scénario avec Santia-
go Amigorena fut plutôt fluide. Le
plus compliqué, c’était le tournage.
Il y avait la dimension psychologi-
que de certaines scènes difficiles à
jouer et donc à filmer. Et tourner
dans Paris n’est jamais évident.
D’autant que le film a une certaine
ambition esthétique. Bon, cela s’est
bien passé et j’ai aimé travailler
avec Élodie Tahtane, une jeune
cheffe opératrice. J’apprécie son
style, entre réalisme et stylisation.
Rémy et Mélanie – les deux person-
nages principaux – sont seuls mais
hyperconnectés. Quel regard portez-
vous sur les réseaux sociaux?
L’usage d’Internet fabrique-t-il vrai-
ment du lien social? Oui et non.
Les réseaux sociaux relient et éloi-
gnent en même temps. Ce para-
doxe est troublant. Il caractérise no-
tre époque et il est au cœur du film.
Ana Girardot a un jeu très émouvant,
tout en subtilité. François Civil est
plus spontané mais déjà très ma-
ture. Comment les avez-vous diri-
gés?
Ils ont des façons de travailler op-
posées mais partagent deux gran-
des qualités, rares chez les acteurs.
Ana et François sont à la fois techni-
ques et instinctifs, dans la maîtrise
et la spontanéité. Ils jouent avec
l’autre et savent se placer devant la
caméra. Ana va chercher l’émotion
dans des trucs minuscules. Fran-
çois prépare beaucoup mais sait se
libérer des intentions.
Parlez-nous du tournage... Les auto-
risations furent-elles faciles à décro-
cher?
Oui. J’ai été aidé par la Ville de Paris
et son service cinéma. Nous avons
tourné dans le 18e et le 19e arrondis-
sements, où nous avons trouvé un
Paris positif, familial et pacifique.
Les habitants ont été accueillants.
Trouvez-vous, comme votre collègue
Jean-Pierre Jeunet, que « Paris est
devenu hideux »?
Non! J’aime le mélange des genres
et des époques, la confrontation de
l’ancien et du moderne. Je n’ai pas
la nostalgie du vieux Paris que peut
avoir Jean-Pierre.
Vous étiez du tout premier festival
d’Angoulême, qui vous rendait hom-
mage... Quel souvenir en gardez-
vous de ces jours d’août 2008?
Je me souviens de la projection en
plein air de « Paris », sur la grande
place du Champ-de-Mars. Nous
étions là, à la rencontre du public,
un soir d’été. L’ambiance était ex-
traordinaire. Fabrice Luchini était
présent, Dominique Besnehard
aussi. Il était soulagé, je crois. Il s’in-
terrogeait, ne savait pas si la foule
serait au rendez-vous. Tous les tran-
sats étaient occupés. C’était
énorme!
Je me souviens aussi de l’avant-
première de « Casse-tête chinois »,
en 2013. Il y avait une telle affluence
que le CGR a dû ouvrir une cin-
quième salle en urgence et pro-
grammer une autre séance, en
deuxième partie de soirée (1). J’étais
accompagné d’Audrey Tautou, de
Cécile de France et de Romain Du-
ris. Cela reste un souvenir très fort.
(1) Ce soir-là, Klapisch et les acteurs,
épatés par la liesse populaire, avaient
serré des mains et signé des
autographes jusqu’au rond-point de
l’Eperon, où arrivait la file d’attente.
Malgré l’ouverture d’une cinquième salle
et la seconde séance à 22 heures, 700
spectateurs furent refoulés.
FESTIVAL DU FILM D’ANGOULÊME « Deux moi », le nouveau film de Cédric
Klapisch, était projeté en avant-première, hier soir, dans la cité des Valois. Interview
Un « conte urbain »
Cédric Klapisch, Ana Girardot et François Berléand, aujourd’hui, à Angoulême. PHOTO PHILIPPE SALVAT/«SO »
Mort du compositeur
français Fred Rister
MUSIQUE Le Français Fred Rister (ici à
droite), de son vrai nom Frédéric Riesterer,
est mort à l’âge de 58 ans, mardi. Il était à
l’origine de nombreux tubes planétaires
comme « I Gotta feeling » des Black Eyed
Peas. Dj, producteur et compositeur, Fred
Rister, originaire de Dunkerque (59),
collaborait avec David Guetta depuis les
années 2000 et a coécrit plusieurs de ses
grands succès. Depuis l’âge de 24 ans, ce
musicien à l’allure toujours juvénile s’est
battu contre neuf cancers successifs. Il y a
deux ans, à bout, il avait toutefois décidé
de déposer les armes, en arrêtant ses
traitements. ARCHIVES AFP
Spider-Man n’est plus
un Marvel
CINÉMA Faute d’accord avec leur
concurrent Sony pour produire les futurs
films mettant en scène Spider-Man, les
studios Marvel ont décidé de se retirer du
projet pour se concentrer sur d’autres
franchises de super-héros. Malgré les
succès critiques et financiers de ces films
mettant en scène le jeune Tom Holland
dans le célèbre costume rouge et bleu, les
deux géants d’Hollywood n’ont pas trouvé
de terrain d’entente pour poursuivre leur
partenariat, affirment les médias
spécialisés américains. Deux films avec
l’homme-araignée sont encore en projet,
qui devraient être produits sans Marvel.
Keanu Reeves rempile
pour un 4
e
film
« Matrix »
CÉLÉBRITÉS Vingt après ses débuts
sous les traits de l’insaisissable Neo dans le
premier « Matrix », l’acteur canadien
Keanu Reeves va reprendre le rôle du
rebelle cybernétique aux lunettes noires
pour un quatrième opus de cet univers,
avec encore Lana Wachowski à la
réalisation. Keanu Reeves retrouvera pour
l’occasion sa partenaire Carrie-Anne Moss,
qui reprend son rôle de Trinity. On ignore
encore comment « Matrix 4 », dont le
tournage devrait débuter l’an prochain, va
s’articuler par rapport aux trois premiers.
PHOTO DR
À VOIR
À SAVOIR
CLAUDE LELOUCH anime, au-
jourd’hui, une classe de maître et
présente son nouveau film
« La Vertu des impondérables ».
Séance à 20 heures, à Franquin.
DANY BOON ET GUILLAUME
GALLIENNE défendent « Le Din-
don », une comédie de Jalil Les-
pert. Ce soir, à 19 h 30, au CGR.
VALÉRIE DONZELLI présente
« Notre Dame » : les tribulations
amoureuses d’une architecte
chargée de redessiner le parvis de
la cathédrale de Paris. Comédie
prophétique? Demain et same-
di, à 20 heures, à Franquin.
JEAN-PAUL ROUVE est à l’affiche de « Je voudrai que quelqu’un
m’attende quelque part » d’Arnaud Viard, samedi, à 14 heures, au
CGR, et « Donne-moi des ailes » de Nicolas Vanier, dimanche, à 11 heu-
res, toujours au CGR.
CATHERINE DENEUVE est attendue, samedi, pour « Fête de fa-
mille » de Cédric Kahn, où elle incarne une mère bouleversée par l’arri-
vée inattendue de sa fille disparue, jouée par Emmanuelle Bercot.
Avant-première, à 19 h 30, au CGR.
Au casting d’Angoulême
Claude Lelouch se prêtant
au jeu des selfies. PH. « SO »
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