38 –LES ECHOSWEEK-ENDCULTURE
LE MOMENTDE PLAISIR
MUSIQUEVoici quarante ansqu’il adébroussaillé,
élagué,redresséla musiquebaroque,notamment
française,avecson ensemble biennommé,
LesArtsflorissants.Et plusde trenteans que
WilliamChristie acréé, autourd’unlogisduxviie,
àThiré,villagevendéenentreLaRoche-sur-Yon
et Niort,unimmensejardin.Nonpas suivant
lesrèglesd’époque,commelorsqu’ildirigeLully
ou Monteverdi, mais selonsoncœur. Parterres
de buis, haiesd’ifs et de charmes,massifs
de rosiersse déploientainsi selonlesgoûts
français, italienetanglais et côtoientunevaste
terrasse, unverger,unpotager,unpigeonnier.
Cettemêmediversitéinviteà(re)venir«Dans
lesjardinsde WilliamChristie», festival durant
lequelle maîtrede céansproposede profiterdu
domaineen musique.Départpour l’Italieguidé
parHaendelet sa cantateAmintaeFillideen
compagniede jeunesmusiciensde la Juilliard
School de NewYork, le soir,dansl’église
de Thirééclairéeauxchandelles.Italieencore,
imaginéeparunMozartde 18 ans,pour y
rencontrersaFintagiardiniera,f aussejardinière
quitrouveraidéalementsa placedansla magie
dumiroird’eauencadréde platanes,sous
la conduitede WilliamChristie,entouréde son
orchestreet deschanteursduJardindesvoix.
Retouràl’églisepour découvrirl’admirable
Messeàcinqvoixde WilliamByrd(1543-1623)
avantle frissond’uneOdyséebaroque,florilège
d’airsde Charpentier,Rameau,Haendel
et Purcell.Et touslesaprès-midi,unevingtaine
de concertsd’unquartd’heure,en petit effectif,
permettentàunlarge publicde découvrir
le répertoire.Et de,peut-être,fairegermerdes
vocationsmusicales.Ph.V.
«DanslesjardinsdeWilliamChristie».
Thiré,du24 au31 août.Tél.:0228858570.WILLIAMCHRISTIE
EN SONJARDIN
SALLESOBSCURES
ÀRoubaix,le commissaireDaoud
(RoschdyZem),flicsansattachesmais
attachant,sillonnela ville quil’avu
grandir.La nuitdeNoël,sonservice
commenceparunebanaleaffaire
d’escroqueriefoireuseàl’assurance,
avantunetragiqueaffairedemeurtre
d’unevieille damede83 ans.Deux
voisinessontvitesoupçonnées,
Marie(SaraForestier) et Claude(Léa
Seydoux),alcooliqueset toxicos.
Loin desonregistrehabituel,Arnaud
DesplechinlivreavecRoubaix,une
lumièreunpolarsombre,maisjamais
glauque.RoschdyZem,Léa Seydoux
et SaraForestier(photo)apportent
unehumanitéet unesincérité
saisissantes.Uncoupdemaître.EnthalassoàCabourg,Michel
et Gérardtententdesurvivreàleur
dièteet auxséancesdecryogénie
quanddébarquentlespersonnages
d’unprécédentfilmdeGuillaume
Nicloux,L’Enlèvementde Michel
Houellebecq.Ginette,80 anspassés,
vientdequitterDédéet adisparudans
la nature:sonfilssuspectel’auteur
desParticulesélémentairesd’être
restéencontactavecelle...L’idée
mêmed’unhuisclosentreDepardieu
et Houellebecqenpeignoirest
irrésistible,surtoutquandilsse
laissentalleràleurproprerôle:
Houellebecqquifaitla gueuleet
Depardieuquise marre,se saoulent,
fumentencachetteet partentdans
desconversationsmétaphysiques,
absurdeset crues.La caméraà
l’épauleet lescoupuresbrusques
confèrentuncôtéhyperréaliste,mais
aussihallucinatoireaufilm.Thalasso
estplusquela possibilitéd’unfilm,
unehypothèsehilarante.L’actualitécinématographique
de la semaine
vueparThierryGandillotLA DÉCOUVERTE
EXPOOndéambuleaveclégèretédanscette
expositiondédiéeau surfau Muséed’Aquitaine
de Bordeaux,entrelesgravuresfinxixefaisant
l’éloged’unparadispolynésienet lesobjets
ou afficheskitschquiontcontribuéàfaçonner
le rêveaméricaindanslesannées60.Onplonge
avecdélicedanscettehistoirepopulaire
quinousrappellequele marinbritannique
JamesCook,lorsqu’il débarquesurla grandeîle
d’Hawaïen1778,estaccueillipardesmilliers
d’insulairessurdespirogueset desplanches
de surf;que lesnavigateurseuropéenset
nord-américains,quiluisuccéderontvanteront
tousla capacitédesHawaïensàprendre
lesvaguespour leurplaisir,couchés,
agenouillésou deboutsurleursplanches.
Desphotosd’époque montrentcomment
ce liensacréavecl’océanva peuàpeu séduire
la sociétéaméricainedèsla finduxixe.Après
l’écrivainJack Londonquipose fièrement
avecsafemmeàWaikikien 1915,on découvre
l’as hawaiiendusurfDukeKahanamoku
quifascineungroupedejeunesAméricains
suruneplagecalifornienneen 1940.C’estaprès
la SecondeGuerremondialequel’influence
dusurfdansla sociétédesloisirsau États-Unis
estla plusvisibleet doncla plusreprésentée
dansl’exposition:unâge d’or médiatique
illustréparle succèsdufilmGidget(photo)
–premierd’unelonguesériede «beach
movies»–et l’essorde la SurfMusic(Delstones,
BeachBoys). Lesextraitsde filmstémoignent
de l’émergenceprogressived’une contre-
culture,en marge de la sociétéde
consommationconcrétisépardesvoyages
initiatiques(lessurftrips)àtravers le monde.
Aujourd’hui,le surffaittoujoursrêver et a
acquisunepopularitétellequ’il seraprésent
auxJeux olympiquesde Tokyoen2020.A.-S. P.
«Ladéferlantesurf», muséed’Aquitaine,
Bordeaux,jusqu’au5janvier2020.SEA,SUNANDSURF
SHANNA_BESSONJAYQINCOLL. G. DECOSTER