Les_Echos_Week-end_-_23_Ao_t_2019

(ff) #1
LESECHOSWEEK-END– 49

MODE


Plusd’infossurweekend.lesechos.fr

CommedesGarçons,
ensembleet robe,
collection«Body
MeetsDress,
DressMeetsBody»,
printemps-été 1997
présentésdans
l’atelierd’Antoine
Bourdelle.

MartineSitbon,
robe,collection
prêt-à-porter
automne-hiver
1997-98
(reconstitution,
2018).Centaure
mourant,Antoine
Bourdelle.


CraigGreen,
chemise,pantalon
et baudrier,
collection
printemps-été2017.
Vuededosdubuste
del’écrivainAnatole
France,Antoine
Bourdelle.

Gallieraesten travaux,unjeude dialogue
s’instaureégalemententrela pierreet
le vêtement:«Onaeulachancede pouvoirfaire
unesélectionde sculptures quiévoquentle dos
et ce quefinalementles expositionsde mode
n’ontplus:lecorpshumain,ajoutele
commissairede l’exposition.Ledos atoujours
eu unegrandeimportancebiensûr,maiscertains
créateursenont fait uncanevasàpartentière,
notammentReiKawakubodu label
CommedesGarçonsquien afait unvéritable
outilde questionnementgrâceàuntravail de
déformationquel’onretrouvedanssa collection
printemps-été 1997 .Certainesprotubérancessur
les hancheset le dosfontexplicitementréférence
àladéformationdesbossus.»


DOSDE RICHESRICHEMENTDÉCORÉS
Oublié,privilégié,ou encorecontraint,le dos
atoujourseu unrôleparticulierdansl’histoire
de la mode et duvêtement.Maisaussides
époques.«C’estvrai quec’estintéressant
de constaterqueselonles époqueset les périodes,
le dosestplusou moinsmisen avant.
Dèslexviesiècle,on notequeles femmesavaient
desfaussesfessesrembourréessurlesquelles
on apposaitdesnœudspourgagneren volume.
Et àl’époquedesprécieusesduxviiesiècle,
le dosétaitquelquechosede primordial,les gens
importantsdevaientavoirunbeaudos,richement
brodéet travaillé.C’estréellementpartir
desannées50 quecettepartiedu vêtement
acommencéàêtredélaissée,l’époqueappelait
unemodeplusfonctionnelle»,r elateXavier
Chaumette,historiende la mode.Et le genre,
unefoisencore,aégalementsonmotàdire.
«Lorsdenos nombreusesrecherches pour
préparer cetteexposition,nousavonsdécouvert
queles vêtementsfémininssontles seuls
àsefermerdansle dos,et doncàcontraindre
le corps.Àlemainteniren place,d’unepart,
maiségalementàobliger la femmeàêtreaidée
pourpouvoirle fermer.Que celasoitàtravers les
boutons,les laçages, les glissières ou la fermeture


presquequ’ils sont en troisdimensions»,note
AlexandreSamson.Le mystèrequepouvait
susciterunephotode mode prisede trois-
quarts,ne laissantapercevoirla silhouette
quede profilou de dos,n’aeneffetplus
tellementsa placeàl’époque de la génération
selfie.«Cetteexpositionesttrès intéressante
aujourd’hui,carellepeutpresques’envisager
commeuneréactionanti-selfie.Le visageapris
énormémentd’importancepourles jeunes
générationsquise postentàlongueurde journée
surles réseauxsociaux.Ons’enrend compte
notammentparla croissancedesventes
nonseulementde produitsde maquillage,
maiségalementd’accessoires commeles arceaux
de lumières àclippersursontéléphone,
pouravoirla lumièreparfaitepourla photo»,
analyse AlexandraJubé, consultante
en stratégiepour lesmarquesde mode.
Et pour fairemonterle désir,certainesmarques
de luxenes’embarrassentd’ailleursplus
de mettreen scènele vêtementdansleurs
campagnesde publicité:unvisageen grosplan
suffitàceque lesfuturesclientesse projettent.
Pourtant,riende tel qu’une silhouettecroisée
de dospour susciterunecertainethéâtralité.
Ce dontla mode alesecret.

Exposition«BackSide/Dosàlamode»,
jusqu’au17 novembre. PalaisGallieraaccueilli
au muséeBourdelle.www.palaisgalliera.paris.fr

éclair.Plusd’unefemmes’estluxél’épaule
en tentantse fermersa robe !»souligne,
de soncôté,AlexandreSamson.
L’émancipationdesfemmes,dansles
années60 et 70 verracescontraintes
vestimentairesse raréfier.Lafemmeveut
pouvoirse vêtir seule.Le dosdesvêtements
seraégalementutilisécommetoilevierge
pour ydélivrerdesmessages:c’est au cours
desannées60 qu’apparaissentainsilesdossards
lorsde représentationssportives pour identifier
lesjoueurs.Lesmarquesduluxes’y
engouffrerontàleurtourdèslesannées 80
pour yapposerleurslogospublicitaires.
«Créativement,ce sontles créateursdits
intellectuels,ce qu’onqualifiede “moded’auteur”
quicontinuerontàs’intéresserau dos,dans
les années80 et 90.Les designersjaponais
ou encoreles Belges ytrouventencoreune carte
àjouer»,ajouteXavierChaumette.
S’il semblemoinsrichementtravaillé
aujourd’hui,le dosdesvêtementss’adapte
finalementàl’époque.«Désormais,le vêtement
doitêtrepratiqueavanttout,et s’adapter
ànos modesde viecontemporains;nouspassons
beaucoupde tempsassisface àunordinateur,
et nossièges ontdesdossiers, doncavoirundos
volumineuxn’estpasdu toutenvisageable»,
s’amuseXavierChaumette.Deplus,la mode
se regardeégalement,la plupartdutemps,
parécraninterposé:«Onadeplusen plus
l’impressionqu’aujourd’hui,les vêtementssont
fabriquéspourêtrevusur desécrans,on oublierait
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