Echos - 2019-08-28

(lily) #1

Les Echos Mercredi 28 août 2019 ENTREPRISES// 17


LE NOUVEAU


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la Française Catherine MacGregor,
qui vient de rejoindre Technip-
FMC. Il ne faut pas oublier les
50 0 employés tricolores travaillant
pour RemainCo (sur 22 .000 au
total), en banlieue parisienne, et les
1.000 salariés de l’usine du Trait,
près de Rouen, qui fabriquent les
tuyaux flexibles utilisés dans les
activités sous-marines, qui tombent
dans l’escarcelle de l’autre entité.

Aucun emploi menacé
La secrétaire d’Etat à l’Economie,
Agnès Pannier-Runacher, a assuré,
mardi sur BFM Business, que le
gouvernement s erait « très vigilant »
au maintien « de centres de recher-
che et développement et de centres
de décision » en France. Au conseil
du groupe siègent deux administra-
teurs représentant bpifrance, qui
détient 5 % du groupe dans son
portefeuille.
« Nous ne sommes pas là dans
l’idée de rationaliser les équipes.
Aujourd’hui, nous avons des équipes
pointues avec des ingénieurs pointus
et l’idée c’est de maintenir cette com-
pétence », explique-t-on à la direc-
tion du groupe, qui se défend de
vouloir défaire ce qui a été réalisé
trois ans plus tôt. « On crée deux gros
business avec deux profils financiers
différents », y répond-on.
D’un côté, l’activité sous-marine
de RemainCo, dotée d’un chiffre
d’affaires théorique d e 7 milliards de
dollars, a déjà engrangé 3 milliards
de dollars de commandes sur le seul
premier semestre. De l’autre,
SpinCo dispose d’un carnet de com-
mandes qui culmine déjà 19 mil-
liards de dollars (avec un chiffre
d’affaires de 6 milliards). « Le pre-
mier domaine a des revenus plus
limités mais des marges bien plus
importantes que le second », note un
observateur du secteur.
A la CFDT, o n s’inquiète de l’avenir
des deux entités, qui pourraient
s’avérer moins outillées pour
repousser d’éventuelles offensives.
« Elles semblent armées pour être des
acteurs importants de leurs marchés
respectifs, mais c ela ne met pas à l ’abri
d’un rachat », craint Pedro Roxan,
délégué syndical, rappelant que la
fusion avait justement été faite pour
résister aux conditions de marché.

« On nous a dit au moment de la
fusion qu’on était trop petits, et main-
tenant on crée d eux entreprises encore
plus petites », souffle son collègue
Christophe Héraud. Pour rappel,
Technip France représentait envi-
ron 30.000 salariés il y a quelques
années. « La question importante,
c’est la trésorerie. Comment se répar-
tira-t-elle entre les deux entités? » se
demande-t-on à la CFE-CGC. Celle-ci
s’élevait à 4,6 milliards en liquidité et
équivalent au 30 juin 2019.

(


Lire « Crible »
Page 28

Enrique Moreira
@EnriqueMoreira
avec Julien Dupont-Calbo
@jdupontcalbo


Est-ce un retour à la case départ?
C’est l’une des nombreuses ques-
tions soulevées par l’annonce faite
par TechnipFMC de sa scission
trois ans seulement après la
« fusion entre égaux » entre le
groupe français et l’entreprise amé-
ricaine... « C’est plutôt un retour
vingt ans en arrière », tranche-t-on à
la CFE-CGC. L’opération, a pprouvée
à l’unanimité par le conseil d’admi-
nistration, consiste à détacher du
groupe l’activité ingénierie de
grands projets issue de Technip
pour créer une entité indépendante
cotée à Paris et dirigée depuis la
France, même si l’immatriculation
se fera aux Pays-Bas. Le reste
deviendra un autre ensemble, spé-
cialisé dans la fourniture de maté-
riel et de services parapétroliers.


Des technologies en jeu
En clair, les tuyaux flexibles de
forage du savoir-faire provenant de
l’ex-Coflexip (racheté en 2000 par
Technip) restent dans l’entité
contrôlée depuis Houston, imma-
triculée à Londres, cotée à New York
et à Paris, et pilotée par les diri-
geants de l’ex-FMC. « C’est une
manière de récupérer des technolo-
gies sans dépenser d’argent », déplo-
re-t-on à la CFE-CGC.
La France abritera l es
15.000 employés de SpinCo, versés
dans la gestion de grands projets
industriels liés à l’énergie. Dirigé par


ÉNERGIE


Lundi soir, le groupe
parapétrolier franco-
américain a annoncé
sa séparation en
deux entités distinctes
et cotées en Bourse.


De nombreux points
restent à éclaircir
notamment
sur la question
de la trésorerie.


Les salariés de TechnipFMC craignent


un retour en arrière


L’ Etat français, qui possède 5 % de TechnipFMC, est favorable à la scission du groupe en deux entités. Photo TechnipFMC

complexes, le groupe a échoué
dans plusieurs appels d’offres pour
la vente de locomotives et de rames
sur le Vieux Continent.

Une base idéale
La situation géographique du
marché allemand au carrefour
de l’Europe et son fort tissu indus-
triel ferroviaire, avec la présence de
Bombardier, d’Alstom et de Sie-
mens, en font une base idéale pour
rayonner sur le Vieux Continent.
CRRC avait déjà tenté de s’y installer
en faisant il y a plusieurs années
une offre sur l’usine de locomotives
de Skoda, finalement reprise par
des investisseurs tchèques.
Le projet de rapprochement de
Siemens avec Alstom, soutenu par
la France et l’Allemagne, visait juste-
ment à créer un géant européen
capable d’affronter ce mastodonte
chinois, premier producteur de
matériel roulant au monde, avec un
chiffre d’affaires colossal de 26 mil-
liards d’euros. « CRRC réalise 90 %
de son chiffre d’affaires en Chine.
Mais il n’y a aucune perspective
d’entrée des Chinois en Europe dans
un avenir prévisible », avait jugé en
février Margrethe Vestager, la com-
missaire c hargée d e la C oncurrence,
pour e xpliquer son opposition à une
fusion. Cette nouvelle opération
pourrait bien lui donner tort.n

Ninon Renaud
@NinonRenaud
— Correspondante à Berlin


Après plusieurs tentatives, ce pour-
rait être la bonne et elle concrétise-
rait les craintes du ministre français
de l’Economie, Bruno Le Maire, et de
son homologue allemand, Peter Alt-
maier. Le géant chinois de la cons-
truction ferroviaire CRRC a fait une
offre d’acquisition de l’activité de
production de locomotives du
groupe allemand Vossloh, qui a été
acceptée par le conseil de sur-
veillance de ce dernier. Cela lui per-
mettra de mettre enfin un pied sur le
marché allemand du ferroviaire.
Basé à Werdohl (Rhénanie-du-
Nord-Westphalie), Vossloh a précisé
lundi avoir vendu cet actif déficitaire
à CRRC Zhuzhou Locomotive, filiale
de China Railway Rolling Stock Cor-
poration. L’opération, dont le mon-
tant devrait avoisiner quelques mil-
lions d’euros, selon Vossloh, doit


TRANSPORT


Le géant chinois met
la main sur l’activité
de production de
locomotives du groupe
allemand Vossloh.


Ferroviaire : CRRC en passe


de mettre un pied en Allemagne


encore recevoir le feu vert des auto-
rités compétentes en Europe et en
Chine, « en particulier en ce qui con-
cerne le contrôle des fusions et
l’approbation des lois sur le com-
merce extérieur », indique le groupe
allemand dans un communiqué.
La vente de son activité de pro-
duction de locomotives, basée à
Kiel, dans le nord de l’Allemagne,
s’inscrit dans la volonté de Vossloh
de se concentrer sur l’infrastructure
ferroviaire (rails et aiguillages). Le
groupe avait déjà vendu dans ce
cadre ses divisions véhicules ferro-
viaires et systèmes électriques
en 2015 et 2017. « Avec la finalisation
de la transaction actuelle, la restruc-
turation du groupe aura été menée à
bien », conclut l’entreprise.

Pour le chinois C RRC, cette acqui-
sition est stratégique, car elle doit
lui permettre d’apprivoiser la régu-
lation européenne en matière
d’homologation grâce à l’expertise
de Vossloh. Jusqu’ici, faute de maî-
triser ces procédures longues et

L’opération permettra
à CRRC d’apprivoiser
un marché européen
très régulé qui lui
a jusqu’ici résisté.
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