et des caractéristiques bien spécifiques. La région de Mendoza
fournit à elle seule les deux tiers des vins argentins. Au pied des
sommets des Andes, ce vaste plateau ne rend possible la culture
de la vigne que par irrigation au goutte-à-goutte. À une altitude
de 700 à 1 400 mètres, l’air frais nocturne et la proximité des
montagnes protègent efficacement la vigne contre les maladies,
et l’ensoleillement jamais pris en défaut assure une maturation
complète aux raisins. Dans des paysages spectaculaires, certaines
des bodegas les plus réputées d’Argentine sont implantées à
Mendoza : Catena, Norton, Peñaflor ou Trapiche en font ainsi
partie, et font la part belle au cépage roi malbec.
Plus au nord se trouve San Juan, la deuxième région viticole du
pays, au climat plus chaud. Parmi les petits secteurs éparpillés dans
le nord du pays, le long de la cordillère des Andes, on retiendra
le vignoble de Cafayate, dont les vignes, parmi les plus hautes
du monde, culminent à 2 400 mètres, avec les bodegas Colomé
et San Pedro de Yacochuya. Ce secteur particulièrement sec et
ensoleillé connaît des amplitudes thermiques considérables.
Petit en superficie, il donne certains des meilleurs vins du pays. À
l’autre extrémité du pays, en Patagonie, l’expansion du vignoble
se poursuit vers le sud dans la vallée du Río Negro, sur les sols
sableux et riches en alluvions du long du fleuve. Ce secteur très
qualitatif, isolé au milieu du désert, est une nouvelle source de vins
très fins et harmonieux, parmi lesquels d’étonnants pinots noirs
(bodega Chacra). La modernisation du paysage viticole argentin
doit beaucoup aux investissements étrangers commencés dès
les années 1950 : Bodegas Chandon produit avec le savoir-faire
champenois des vins pétillants très honorables. Depuis, de
nombreux Français – les Bordelais Lurton, Jean-Michel Arcaute
(Alta Vista), la famille Péré-Vergé, Hervé Joyaux-Fabre (bodega
Vistalba) – ont investi et développé des affaires florissantes, sans
oublier de grands groupes mondiaux – Pernod-Ricard (bodega
Etchart), LVMH (Cheval des Andes), Rothschild (Caro) –, dont les
vins sont souvent bien distribués et accessibles en France. En
dépit de la crise économique qui touche actuellement le pays,
avec une consommation de vin en chute libre (il est vu comme
un produit de luxe), les producteurs misent sur l’œnotourisme et
les exportations en croissance. L’eldorado argentin a sans doute
encore de beaux jours devant lui!
mité de Santiago, berceau des grandes entreprises locales comme
Concha y Toro (premier producteur du pays) ou Santa Rita. Plus
au sud, les régions de Rapel et de Maule ont connu de nombreux
investissements. Mais c’est plus au nord, à proximité de Valparaíso,
dans les régions de Casablanca et de l’Aconcagua, que s’activent
les vignerons chiliens les plus entreprenants aujourd’hui, qui
s’associent souvent, pour des cuvées de prestige, à de grands
vignerons étrangers : Almaviva est un vin né de la collaboration
de Concha y Toro avec la famille Rothschild, comme Clos Apalta,
issu de celle de la famille chilienne Rabat avec la famille fran-
çaise Marnier-Lapostolle. Des vins luxueux et ostentatoires qui
séduisent une clientèle habituée aux grands bordeaux ou aux
vins californiens. On le voit, le Chili sait aujourd’hui produire des
vins pour tous les goûts et tous les budgets!
L’Argentine, eldorado viticole
L’Argentine est le cinquième producteur de vins au monde et se
distingue par une grande diversité de styles. Si le cépage le plus
cultivé reste le criolla chica, les émigrés italiens, espagnols et fran-
çais ont chacun implanté des cépages de leurs pays respectifs. La
prospérité du pays, jusqu’au milieu des années 1950, a alimenté
une forte consommation intérieure, et les exportations ont pris
le relais, s’appuyant sur de nombreux investissements étrangers,
souvent bordelais, grâce au savoir-faire de l’œnologie française.
Parmi les cépages les plus plantés, on trouvera le bonarda, ori-
ginaire du nord de l’Italie, capable de donner des vins tendres
et fruités, et le malbec, originaire de Cahors, présent depuis la
fin du XIXe siècle, qui prospère idéalement dans un climat sec et
chaud. Cabernet, syrah, merlot et pinot noir peuvent également
donner des vins de haut niveau. En blanc, on citera le très parfumé
et original cépage torrontés, originaire de Galice, en Espagne.
De la région de Salta, au nord du pays, jusqu’en Patagonie, au sud,
dix régions viticoles identifiées possèdent chacune des microclimats