LeSoir - 2019-08-14

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Page 14Mercredi 14 août 2019Mad

ROCK ET VARIÉTÉS


musiques


GENTIL GARÇON SAGE
L’histoire commence à
Londres, au milieu des années
80 quand retentissent ses pre-
miers émois musicaux. Rien de
bien sacré, mais une pop synthé-
tique qui passe en boucle à la ra-
dio, celle de Depeche Mode et
des Pet Shop Boys, qui l’amène à
vouer un culte au synthétiseur.
Pourtant, c’est d’abord vers le
piano que le gamin se tourne. A
douze ans, le voilà qui étudie Ra-
vel et Stravinsky au Royal Col-
lege of Music. Jon Hopkins
pense un temps à devenir pia-
niste classique, mais les années
90 l’en dissuaderont, entre l’ex-
plosion acid house et l’electroni-
ca. L’adolescent a choisi son
camp, il remise son costume noir
au placard et signe un contrat
d’artiste solo avec un petit label,
Just Music. Pourtant, dans le
fond, il reste ce gentil garçon

C


’est peut-être le producteur
electro le plus intéressant
de cette décennie. Le plus
doué, peut-être, le plus singulier
sans aucun doute. En tout cas le
seul à faire le lien entre Brian
Eno, Coldplay, Ravel et Au-
techre. Loin du brouhaha de To-
morrowland, Jon Hopkins est
plutôt du genre discret, restant
fidèle à l’anonymat qui est aux
racines du mouvement electro.
Pourtant, son Immunityde 2013
est bel et bien le Unknown Plea-
sures de cette décennie, un
disque hanté, sombre et mélan-
colique entre dureté des beatset
douceur mélodique. Bref, un
disque essentiel, tous styles
confondus. Alors qu’il se produi-
ra vendredi au Pukkelpop, reve-
nons sur le parcours atypique de
Jon Hopkins, producteur electro
qui a une main de pianiste dans
le classique et l’autre dans la pop.

sage et studieux bien coiffé avec
la raie sur le côté.
Hopkins sort deux albums au
début des années 2000 qui
passent complètement inaper-
çus. Devant cet aveu d’échec, il se
retire dans l’anonymat des stu-
dios, devenant musicien de ses-
sions et producteur pour
d’autres. Ironiquement, c’est ce
qui lui permettra d’être repéré
par l’aristocratie pop. D’abord
par Brian Eno, inventeur de la
musique ambient, « non-musi-
cien » gourou aux méthodes
étranges qu’il a partagées avec
Bowie, U2 ou Coldplay. Le vété-
ran prend Hopkins sous son aile
et l’emmène un jour en studio
tandis qu’il commence à tra-
vailler avec Coldplay sur ce qui
deviendra Viva La Vida.
« Je devais passer une journée
en studio et j’ai fini par rester
tout l’enregistrement. Quand je

Docteur Jon et Mister Hopkins


Jon Hopkins, un parcours atypique.
©DR

R


ihanna en poupée pop?
Kendrick Lamar en mode
karaoké? Eminem idem?
Terminé! Cette année, le Puk-
kelpop revient à ses fondamen-
taux. Pas forcément rock (dès la
première édition en 1985, Front
242 et Neon Judgement démon-
traient l’ouverture du festival à
l’electro), mais alternatifs. Pas de
grosse tête d’affiche a priori,
mais que des bonnes choses
dans tous les styles rock, rap,
electro ou tout cela à la fois. Le
Pukkel est un Werchter alterna-
tif (le tourneur Live Nation
place la majorité des artistes)
qui se permet pourtant d’avoir,
presque par hasard, LA tête d’af-
fiche 2019, à savoir Billie Eilish,
phénomène pop qui a explosé en
ce début d’année.
Rendez-vous du 15 au 18 août
à Kiewit près de Hasselt.

▶ Infos et rés. : http://www.pukkelpop.be

Le Pukkelpop de retour en ter


La 34eédition


du festival limbour-


geois s’annonce


comme un retour


aux sources :


éclectique


et alternatif.

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