Ecoute - 09.2019

(Sean Pound) #1
ÉCOUTE 9 · 2019 41

(^) | FRANCO-ALLEMAND
originaire de...
, aus ... stammend
se succéder [syksede]
, aufeinanderfolgen
diriger
, leiten
prestigieux,se
[p ʀɛstiZjø,jøz]
, angesehen
auparavant
, zuvor
ni... ni...
, weder ... noch ...
en moyenne [ mwajɛn]
, durchschnittlich
l’engouement (m)
, die Begeisterung
grâce à
, dank
le supplément d’âme
, die zusätzliche Seele
constituer
, sein
les arts (m) plastiques
[lezaʀplastik]
, die bildenden Künste
des centaines de
milliers [milje]
, Hundertausende
retrouver ses lettres de
noblesse
, wieder zu Ehren
kommen
tandis que
, wohingegen
Qui sont les mélomanes en Autriche?
À Vienne, la musique classique concerne
tout le monde. Les portiers d’hôtels
comme les chauffeurs de taxis savent
ce qui se joue à l’opéra. Et ce, grâce à un
système peu connu en France : les places
debout. L’opéra national de Vienne en
vend près de 600 chaque soir pour la
modique somme de trois à quatre euros.
La moitié d’entre elles se situe au fond du
parterre, de face, et bénéficie d’une excel-
lente acoustique. Je me souviens, quand
j’étais étudiant en France, on faisait la
queue aussi pour acheter des places
debout à l’opéra. Cette offre bon marché
est beaucoup plus répandue à Vienne et
met l’opéra à la portée d’une population
moins fortunée. Nul besoin d’être riche
ou d’avoir des compétences particulières
pour venir à l’opéra de Vienne!
Que trouvez-vous en Autriche que
vous ne trouvez pas en France?
À Vienne, la musique est plus essentielle.
À l’opéra en France, un bon applaudis-
sement, c’est six minutes tandis qu’à
Vienne, on compte au moins 20 minutes!
Ce n’est pas du tout pareil. À la fin de la
représentation, jusqu’à 200 personnes
attendent les artistes. Une autre dif-
férence est l’écho dans la presse. En
Autriche, il y a entre 10 à 15 articles
chaque jour sur l’opéra de Vienne. Et
même s’il s’agit de la 50e reprise des Noces
de Figaro ou de la 100e reprise du Chevalier
à la rose, les journalistes reviennent. Rien
à voir avec le traitement médiatique en
France. La place donnée à la musique
dans les trois grands quotidiens français
est de plus en plus réduite. Alors qu’ici, la
moindre chose qui se produit à l’opéra est
commentée. Pour preuve, il y a quelques
années, le jour du dimanche de Pâques, le
chef d’orchestre Franz Welser-Möst a eu
un lumbago en plein milieu du premier
acte de Parsifal. Il a continué à diriger
jusqu’à la fin de l’acte mais en sortant de
la fosse, on l’a conduit à l’hôpital. L’inci-
dent a dû avoir lieu à 18 h 45. Un quart
d’heure après, à 19 heures, il faisait le titre
du journal télévisé de la première chaîne
autrichienne!


O

Originaire d’Alsace, Domi nique Meyer
est directeur de l’opéra national de
Vienne depuis 2010. Avant lui se sont
succédés à cette fonction Gustave
Mahler, Richard Strauss, Clemens Krauss,
Herbert von Karajan, Lorin Maazel...
C’est le premier Français à diriger cet
établissement prestigieux, qui présente
plus de 60 opéras et ballets par an. Di-
plômé en économie, Dominique Meyer
a été auparavant directeur de l’opéra de
Lausanne, en Suisse, puis directeur du
théâtre des Champs-Élysées, à Paris.
À partir de 2020 et après deux man-
dats, le Français devra laisser sa place à la
tête de l’opéra de Vienne à l’Autrichien
Bogdan Roščić, actuel président du label
Sony Classical. Si Vienne, ville de
1,8 million d’habitants, n’a ni les dimen-
sions de Paris ni celles de Londres ou
de New York, on y vend pourtant chaque
soir en moyenne 10 000 billets pour la
musique classique (concerts, opéras,
ballets, etc.). Soit 70 000 par semaine, et
bien plus que pour les matchs de football!

Comment expliquer cet engouement
du public viennois?
Grâce à sa longue histoire avec la mu-
sique classique. Imaginez, Mozart, Schu-
bert, Haydn, Beethoven, Brahms, Strauss,
Schönberg... Les plus grands composi-
teurs ont vécu à Vienne. En France, on dit
toujours que la culture est un supplément
d’âme. Ici, la musique classique constitue
l’âme des Viennois, elle fait battre leur
cœur. Il faut bien reconnaître qu’on est
plus intéressés, en France, par les arts
plastiques – les grandes expositions de
peinture attirent ainsi des centaines de
milliers de visiteurs – ou encore le cinéma,
une spécialité bien française, que par la
musique. L’opéra, en France, n’a retrouvé
ses lettres de noblesse que depuis une
quarantaine d’années. Tandis qu’à Vienne,
l’opéra a toujours été une référence.

de
KRYSTELLE
JAMBON

ce qui se joue
, was gespielt wird
la place debout
, der Stehplatz
modique
, bescheiden
au fond de [ofdə]
, hinten in
le parterre [paʀtɛʀ]
, das Parkett
de face
, frontal
faire la queue [kø]
, anstehen
répandu,e
, verbreitet
mettre à la portée de qn
, für jn erschwinglich
machen
fortuné,e
, wohlhabend
nul besoin
, es ist überhaupt nicht
notwendig
la représentation
, die Darbietung
la reprise
, die Wiederholung
Les Noces de Figaro
, Die Hochzeit des Figaro
Le Chevalier à la rose
, Der Rosenkavalier
rien à voir [ʀjnavwaʀ]
avec
, kein Vergleich mit
le traitement médiatique
, hier: die Bericht-
erstattung
le quotidien
, die Tageszeitung
la moindre chose
, das Geringste
pour preuve
, zum Beweis
le chef d’orchestre
[SɛfdOʀkɛstʀ]
, der Dirigent
le lumbago [lbago]
, der Hexenschuss
la fosse
, der Orchestergraben
l’incident (m)
, der Zwischenfall
le journal télévisé
, die Fernsehnachrichten
la chaîne
Fotos: Gisela Schober/Getty Images; rusm/iStock.com ,^ der Sender

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