52 L’OBS/N°2858-15/08/2019 ANDREW TESTA/THE NEW YORK TIMES/REDUX/REA
Un improbable
succès
de presse
ANTI-BREXIT
Lancé au lendemain du référendum au
Royaume-Uni, “The New European”, le journal
des “remainers”, ne devait durer que quelques
semaines. Trois ans plus tard, le titre est toujours là
Par JEAN-BAPTISTE NAUDET
C
e devait être « un nouveau
journal éphémère pour les
48% ». Lancé en quelques
jours au lendemain du vote
en faveur du Brexit, le 4 juil-
let 2016, « The New European » ne devait
durer que quatre semaines. Pourtant, trois
ans plus tard, cet hebdomadaire, qui
s’adresse « aux 48% », c’est-à-dire aux
16 millions de Britanniques qui ont voté
pour rester dans l’Union européenne en
juin 2016, est toujours en vie. Mieux, le titre,
qui pourfend le nouveau Premier ministre,
Boris Johnson, et se défi nit comme « la
vitrine des débats autour du Brexit », a reçu
de nombreux prix. Dès les premiers numé-
ros, ce magazine étonnant, car europhile
dans un paysage médiatique britannique
globalement europhobe, a rencontré son
public. On commente ses couvertures
chocs et pleines d’humour, on le lit, on s’af-
fi che avec en public. Comme un cri de ral-
liement. Histoire d’un succès improbable.
Au lendemain du référendum, un
homme de presse, Matt Kelly, se promène
dans Londres. L’étrange atmosphère qui y
règne le choque. « Les gens se rassemblaient
avec l’impression d’avoir perdu quelque
chose ou quelqu’un, dira-t-il. Une nouvelle
communauté voyait le jour par-delà les cli-
vages traditionnels. » Cet ancien respon-
sable du numérique au « Daily Mirror » (un
Matt Kelly, rédacteur en chef de « The New European ».