Marseillaise - BouchesRhoneVar - 2019-08-14-15

(Ron) #1

LIBÉRATION DE LA PROVENCE LIBÉRATION DE LA PROVENCE


mercredi 14 et jeudi 15 août 2019 / La Marseillaise XIII


Armée française et Résistants viennent partout à bout des Allemands


L


e 20 août, Port-de-Bouc
est aux mains des FFI!
Les Allemands se replient,
non sans avoir tenté de sa-
boter les installations por-
tuaires. Le navire Le
Maréchal Pétain tout juste
sorti des chantiers navals
est installé pour y être coulé.
Mais l’action de la Résistance
permet de sauvegarder l’es-
sentiel : une fiche de l’état-
major cité par Robert
Mencherini dans La
Libération et les années tri-
colores indique que « Le Canal
de Port-de-Bouc-Martigues
est intact ». C’est donc ici que
vont débarquer fin août les
premiers « Liberty ship »
américains et Port-de-Bouc
va avoir un rôle essentiel
pour l’approvisionnement
des ar mées alliées qui se
ruent vers l’Allemagne. Le
port devient notamment un
grand centre de débarque-
ment du pétrole et un oléo-
duc va être rapidement cons-
truit jusqu’à Lyon ce qui fa-
cilitera encore la logistique
des armées.

Port-de-Bouc, pivot sur
la route de la liberté

C


’est dès le 22 août que la capitale de la Camargue
va engager les combats pour sa Libération.
Quatre cents FFI mal armés, Arlésiens, réfugiés
ou républicains espagnols, se sont soulevés et
une vingtaine d’entre eux se sont emparés, sous
la direction du lieutenant Chavoutier, de l’usine
du Pont de Crau pour éviter sa destruction. Les
Allemands fuient la ville. Ils tentent ensuite une
contre-offensive le lendemain mais sont repous-
sés par les Résistants. Les plus durs combats ont
lieu près de la gare et sur l’avenue aujourd’hui
Stalingrad. Il y a une dizaine de morts.
« Les Résistants s’emparent de la mairie où
est hissé le drapeau tricolore, de l’hôtel Jules
César, siège de la Kommandantur, où s’installe
l’État-major FFI, et libèrent les prisonniers de
la caserne Calvin », raconte Robert Mencherini

dans La libération et les années tricolores.
Le 24, l’ar mée américaine fait son entrée
à Arles, suivie par les troupes françaises.
La population qui se jette dans les rues de la ville
pour célébrer ses libérateurs, a pourtant beaucoup
souffert. Le 25 juin, la ville a été massivement
bombardée par les avions américains qui cher-
chent à couper les voies de communication et no-
tamment les ponts sur le Rhône. En trois vagues
successives et dix minutes en tout, les avions lâ-
chent des centaines de bombes sur la ville. Le si-
nistre bilan est de 35 morts, 38 blessés et 300 bâ-
timents détruits. D’autres bombardements auront
notamment lieu le 17 juillet, puis le 15 août, une
semaine avant la Libération, qui feront 34 morts.
Le quartier de Trinquetaille est particulière-
ment atteint.

Arles blessée et libérée résiste à la contre-attaque


D


ès la nouvelle du débarquement de
Provence connue, les maquis se mobili-
sent autour d’Aix-en-Provence, une ville
loin des nœuds de communication ce qui
lui a évité les lourds bombardements de l’été.
Entre autres exploits, le 24 avril précédent,
les résistants FTP avaient réussi à faire éva-
der collectivement de la prison d’Aix 27 dé-
tenus qui attendaient la déportation. Mais,
la Résistance locale a été durement touchée
par l’action des commandos Brandebourg
qui ont déjà fusillé six otages le 10 juillet à
Lambesc. Ils y ont également arrêté dix per-
sonnes qu’ils exécuteront quelques jours
plus tard.
Pourtant dès le 15 août, les actions de gué-
rilla commencent dans le pays d’Aix, avec bar-
rages routiers et récupération des armes
sur des Allemands ou des policiers et gen-

darmes français. Les Allemands réagissent
en arrêtant les deux frères Noat, des résistants
de la première heure le 16 août à leur domi-
cile. Raymond et Julien Noat sont fusillés
le lendemain avec trois autres résistants
sur la route du Tholonet, au lieu-dit Vallon
des Gardes. Max Juvénal, le chef régional de
l’armée secrète, est blessé dans un accro-
chage pendant que son adjoint Maurice
Plantier est tué. Les FFI installent leur QG
à Palette et dans la nuit du 20 au 21 août, les
FTP occupent la mairie avant l’arrivée des
Américains. Dans un tract, ils affirment
avoir démis le maire vichyste et déclarent
vouloir remettre le pouvoir au comité de li-
bération. Guidées par les FFI, les troupes
américaines de la 3
e
Division d’Infanterie
font enfin leur entrée dans une ville où l’ar-
restation des collaborateurs a commencé.

Les Américains entrent dans Aix libérée par la Résistance


D


ès l’annonce du débarquement de
Provence, les 2 000 soldats allemands
stationnés à Martigues préparent leur
évacuation. La résistance locale tente
de son côté de se réorganiser après avoir
été décapitée : le 8 juin, huit des prin-
cipaux membres du réseau martégal
sont arrêtés ensemble lors d’une réu-
nion rue Hoche par la Gestapo.
Transférés à Marseille où ils sont tor-
turés, ils sont fusillés avec vingt autres
résistants le 13 juin dans la clairière du
Fenouillet à la Roque-d’Anthéron.
Le 20 août, la Résistance demande
aux Allemands de se rendre mais ces
derniers évacuent dans la nuit, non
sans avoir fait sauter des ponts routiers

et ferroviaires. Ils coulent également
les derniers navires présents dans le
port.
Le 21, la ville est aux mains de FFI
célébrés par une foule en liesse. La
Résistance attaque l’arrière-garde alle-
mande sur la route de La Mède et sur
celle d’Istres, faisant une dizaine de
morts et de nombreux prisonniers. Le
lendemain, trois chars américains en-
trent dans une Venise provençale défi-
nitivement débarrassée des Occupants.
Les huit résistants assassinés le
13 juin seront identifiés dans une fosse
commune le 19 octobre suivant et in-
humés le 21 au cimetière Saint-Pierre
de la ville lors d’obsèques solennelles.

Les Allemands font sauter les ponts de Martigues


L


e 22 août, alors que le ver-
rou d’Aubagne vient de sau-
ter devant les assauts de l’ar-
mée française, une partie des
Tabors marocains du général
Guillaume contourne Marseille
par Peypin et Cadolive, mais
aussi par Saint-Savournin et
Simiane et tombe sur les dé-
fenses allemandes de Septèmes,
tenue par une batterie côtière
et des grenadiers. La contre-
attaque des occupants est blo-
quée à Fabrégoules : la
Wehrmacht se retrouve ainsi
encerclée dans Marseille. Le
24 août, les combats sont meur-
triers, particulièrement au car-
refour de la Gavotte que l’en-
nemi défend avec acharnement.
La bataille s’étend aux quar-
tiers Nord de Marseille, notam-
ment autour de la batterie d’ar-
tillerie de Tante Rose à
Verduron alors que les gou-
miers s’emparent de Gignac et
du Rove les 26 et 27 août. Les ti-
railleurs algériens sont eux ac-
crochés à Foresta et au Plan
d’Aou.
À Septèmes même, les résis-
tants des FTP Auzias, du nom
d’un résistant postier commu-
niste fusillé le 23 février pré-
cédent, rejoignent les troupes
régulières pour célébrer la
Libération de la commune et
foncer sur le centre de
Marseille.

Septèmes-les-Vallons


délivrée


par les Tabors


et la Résistance


Q


uand le 23 août 1944 les sol-
dats américains de la 3e divi-
sion d’infanterie entrent dans
Miramas avec leurs chars en pro-
venance de Saint-Chamas, c’est
un cauchemar qui se termine
pour les Miramasséens. Si les
Allemands sont en fuite, la ville a
payé un lourd tribut à sa libération.
Les 7, 8 et 9 juin, au lendemain du
débarquement de Normandie, la
gare de triage est mitraillée par les

avions américains. Le 12 juillet,
puis le 6 août, l’aviation alliée
bombarde cette fois lourdement
la ville en visant les installations
ferroviaires et les usines militai-
res. Ces tapis de bombes de la 15e
USAAF vont causer la mort de
17 civils, mais la population ne se
retourne pas contre les alliés
qu’elle accueille en liesse.
La ville a connu d’autres dra-
mes durant Vichy puis l’occupa-
tion directe des Allemands. Un
camp d’internement rassemble
dans des conditions de détention
difficiles des « Groupes de tra-

vailleurs étrangers », des
Républicains espagnols qui par-
ticiperont à la Libération de
Miramas et des juifs étrangers
notamment. À partir d’août 1942,
les Français d’abord puis les na-
zis viennent rafler les juifs dans
cette annexe du camp des Milles
et les envoient en déportation à
Auschwitz via Drancy. Ces dépor-
tations vont se multiplier : février
1943, février 1944 et avril-mai 1944.
Le mémorial du camp des Milles
rend hommage à ces déportés
dont nombre ne sont pas revenus
des camps.

Miramas


a souffert


L


es cloches sonnent à la volée
ce 21 août 1944 qui voit les
jeeps américaines entrer dans
le bassin minier par le quar-
tier Saint-Roch. Les Gardannais
peuvent quitter les collines où
ils s’étaient réfugiés par crainte
d’un bombardement de l’usine
d’alumine pour découvrir une
ville désertée par l’occupant,
des soldats de la 19e armée al-
lemande originaires du Caucase
ou d’Ukraine. Plusieurs dizai-
nes de chars US vont ensuite
traverser la ville en direction
d’Aix-en-Provence. Le cauche-
mar de l’occupation allemande
a duré vingt et un mois, une pé-
riode durant laquelle la résis-
tance gardannaise a été parti-
culièrement active, notamment
pour saboter l’effort de guerre
ennemie, que ce soit avec l’alu-
mine de Gardanne, le charbon
de Meyreuil ou le ciment à
Valdonne.
Certains de ces maquisards
vont ensuite s’engager dans les
commandos de Provence, dit
« Commandos de Courson » et
vont mener le combat jusqu’à
la victoire, s’illustrant notam-
ment lors de la libération de
Belfort.

Les cloches sonnent


à Gardanne


D


ans la bataille pour l’encerclement des
Allemands dans Marseille, la bataille du
Rove a eu une importance essentielle. Les
Occupants ont en effet truffé la Côte Bleue de
blockhaus et de batteries d’artillerie. Le 23 août,
la commune est libérée par les Goumiers ma-
rocains du général Guillaume aux termes de
combats qui font huit morts innocents dans la
population civile.
Cinq Rovenains dont une petite fille de 12 ans
sont tués par un obus dans la grotte de la
Gipière où ils s’étaient réfugiés. Un autre ci-
vil est mortellement touché par des éclats
d’obus et une adolescente et un habitant sont
abattus à bout portant par des soldats alle-
mands. Chaque année, les commémorations
de la Libération du Rove se terminent par un
moment de recueillement sur leurs tombes.

Victimes innocentes au Rove


Guidées par les FFI, les troupes américaines font
leur entrée dans la ville. PHOTO DR
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