L’Officiel Paris N°1036 – Août 2019

(Darren Dugan) #1

travaillé exclusivement avec des imprimés vintage,
mais à mesure que mon équipe a grandi, nous nous
sommes mis à en concevoir nous-même. L’ambiance
joue une part importante dans ce que nous réalisons.
Il faut être heureux, sinon ce n’est pas La DoubleJ.
Quand j’ai commencé mon site, j’étais très inspirée
par l’Italie et les femmes de ce pays et nous sommes
toujours enracinés dans cela. Notre concept est le style
de vie à l’italienne : comment les Italiens mangent,
s’habillent, se divertissent, cuisinent, décorent et
passent leurs vacances.
Vous avez été journaliste pour le magazine Wall­
paper, une référence en matière de design et de
décoration d’intérieur. Cela a-t-il été formateur
pour lancer votre marque très lifestyle?
Le temps que j’ai passé à Wallpaper a été fonda-
mental dans mon voyage vers La DoubleJ. C’est drôle
parce qu’à l’époque, je ne voulais pas travailler là-bas.
Quand ils sont venus me demander de les rejoindre, je
traversais un mauvais moment professionnellement.
Je ne pensais pas m’intéresser à ce magazine de design
très minimaliste. Mais une fois que je me suis ouverte
à cette nouvelle aventure, j’ai réalisé à quel point c’était
un cadeau. J’ai rencontré tous les architectes, artistes,
designers de meubles et galeristes de Milan. J’ai déve-
loppé de merveilleuses amitiés en dehors de la mode.
J’ai appris le design à leurs côtés de façon incroyable.
Pendant que je travaillais, mon œil pour les intérieurs
s’est perfectionné, passant d’un bel intérieur à un
autre. Même si par nature je penche davantage vers
une esthétique maximaliste, travailler avec le “sobre”
Wallpaper m’a permis de former mon œil. Maintenant
je sais que j’aime la combinaison de ces deux univers ;
l’architecture très clean et le design chaleureux.
Votre maison milanaise est-elle à l’image de vos
collections mode, imprimée, colorée et vintage?
Je ne peux pas vivre dans une maison où chaque
pièce se compose entièrement d’imprimés. Il doit y
avoir un équilibre. Notre chambre à coucher, assez
minimale, possède quand même une merveilleuse
aquarelle fantaisie de Ruben Toledo et plusieurs cous-
sins à motifs. Les murs de la maison sont recouverts
d’un motif vintage des années 1940 dessiné par Stig
Lindberg, recouvert de tableaux très floraux, des toiles
délirantes peintes par mon arrière-grand-mère dans les
années 1950 à Los Angeles. Le canapé est violet et les
murs vert menthe. J’adore le dialogue entre les motifs.
Et bien sûr j’adore le vintage. Presque tous les meubles
de la maison sont d’époque, provenant d’années de
chine aux marchés aux puces.
Vous êtes une collectionneuse aguerrie. Quelles
sont les pièces qui ne vous quitteront jamais?
Celles du joaillier Ugo Correani, qui sont proba-
blement les plus importantes pour moi. J’ai trouvé


l’intégralité des archives à Milan avant de lancer
La DoubleJ. Elles ont fait partie de ma collaboration
avec Mytheresa.com lancée à Paris en 2015 pour
laquelle j’avais sélectionné des pièces provenant de ma
collection. Il y a aussi deux robes de cocktail Valentino
haute couture que j’ai également trouvées à Milan. J’en
ai porté une lors d’une interview avec Tom Ford, il y a
de nombreuses années, il avait fixé son regard dessus
jusqu’à finir par m’en parler. C’était dingue.
Avec qui collaborez-vous actuellement pour vos
collections?
Nos soies sont exclusivement fabriquées chez Man-
tero Seta dans la région du lac de Côme, nos verres de
Murano chez Salviati, nos porcelaines chez Ancap à
Vérone et nos meubles chez Kartell à Milan. Toutes
ces entreprises ont entre 50 et 120 ans. La plupart, à
part Kartell, n’étaient pas connues de nos clients. Nous
avons consacré beaucoup d’attention à ces sociétés, en
affichant fièrement leurs noms aux côtés du nôtre et en
veillant à ce qu’elles soient toujours correctement mises
en avant par la presse.
D’où vous vient votre spiritualité que vous évo-
quez régulièrement dans la presse?
De la douleur. J’ai essayé pendant plusieurs années
d’avoir des enfants, et quand il a fallu se rendre à l’évi-
dence que cela ne donnerait rien, j’ai su que je devais
choisir entre tomber en dépression ou faire de gros
changements dans ma vie. J’ai choisi la seconde option.
J’ai commencé par pratiquer la méditation et des rites

spirituels, approfondir ma pratique du yoga pour
inclure le yin et faire connaissance avec le qi gong.
Toutes ces choses ont profondément enrichi ma vie et
m’ont permis de donner naissance à mon entreprise.
Fan de yoga et de méditation, avez-vous le projet
de lancer un espace dédié?
C’est mon rêve. Ouvrir en Sicile un centre de
retraite pour se remettre d’aplomb et retrouver son
harmonie. Alors s’il vous plaît, achetez beaucoup de
La DoubleJ afin que nous puissions y arriver!
Votre carlin ne vous quitte jamais, comment
s’appel le -t-i l?
C’est une fille, elle s’appelle Pepper. Elle m’accom-
pagne tous les jours au bureau et voyage également
à mes côtés. Elle s’est rendue à Paris pour la fashion
week. C’est le chien le plus affectueux que j’ai jamais
rencontré.

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L’OF F IC I E L LE MONDE DE...


“Notre concept est le style de vie à l’italienne : comment


les Italiens mangent, s’habillent, se divertissent...”
J.J. Martin

Page de droite,
J.J. en top et pantalon
La DoubleJ.
StylismeLucia Turegano :
GroomingFrancesco :
Mammone
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