omme tous les matins, Solène contemple la guirlande
de fleurs que le soleil projette en ombres chinoises sur les
murs de sa chambre, à travers les persiennes sculptées en
aluminium. Au-delà de ce claustra, la mer... Elle est le person-
nage principal des lieux : où que l’on se trouve, on ne voit
qu’elle. Pour elle, la maison s’est dématérialisée, optant pour
des parois en verre qui encadrent cette vue époustouflante
pour en faire un tableau. En Parisiens affairés, Maxime et
Solène viennent depuis des années se ressourcer dans cet écrin
de verdure préservé qu’est Saint-Jean-Cap-Ferrat. Ils disent “oui”
sans hésiter à une vieille bâtisse construite sur un terrain
difficile, étroit et en pente, mais face à la mer. Guidé par Solène,
très investie dans le projet, l’architecte Pascal Goujon va trans-
former ces difficultés en opportunités. Il détruit l’existant, et
recompose un bâti en couches successives, comme une cascade
de plateformes sur trois niveaux qui mènent à la Méditerranée.
Depuis le jardin, lui aussi travaillé en terrasses, on ne discerne
que la pièce à vivre, les chambres orientées mer étant en
contrebas, construites sur un premier niveau qui abrite le
garage. À l’intérieur, rien ne doit obstruer la vue. L’escalier et
l’ascenseur, tout en verre, s’effacent. Le sol en granit de la
terrasse s’invite dans le salon, abolissant les frontières entre
dedans et dehors. Il est adouci par une bibliothèque en bois
qui apporte de la chaleur à la pièce. Le mobilier, réduit au
minimum, s’amuse à juxtaposer des objets éclectiques, comme
un collage aléatoire : deux fauteuils bleus de Marco Zanini, des
tables basses multicolores signées India Mahdavi, une chaise
au piétement doré finement sculpté de Fernando et Humberto
Campana, une lampe-chien jaune d’Hubert Le Gall... Dans les
chambres, les tonalités claires invitent à la rêverie. Un univers
onirique, pour un été en pente douce.
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