CYCLISME MAGAZINE N°6 - 63F
ils de l’ancien cycliste Alexei Sivakov et
d’Aleksandra Koliaseva qui fut elle aussi
cycliste, Pavel Sivakov est encore un dia-
mant brut. L’équipe Sky (désormais Ineos) n’a
néanmoins pas manqué l’occasion de
faire signer cet excellent grimpeur dès
- Avant ce transfert, ce coureur
d’origine russe, mais né dans la pro-
vince de Vénétie un 11 juillet 1997, a
souvent écoeuré la concurrence.
Impressionnant vainqueur du Baby
Giro, ce grand gaillard (1m88) a le
plus souvent laminé ses adversaires en
U23. Et même avant au sein de
l’Intégrale Bicycle Club Isle Jourdain
Junior. Thierry Bedard, manager de
l’équipe Culture velo Racing Team
U19, se souvient : “Je l’avais rencontré fin - Dès les cadets, il écrasait tout sur la
route et en piste. On lui avait proposé un pro-
gramme assez étoffé. Cela l’intéressait et prou-
vait déjà son envie et sa maturité. A 16 ans, il
avait déjà des objectifs précis. Il a commencé
avec nous en 2015. Sa première année en junior
n’avait pas été si évidente. Pavel est quelqu’un
de méfiant de nature. Il avait besoin d’un peu
de temps pour s’adapter. J’ai de suite remarqué
son côté sérieux dans son engagement même à
l’entraînement. On sentait déjà en lui le patron,
le capitaine de route qui pouvait prendre des
décisions.”
“IL PRÉPARAIT
LUI-MÊME SON VÉLO”“Lors de sa deuxième année junior, il a vrai-
ment explosé. Je me souviens en particulier
d’une de ses courses sur la Flèche ardèchoise.
Le dimanche matin, celui qui gagne avait été
tracté par son directeur sportif (sic). Pavel
avait malgré tout fini 2ème à 10 secondes. Pa-
vel me dit : “On va aller gagner quand même”.
L’après-midi, il a fait un festival. C’est quel-
qu’un de déterminé, mais aussi une personne
qui a des valeurs fortes autour de la famille. La
confiance est un moteur puissant chez lui aussi.
Quand il l’est, il est capable de tout”. Son
ancien directeur sportif se souvient d’une autre
anecdote : “On sensibilise beaucoup les jeunes
et souvent sur la bonne tenue de leur matériel.
A cet âge-là, les gamins ne le font pas forcé-
ment. Pavel, lui, prouvait déjà le contraire. On
avait pourtant un mécano, mais Pavel s’occu-
pait lui-même de son vélo. C’était important à
ses yeux de maîtriser ce qui lui appartenait.
C’était sa manière de se placer déjà dans sa
bulle. Il reste notre référence car il avait déjà
une maturité exceptionnelle, que ce soit dans la
vie sportive ou au quotidien. Je savais qu’il
irait loin”.Quand on demande à Thierry Be-
dard pourquoi, avec ses origines, Sivakov ne
s’est pas engagé avec l’équipe Astana, il ex-
plique que,“à l’époque, on avait un contact qui
nous permettait de le faire rentrer chez BMC.
Pavel est franco-russe. Il a même la nationalité
française depuis environ un an. Rentrer dans
une équipe russe ne faisait pas partie de sa phi-
losophie et de son projet. Axeon et BMC étaient
dessus. En ces temps-la, la Sky n’avait pas d’é-
quipe intermédiaire dans sa catégorie. L’en-
vironnement le plus adapté pour lui était doncla BMC. Les résultats n’ont pas tardé à arriver
avec en particulier sa superbe victoire sur le
Baby Giro”.Cette année, le coureur d’Ineos
pour son premier Giro chez les grands a fini
dans le top 10 (9ème), juste après avoir rem-
porté le Tour des Alpes. Où s’arrêtera-t-il? “Je
l’ai vu récemment. Il se sent de mieux en mieux
dans son équipe. Il a de gros objectifs. Sa mar-
ge de progression est énorme. Il a changé d’en-
traîneur (Tim Kerrison) depuis cette année. Je
sens qu’il voudrait être sur le Tour de France
l’an prochain. Sur les stages, il m’a avoué qu’il
était proche de Froome. Pavel regarde beau-
coup ce que Froomey fait et c’est quelqu’un de
très observateur. Vu sa rigueur, sa discipline et
sa motivation, je le vois aller loin.”.Une équipe
comme Ineos n’a pas mis le grappin sur un tel
élément sans raison.J-M.A.SIVAKOV
Le protégé de Froome
TRÈS JEUNE, LE COUREUR
D’INEOS PAVEL SIVAKOV (22
ANS), 9ÈME DU DERNIER TOUR
D’ITALIE, ÉTAIT PROGRAMMÉ
POUR DEVENIR UN CHAMPION.
ET TOUT A COMMENCÉ À
L’INTÉGRALE BICYCLE CLUB
L’ISLE-JOURDAIN POUR LE
FRANCO-RUSSE.Ineos ne s’est pas trompée
en misant sur le Franco-
russe.Sa 1ère équipe
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