Afrique Magazine N°395-396 – Août-Septembre 2019

(Marcin) #1
AFRIQUE MAGAZINE I 395-396 – AOÛT-SEPTEMBRE 2019 23

C’EST COMMENT?


C’est vrai, en Afrique, les animaux, on s’en bat un peu les bretelles...
On a assez de soucis majeurs à gérer sur des terres arides, où manger chaque jour, se
soigner, trouver un travail et des sous occupe 100 % du cerveau. On doit se battre contre
les crises économiques, le terrorisme, la mal gouvernance, l’injustice, l’absence d’in-
frastructures, d’eau, d’électricité, et j’en passe. Mais en cette période de villégiature, où
certains d’entre vous (surtout des touristes, oui, on sait...) auront peut-être envie de choisir
une réserve animale à visiter ou un parc naturel, plein de nouvelles positives (eh oui, ça
change !) sont à signaler.
Les effets du programme efficace du Gabon pour la préservation de sa nature
et de sa faune commencent à se sentir concrètement. Les éléphants des forêts batifolent
dans le parc national d’Ivindo et sa nature vierge, et peu à peu, la courbe du braconnage,
plutôt en violente hausse il y a une dizaine d’années, com-
mence à s’inverser. La protection des océans porte aussi
ses fruits, et les baleines sont en paix du côté de Loango.
Au Mozambique, la première année sans tuerie
d’éléphants vient de s’écouler, là où 5 000 d’entre eux
avaient été abattus pour leurs défenses en ivoire au cours
des dix dernières années, à l’époque où de tels actes
n’étaient même pas considérés comme un délit par la loi.
Il semble que la politique pionnière du Rwanda
en matière de protection de la faune ait fait des petits
ailleurs. Ses gorilles à dos argentés, superstars des mon-
tagnes, sont ici dans un paradis depuis pas mal de
temps. Aller à leur rencontre génère d’énormes revenus
pour le pays, qui vient d’augmenter le prix de la visite,
passant de 750 dollars à 1 500 dollars. Résultat, les grands
singes et leur famille, y compris leurs cousins qui affluent
de la RD Congo voisine, où ils sont encore massacrés pour
que leurs mains finissent en cendriers, rapportent quand
même 440 millions de dollars par an à l’État.
Pour comparaison, la Tanzanie, plus au sud, championne toutes catégories du
safari-photo animalier, engrange 2 milliards de dollars par an grâce à sa richesse zoolo-
gique. Dans tous ces pays, le braconnage a cessé depuis longtemps, grâce à une volonté
politique affichée.
Ailleurs, au fil des programmes de développement durable, de tel projet vert ou
bleu, de préservation de l’écosystème ou de la biodiversité, les animaux sauvages voient
peu à peu leurs conditions de vie s’améliorer. Et c’est cool. Ce qui est cool aussi, c’est qu’au-
delà de la préservation de la nature, indispensable pour le bien-être de l’homme dans les
années à venir, les parcs et réserves naturelles, lorsqu’ils sont parfaitement entretenus et
gérés, attirent des devises. Donc, pendant ces vacances, pour les Africains qui en prennent
et qui ont les moyens, profitez-en pour aller photographier un éléphant, un gorille ou même
un pangolin. Vous ferez fructifier votre précieux patrimoine. Celui dont vous pouvez être fier. ■

VIVE LES ANIMAUX!


PAR EMMANUELLE PONTIÉ

DOM

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