Afrique Magazine N°395-396 – Août-Septembre 2019

(Marcin) #1

POLITIQUE


L’État a réhabilité une partie
des grands bâtiments du Plateau,
à Abidjan, notamment
l’emblématique tour Postel 2001.

dans l’année du soixantenaire de l’indépendance. Une élection
démocratique, transparente, populaire, axée sur les enjeux de
demain, qui marquerait une étape forte dans le processus de
modernisation politique, parallèle à l’émergence économique.
2020, ce n’est pas 2010-2011! La Côte d’Ivoire a évolué.
Elle s’est rajeunie, ouverte, modernisée, métissée. La formation
d’une classe moyenne, « petite » ou « bourgeoise », assure une
forme de stabilité. Les impératifs sécuritaires régionaux, l’im-
portance du poids économique du pays, son rôle central dans la
région feront que les partenaires internationaux seront particu-
lièrement soucieux du bon déroulement du processus. Enfin, il
y a un État fonctionnel. Et un président « fort », candidat ou non,
qui sera le garant du processus.

Un rappel


On peut déjà discuter du bilan de ces années ADO, sou-
ligner les progrès et les manques. Un retour en arrière n’est
pas inutile pour mesurer le chemin parcouru. En 2010-2011, la
Côte d’Ivoire est exsangue, à genoux, elle sort de vingt ans de
stagnation économique, d’une quasi-guerre civile et d’une crise
électorale sanglante. Physiquement et politiquement, une pers-
pective de disruption est impérative. Les milices circulent dans
le pays, l’eau et l’électricité manquent, la capitale se délabre,
des routes sont livrées aux pillards, des provinces abandonnées
à elles-mêmes, l’administration n’est plus en place pour assurer
des services publics essentiels comme l’éducation nationale.
En un peu plus de huit ans (huit ans, c’est court...), la Côte
d’Ivoire a retrouvé une normalité et de l’ambition. Elle s’est réu-
nifiée. Elle s’est lancée dans un vaste programme d’infrastruc-
tures, bien engagée sur le chemin d’une croissance accélérée.
Si l’on prend un taux de croissance moyen de 8 % à 10 % par
an depuis 2011-2012, on peut estimer que la richesse nationale
globale du pays a plus que doublé. C’est l’un des 10 pays les plus
performants au monde en matière de croissance sur la période.
Ça se voit sur le terrain. Le monde extérieur, les bailleurs de
fonds et les investisseurs ont confiance. Elle est la locomotive
de l’Afrique de l’Ouest, et Abidjan s’impose comme une grande
porte d’entrée sur le continent. Tout n’est pas parfait. La dette
du passé est lourde. De nombreux citoyens ont le sentiment
d’être les laissés-pour-compte de l’émergence. Mais cette sortie
de l’abîme, cette reconstruction de la nation, ce retour de l’am-
bition, n’était pas acquis.
On parle peut-être un peu trop vite d’un second miracle, le
chemin est à confirmer, mais ce qui est sûr, c’est que l’on revient
de loin, de très loin.

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