ÉDOUARD CAUPEIL/PASCO.
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ZITA AU ZÉNITH
DANS « LA VIE SCOLAIRE », DE GRAND CORPS MALADE ET MEHDI IDIR,
ELLE EST LA CPE D’UN COLLÈGE « DIFFICILE ». L’ACTRICE HYPERACTIVE
DÉFEND AVEC FOUGUE SES ENGAGEMENTS. ON CROIT EN ELLE!
Une arrivée en coup de vent, un sourire éclatant, une
silhouette en jean, une casquette rose siglée « New
Yo rk ». L’ultra-sympathique Zita Hanrot, 29 ans, fait la bise et tutoie
d’emblée. Puis, avisant une connaissance, se penche au-dessus de la
table de café, en terrasse, pour l’embrasser. « Dans ce quartier du 3e
arrondissement, tout le monde se connaî t », explique - t - elle. Elle allume
sa première cigarette en avouant, décomplexée : « Je suis une énorme
fumeuse. » On a soudain envie de rembobiner le film. Hier, les jeunes
actrices recevaient les journalistes dans des palaces, vêtues de robes
de créateurs, chapeautées par leur agent et leur attaché de presse,
une certaine distance étant de mise. Lorsqu’elles parlaient de leur
métier, c’était souvent pour évoquer un « conte de fées »
Rien de tout cela chez la radieuse Zita, césar du meilleur espoir fémi -
nin en 2016 pour « Fatima », et qu’on pourra voir dès le 28 août dans
« La Vie scolaire », le nouveau film réalisé par Grand Corps Malade
et Mehdi Idir après leur émouvant « Patients » (2017). Au « conte de
fées », la Marseillaise, tête froide et pieds sur terre, préfère opposer
le mot « travail ». Un travail pour lequel elle a lutté en intégrant à
21 ans le Conservatoire d’art dramatique de Paris, après avoir pro-
posé au concours d’entrée un extrait de « Phèdre » et un poème de
l’auteur roumain Ghérasim Luca. Au lycée, pourtant, cette fille d’une
illustratrice et graphiste britannique d’origine jamaïcaine et d’un gra-
phiste rémois « faisait le strict minimum », obtenait à peine la moyenne
et avait même redoublé. Elle préférait « tenir salon » auprès de ses
copines ou bavarder avec les profs. Son bac L, elle l’obtiendra à
l’arrache. « Un hold-up », dira son père. Rien ne prédisposait donc
cette élève « pas bête, mais flemmarde » à tenir soudain la dragée
haute à des candidats gavés de Racine et de Corneille. Si ce n’est,
à 18 ans, un vrai choc, lorsqu’elle assiste à Marseille à une représen-
tation des « Éphémères », une pièce d’Ariane Mnouchkine. « Lorsque
PAR FLORENCE TRÉDEZ