Télérama Magazine N°3630 Du 10 Août 2019

(Nancy Kaufman) #1
139

Dimitrios


stefaniDis/Getty


ima


Ges | Jérôme Brezillon/tenD


ance floue |


stuDio Graphique


france


méDias


monDe/


anthony


terraDe


La case est bien rempLie


Avec Fabien Randrianarisoa, on n’oubliera rien pour des vacances réussies.


y
Cahier
de vacances
Lun à ven 10.53
France Info

qui nous font changer de station, voire


envisager d’entamer une détox des


médias tout info. Autant dire, donc,


que cette case avait les allures d’un bi­


zutage estival... Or, contre toute at­


tente, le chroniqueur de 24 ans, lau­


réat du prix Varenne en 2016, tire son


épingle du jeu. Quelles sont les re­


cettes de ce jeune magicien malgache?


Indéniablement, sa fraîcheur, son en­


train communicatif et un vrai talent


pour éviter les tics de langage des jour­


nalistes de l’information tous azimuts.


— Carole Lefrançois


| 2 mn.


Crème solaire, mas­


que et tuba, barbe­


cue, camping­car...


Ceci n’est pas une


liste griffonnée à la


hâte de ce qu’il faut prévoir pour les


vacances, mais les sujets abordés dans


la chronique quotidienne de France


Info Cahier de vacances. A l’origine de


cet inventaire à la Prévert, Fabien Ran­


drianarisoa, qui réussit le prodige d’at­


tirer l’attention de l’auditeur sur des


sujets réchauffés chaque été sur les an­


tennes nationales — ce genre de


thèmes franchement inintéressants


« comme de l’or qu’on doit passer


par le feu pour le faire briller »)


et à sa passion pour le football,


Alfred parvient à s’intégrer dans


un village, où il rêve d’ouvrir « un


bar, un magasin de vêtements ou


un orphelinat » pour « apporter à


la communauté ». Un portrait


sensible qui révèle ce qui se cache


derrière le mot « migrant ».


— Matilde Meslin


| Le dimanche, 21.10, à partir du 11 août.


4 × 20 mn.


La rencontre


Dans les pas D’alfreD


rfI


« Tout ce qu’on ne peut pas arracher


à un pauvre, c’est son rêve. » Alfred,


jeune Ivoirien de 22 ans, travaille


dur pour réaliser le sien : vivre


heureux, loin des troubles


politiques de son pays d’origine.


Installé dans un petit village du sud


de l’Italie, il raconte son parcours


de jeune immigré clandestin au


micro de Patricia Blettery dans la


série Dans les pas d’Alfred, sur RFI.


Parti seul d’Abidjan à 15 ans, le


jeune orphelin a traversé le Ghana,


le Mali, le Niger, l’Algérie, la Libye...


Tour à tour aidé par des inconnus


ou réduit en esclavage, celui qui se


rêvait pilote d’avion a tout fait pour


survivre. Grâce à son optimisme


inébranlable (pour parler de sa


migration chaotique, il dit que c’est Alfred vit toujours en Italie, où il s’est intégré.


Loin des habituels
marronniers de
l’été, une chronique
pleine d’esprit
et de fraîcheur.

Du 10 au 16 août


France, ils veulent maintenant recru­


ter dans les grandes écoles, pour avoir


des gens qui comprennent le fonction­


nement des ministères.


entre l’espion du monde réel


et l’espion de papier des fictions,


le fossé est-il grand?


P.V. : Dans les films, on voit souvent


des intrigues où l’information dé­


clenche immédiatement une réaction


en chaîne. En fait, ce n’est pas du tout


la réalité. Il était important, pour nous,


de montrer que les renseignements ne


sont pas tout­puissants. Dans les ser­


vices, on manipule des informations


qui ont des conséquences potentielle­


ment extrêmement élevées, mais on


ne prend aucune décision. On est seu­


lement le conseiller du prince. Tant


que le politique n’est pas intéressé, on


a beau avoir l’information, il ne se


passe rien, comme nous l’expliquent


deux ex­directeurs du MI6. C’est assez


touchant. En revanche, les assassinats


russes par empoisonnement sont as­


sez proches de certaines fictions.


Comme l’explique notre témoin, il y a


toute une mise en scène, c’est un jeu


permanent : plus les services sont


conscients de leur mythologie, plus ils


s’en servent. Ce sont des choses


construites.


P.G. : Les mythologies d’omnipo­


tence sont un super outil pour les ser­


vices. Par exemple, si vous êtes le Mos­


sad... tout le monde est persuadé que


vous avez des agents partout dans le


monde arabe. C’est un brouillard de


guerre absolument génial pour opérer.


Du pain bénit, quand vous voulez


monter une véritable opération.


Vous évoquez une dynamique


de communication à destination


du grand public enclenchée


par les renseignements.


est-ce une tendance générale?


P.G. : Oui. Ils publient des vidéos pour


recruter. Les services français et alle­


mands, par exemple, ont beaucoup de


mal à attirer de bons profils. Dans le


cyber­renseignement, le secteur privé


paye beaucoup plus.


P.V. : Et puis la vie de quelqu’un qui


manipule des informations confiden­


tielles est moyennement adaptée au


monde d’aujourd’hui. Quand on est


un fonctionnaire habilité, on est plus


contraint que le reste de la population.


Cela vous met à part. — Elise Racque


| Réalisation : Rafik Zénine. 9 × 60 mn.


Télérama 3630-3631 07 / 08 / 19
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