Télérama Magazine N°3630 Du 10 Août 2019

(Nancy Kaufman) #1
173

lundi 19


y 23.40 France 3 Documentaire


Abou Lagraa, la république des sens


y 20.50 Arte Film


Mais qui a tué Harry?


| Film d’Alfred Hitchcock (The Trouble With Harry, USA, 1955) | 100 mn. VM
| Avec Edmund Gwenn ( Albert Wiles), John Forsythe (Sam Marlowe),

Shirley MacLaine (Jennifer Rogers), Mildred Natwick (Ivy Gravely).


| GENRE : coMédIE NoIRE.

Un garçonnet découvre un cadavre. Bientôt, une jeune femme,


un peintre, un retraité s’arrêtent à leur tour devant le corps. Que
faire de l’encombrant défunt? Voici le film le plus singulier de
Hitchcock. Autour du défunt Harry, tous les personnages de
cette farce macabre font preuve d’une distanciation flegmatique
qui défie l’entendement! Pour une fois, Hitchcock se soucie
comme d’une guigne du sacro-saint suspense et s’amuse à ciseler
des situations et des dialogues typiquement british...
Dans ses entretiens avec Truffaut, Hitchcock définissait ainsi ce

film étrange : « C’est comme si je montrais un assassinat au bord d’un


ruisseau qui chante, et que je répandais une goutte de sang dans son

eau limpide. De ces contrastes naît un contrepoint, et peut-être même


une soudaine élévation des choses ordinaires de la vie. » Comme si,
derrière la partition enjouée de Bernard Herrmann et les plans sur

la campagne ensoleillée, de sourdes menaces pesaient sur ce coin


de nature trop joli pour être honnête. — Olivier de Bruyn
Rediffusion : 20/8 à 13.35.

y 20.50 France 5 Téléfilm

Nicolas Le Floch


Le cadavre anglais
| Série de téléfilms créée par Hugues Pagan, d’après Jean-François Parot
| Réalisation : Philippe Bérenger (1 et 2/2, saison 6, 11/12, France, 2014)
| 2 × 45 mn. Rediff. | Avec Jérôme Robart, Mathias Mlekuz, claire Nebout.
Un impatient Anglais tente de s’évader par une fenêtre de la pri-
son de Fort-l’Evêque. Le pauvre bougre s’écrase... et est achevé
à coups de couteau par un inconnu. Le meurtre, apparemment
isolé, de ce mystérieux prisonnier va mener Nicolas Le Floch, po-
licier du roi Louis XVI, sur la piste d’un vaste complot. A cela
s’ajoute la disparition d’une flûte royale, symbole de l’alliance
militaire entre l’Autriche et la France, sur fond de conflit avec
les Anglais. Et si tout était lié? Contrairement à son souverain,
Le Floch en mettrait bien sa tête à couper.
Trahisons, espionnage, cancans de (basse-)cour, les ingré-
dients habituels sont distillés avec rythme et panache. Ça pétille
et virevolte, y compris dans les dialogues, riches en jeux de mots
précieux et de sous-entendus grivois savoureux (les problèmes
de « flûte » du roi...). Malicieusement désuet et faussement guin-
dé, Nicolas Le Floch est un divertissement historique, drôle et
bien interprété, comme on aimerait en voir plus souvent sur le
service public. — Sébastien Mauge

Combatif et soucieux
de croiser les genres,
le chorégraphe
et sa compagnie,
La Baraka, au travail
dans une chapelle
de sa ville natale
en Ardèche.

|  documentaire de Fleur Albert (France, 2019).
Ecrit avec christophe Acker | 55 mn. Inédit.

C’est en homme de combats que se pré-


sente de prime abord le chorégraphe

Abou Lagraa. Attaché dans sa jeunesse,


nous dit-il, à convaincre son père de la
pertinence, pour un homme, de se consa-
crer à la danse ; faisant face aux a priori

homophobes des gamins du quartier ;


puis se dressant, devenu grand, contre

l’idée que son nom et ses origines algé-


riennes devraient le cantonner à la pra-
tique du hip-hop. Combatif et soucieux de
croiser les genres et les styles : ainsi appa-
raît-il dans ce documentaire, qui le
montre au travail avec des danseurs issus
de formations diverses, dans la chapelle
Sainte-Marie de sa ville natale — Annonay,
en Ardèche. Un édifice désacralisé où sa
compagnie (La Baraka) s’est installée voi-
là un an et demi. Alternant interviews
d’Abou Lagraa et scènes de répétition,

Fleur Albert compose un portrait dont la
construction pour le moins hésitante est
compensée par la qualité des propos te-
nus, et plus encore par la beauté des mo-
ments de danse. Le plaisir pris à filmer les
danseurs au travail y est si perceptible que
le documentaire parvient à nous faire
éprouver l’euphorie de la création, jusqu’à
cette scène, à la fin du film, où l’émotion
submerge une danseuse... et se transmet
au chorégraphe. — François Ekchajzer

Télérama 3630-3631 07 / 08 / 19
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