Cinéma
Perdrix
erwan Le duC
Un gendarme, une peste et une secte de naturistes révolutionnaires :
voilà une comédie romantique qui renouvelle le genre. Rafraîchissant.
Perdrix, aussi soudée que dysfonc-
tionnelle, je demande la mère (Fanny
Ardant), une veuve inconsolable qui
anime un courrier du cœur radiopho-
nique depuis son garage ; le frère, un
professeur de biologie passionné par
les lombrics (Nicolas Maury) ; et la
nièce (Patience Muchenbach), une
ado fugueuse qui rêve de devenir
championne de ping-pong. La bri-
gade de gendarmerie est au diapason,
avec ses pandores neurasthéniques,
plus occupés à philosopher qu’à ré-
soudre les enquêtes. Ajoutez le gag ré-
current (et hilarant) des opérations
commandos menées par une secte de
naturistes révolutionnaires, et l’ir-
ruption de soldats d’opérette qui re-
constituent avec autant de minutie
que de maladresse une bataille entre
nazis et résistants au cœur des Vosges,
et vous obtenez la comédie la plus ra-
fraîchissante de l’été.
— Samuel Douhaire
| France (1h39) | Scénario : E. Le Duc.
Avec Swann Arlaud, Maud Wyler,
Fanny Ardant, Nicolas Maury.
Sortie le 14 août.
n
Le capitaine Perdrix (drôle
de nom pour un gendarme !)
est un grand romantique qui
peine à exprimer ses sentiments. La
fantasque Juliette est cash jusqu’au
sans-gêne mais brise toute relation
dès qu’elle pourrait tomber amou-
reuse. Tout les oppose, donc, et pour-
tant ils sont faits l’un pour l’autre... Le
premier long métrage d’Erwan
Le Duc, journaliste au service des
sports du Monde passé à la réalisation,
s’appuie sur ce schéma ultra-clas-
sique, sinon éculé, de la comédie ro-
mantique. Mais avec une finesse
d’écriture, une habileté à mêler le bur-
lesque absurde et la mélancolie, et
une précision millimétrée de la mise
en scène qui renouvellent le genre.
Le duo Swann Arlaud-Maud Wyler,
lui délicat dans un registre tendre et
lunaire, elle délicieuse dans un rôle
d’adorable peste qu’aurait pu jouer
Françoise Dorléac, a un charme fou.
Mais le film doit aussi beaucoup aux
seconds rôles, une galerie de doux-
dingues attachants dignes de l’uni-
vers de Wes Anderson. Dans la famille
À NoS LEctEurS
Télérama n’a pas
été invité à la
projection de Dora
et la cité perdue,
de James Bobin.
(critique sur
télérama.fr)
Tout les oppose. Forcément, ça rapproche. Maud Wyler et Swann Arlaud.
nomades
oLivier CoussemaCq
,
A Tanger, Naïma, ouvrière
textile, élève seule ses trois
fils. Les deux aînés ont visé les
côtes espagnoles et un exil doré en
France, mais leur espoir a tourné au
drame. Naïma veut un autre destin
pour Hossein, 16 ans ; elle l’emmène
chez sa sœur, dans le sud du pays.
Après le personnage de Fatima de Phi-
lippe Faucon (2015), prête à tous les sa-
crifices pour l’éducation de ses filles en
France, voici une autre mère Courage :
Naïma. Malgré sa précarité, elle ne cède
pas à la résignation et devient nomade.
Le réalisateur, qui a passé une partie de
son enfance au pied de l’Atlas, revisite
sa mémoire sensorielle, tandis qu’il di-
rige des comédiens amateurs (les trois
frères) exceptionnels de vérité. Partir,
rester, revenir : Naïma ( Jalila Talemsi,
lumineuse et poignante) incarne ces
destins contrariés et ces forces
contraires dans une chronique sociale
sensible. — Emmanuelle Skyvington
| France (1h27) | Avec Jamil Idrissi, Jalila
talemsi, Assma el Hadrami.
Sortie le 7 août.
Télérama 3630-3631 07 / 08 / 19
AU CINÉMALE 14 AOÛT
UNE PLONGÉEAU CŒURDE
LA SAGALA PLUSEXPLOSIVE
DE L’HISTOIREDU CINÉMA
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